Primoz RoglicPrimoz Roglic | © Wikipedia Commons
Il est LE grand favori de ce Tour de France 2020. Déjà vainqueur incontestable de la Vuelta l’année dernière et 3e du Giro, il s’est de nouveau montré intraitable cet été. D’abord champion de Slovénie de la course en ligne, il a ensuite éteint son rival Egan Bernal sur le Tour de l’Ain, puis a tout simplement survolé les débats au Critérium du Dauphiné. Non-partant de la 5e étape pour préserver sa santé, cet abandon ne doit pas trahir sa prodigieuse forme actuelle. Epoustouflant contre-la-montre, impérial en montagne, Primoz Roglic possède tous les atouts pour faire entrer la Slovénie au palmarès des nations vainqueures de la Grande Boucle.
Surtout, l’ancien sauteur-à-skis pourra compter sur une équipe herculéenne pour l’accompagner tout au long des trois semaines, quelque soit le terrain, et ainsi lui éviter toute situation inconfortable. En effet, c’est une véritable armada qu’il aura à son service, à commencer par le vainqueur du Tour d’Italie 2017, Tom Dumoulin. Et si le forfait de Steven Kruijswijk lui ôte une carte majeure de son train, Sepp Kuss, George Bennett ou encore le vétéran Robert Gesink ont amplement prouvé sur ces premiers jours de courses que leur leader pouvait amplement compter sur eux, sans oublier l’épatant Wout Van Aert, inarrêtable en ce début de saison.
Alors que pourrait-il empêcher Primoz Roglic de revêtir le maillot jaune sur les Champs-Elysées ? La chute, bien sûr, ainsi que les autres aléas habituels du cyclisme, mais aussi un règlement sanitaire particulièrement strict, qui renverrait tous les Jumbo-Visma à la maison à partir de deux cas positifs dans la formation. Alors attention à la contamination…
Egan Bernal
Egan Bernal © Team Arkea-Samsic
Le tenant de titre sera à nouveau au départ de ce Tour 2020, avec l’idée tenace de ramener une nouvelle fois la tunique dorée en Colombie. Mais il aura fort à faire dans sa quête du doublé. En effet, si le natif de Bogota s’est montré régulier et performant depuis le début de saison, enlevant notamment le classement général et l’étape reine du Tour d’Occitanie, il s’est aussi cassé les dents lorsque le niveau de la concurrence montait d’un cran. Trop juste face aux sud-américains d’EF Pro Cycling en février sur son tour national, il s’est de nouveau montré impuissant cet été face à Primoz Roglic, incapable de le distancer. Et si le Team INEOS aligne de nouveau un collectif monstrueux au départ de Nice, au point de se passer de Christopher Froome et Gerraint Thomas, la formation britannique a montré ses limites face au train infernal des Jumbo-Visma. Les hommes de Dave Braidford seraient alors pris à leur propre piège ? Si oui, le manager britannique devra revoir ses plans tactiques, et le colombien, habitué aux stratégies bien huilées, aura peut-être à improviser pour déstabiliser son rival slovène. Et tenter ainsi de décrocher une septième maillot jaune consécutif pour son équipe.
Tadej PogacarTadej Pogacar | © Wikipedia Commons
Il n’a que 21 ans et il fait déjà figure de cador. Il faut dire que son ascension est toute aussi fulgurante qu’épatante. Meilleur jeune du Tour de Slovénie en 2017, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2018, détenteur de 3 étapes et d’un podium sur la Vuelta 2019, le slovène a déjà le Tour dans son viseur. Et tout comme son compatriote Primoz Roglic, le coureur de la formation émirati UAE sait aussi bien rouler que grimper, si bien qu’il s’est payé le scalp de son aîné sur son championnat national de contre-la-montre en juin dernier. Aérien sur le Tour de Valence en début de saison, il s’est ensuite montré plus discret sur les Strade Bianche et Milan San Remo, avant de refaire des siennes lors de l’ultime étape du Critérium du Dauphiné, dont il fut l’un des grands animateurs. Quatrième au classement général final de l’épreuve française, le slovène y a poursuivi sa longue montée en puissance tournée vers le Tour. Et s’il pourrait s’avérer un peu juste lors des premiers jours, attention à lui lors de la dantesque troisième semaine : avec sa fougue, son panache et son talent, Tadej Pogacar peut tout faire exploser.
Nairo QuintanaNairo Quintana| © Team Arkea-Samsic
« Libérée, Délivrée », proclame la fameuse chanson. Et si elle compose la bande originale du film d’animation La Reine des Neiges, elle pourrait tout aussi bien être à l’effigie de Nairo Quintana. Longtemps miné chez Movistar par des guerres d’egos chez les leaders, prisonnier de stratégies floues à trois têtes, empêtré dans un collectif à la loyauté douteuse, « Nairoman » a enfin trouvé son bonheur en Bretagne. Meneur incontestable et incontesté des hommes d’Emmanuel Hubert, avec à son service Warren Barguil comme lieutenant de luxe, le trentenaire n’a jamais paru aussi fort. Auteur d’une époustouflante entame de saison, enlevant successivement le Tour de la Provence, le Tour des Alpes-Maritimes et du Var ainsi que l’étape reine de Paris-Nice, le colombien a retrouvé ses jambes d’antan, celles qui avaient fait de lui le principal adversaire de Chris Froome sur la Grande Boucle, au terme de trois années compliquées. Effectivement, si le natif de Combita s’était imposé au classement général du Tour d’Italie 2014 puis de la Vuelta 2016, ses récentes victoires d’étapes sur le Tour ne faisaient figure que de lots de consolation face à des quêtes de titre ratées.
Alors, avant que Remco Evenepoel ne fasse son entrée dans la Ronde de Juillet, 2020 est peut-être l’année ou jamais pour Nairo Quintana, même si l’interruption de la saison semble avoir nuit quelque peu à sa forme d’hiver. En retrait sur le Mont-Ventoux Dénivelé Challenge puis le Tour de l’Ain, il a conclu d’une piètre manière son Critérium du Dauphiné, abandonnant au cours de la 5e étape après s’être fait précocement lâché. Les premiers cols provençaux devraient apporter des réponses à ces points d’interrogation, et ainsi récompenser ou sanctionner les choix d’Emmanuel Hubert.
Daniel Felipe MartinezDaniel Felipe Martinez | © Wikipedia Commons
Il est l’invité surprise de ce Top 5. Relativement méconnu du grand public, sans références sur les Grands Tours, il est pourtant le vainqueur du récent Critérium du Dauphiné, au plateau particulièrement relevé. Deuxième du Tour de Colombie en début de saison, il avait déjà fait parler de lui l’an passé en remportant, au sommet du col de Turini, la 7e étape de Paris-Nice. Grimpeur averti, le colombien excelle également contre-la-montre, en étant d’ailleurs depuis deux ans le champion national de la discipline. Plutôt suiveur et régulier, le coureur d’EF Pro Cycling sait économiser ses forces pour accompagner les meilleurs jusqu’au sommet. Et quand il s’agit d’attaquer, le natif de Soacha a pour coutume de se montrer tranchant, laissant notamment sur place Thibaut Pinot au plus fort des pourcentages de la côte de Domancy. Jouissant d’une équipe forte et rodée, s’appuyant sur des hommes d’expérience et des leaders d’antan, à l’instar de Rigoberto Uran ou Tejay Van Garderen, Daniel Felipe Martinez pourrait profiter d’éventuelles défaillances chez les cadors pour s’inviter à la surprise générale sur la première marche du podium aux Champs-Elysées. Alors gardez un œil sur lui…
Par Jean-Guillaume Langrognet