On n’osait pas (ou plus) en rêver et ils l’ont fait. Dix-sept ans que l’on attendait un Français sur le podium et voilà que pour la 101ème édition, deux d’entre eux se retrouvent sur la boîte. Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) et Thibaut Pinot (FDJ), sans oublier Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), 6ème, ont été en juillet dernier les fers de lance d’un cyclisme français retrouvé. En 2015, le plus dur commence : confirmer les espérances engendrées par la dernière édition où, ne le nions pas sans remettre en cause leurs performances, le trio a pu bénéficier de circonstances favorables avec les abandons successifs. Avec Alberto Contador, Chris Froome, Vincenzo Nibali et Nairo Quintana, qui se présentent au départ du Tour cette année, la tâche ne s’annonce pas facile pour les tricolores, trente ans après la dernière victoire française au général.
Quand Bernard Hinault trônait sur le podium parisien, ni Thibaut Pinot ni Romain Bardet n’étaient nés. Si l’on ne doit retenir que deux noms pour succéder au Blaireau, ce sont les leurs. D’une part parce que ce sont eux qui offrent le plus de garanties au vu de leur palmarès cette saison. Resté au pied du podium de Tirreno-Adriatico, du Tour de Romandie et du Tour de Suisse, le Franc-Comtois a parfaitement géré son début d’année, qui plus est en levant les bras à deux reprises. Le Maillot Blanc de la dernière édition a redoublé d’efforts pour atteindre son objectif et n’a plus rien à envier aux cadors. Même chose pour l’Auvergnat qui possède un mental d’acier et un comportement offensif qui l’ont amené à prendre rendez-vous pour l’étape de Pra Loup sur le dernier Critérium du Dauphiné qu’il a bouclé à la 6ème place. D’autre part, parce que, à 25 et 24 ans, il possèdent une belle marge de progression et représentent l’avenir du cyclisme tricolore.
Les choses semblent un peu plus compliquées pour Jean-Christophe Péraud dont la condition ne semble pas être la même que celle de l’an dernier. Très sollicité cet hiver, trop peut-être, le Toulousain basé à Lyon a également été gêné par une série de pépins physiques qui ont perturbé sa préparation. Sa victoire au Critérium International n’a pas suffi à le remettre d’aplomb et l’ancien vététiste s’est fait très discret ces derniers mois. Son abandon sur le Championnat de France du chrono où il était déjà très loin au premier pointage intermédiaire ne l’aidera pas à se rassurer avant le rendez-vous d’Utecht samedi.
Les performances de Bardet, Péraud et Pinot ont été tellement éblouissantes qu’elles ont éclipsé la prestation globale des tricolores l’an dernier. 11ème de la dernière édition, Pierre Rolland (Team Europcar) sera sans doute inspiré par les deux dernières arrivées au sommet à la Toussuire et l’Alpe d’Huez où il s’était imposé en 2012 et 2011 et aura Romain Sicard à ses côtés. 16ème l’an dernier, Brice Feillu repart en quête d’un bon classement général même si Bretagne-Séché Environnement compte visiblement plus sur Eduardo Sepulveda.
Dans la chasse aux étapes, il faudra aussi compter sur Tony Gallopin (Lotto-Soudal), maillot jaune éphémère et lauréat à Oyonnax en 2014. Certaines étapes comme celle de Huy, de Mûr de Bretagne ou de Mende conviennent parfaitement à son profil. Pour ses débuts sur la Grande Boucle, Warren Barguil (Giant-Alpecin) semble avoir abandonné l’objectif d’un bon classement général au profit des victoires d’étapes. La Vuelta 2013, son premier Grand Tour, a bien montré que le Breton était redoutable dans ce domaine en franchissant la ligne le premier Castelldefels puis à Sallent de Gallego. Avec autant d’étapes de montagne, le lauréat du Tour de l’Avenir 2012 a sans doute déjà quelques idées derrière la tête pour s’inviter à la fête que ses compatriotes ont initiée.