Jean-Pascal Roux, c’est Monsieur Ventoux ! Ce Géant de Provence il le connaît par cœur et l’a monté des dizaines, pour ne pas dire des centaines de fois. Il a même réalisé l’exploit de le grimper onze fois en l’espace de 24 heures, à chaque fois par le versant le plus difficile de Bedoin. C’était en 2006 et le record tient toujours. Pour celui-ci, il était allé au bout de lui-même en arpentant les routes du Mont Chauve balayées par le vent dans la nuit. Alors ce Vauclusien, membre fidèle du Team Scott-Vélo 101 depuis sa création, sait mieux que quiconque ce qu’exige la montée du Ventoux. Il nous livre son avis, sa connaissance des lieux et son pronostic pour la quinzième étape du 100ème Tour de France qui se déroulera le 14 juillet prochain.
Jean-Pascal, toi qui connais bien le Ventoux, penses-tu qu’un homme de l’échappée peut remporter l’étape le 14 juillet ?
On dit jamais deux sans trois mais cela m’étonnerait. La victoire au Ventoux est tout de même très prestigieuse. Sur un CV c’est quelque chose ! Ce ne sera pas la dernière étape où tout sera joué. Ils rentreront à peine dans les Alpes. Les écarts ne seront pas trop importants. Je pense que l’équipe du leader va se débrouiller pour cadenasser la course et je pense que ce sera une course de côte de Bédoin au sommet. J’imagine que les leaders s’expliqueront dans les derniers kilomètres. Si l’on repense à la victoire donnée par Armstrong à Pantani en 2000, on se dit que le Ventoux mériterait des explications plus franches, plus viriles où le meilleur gagne.
Selon toi une victoire française est-elle exclue ?
Je ne sais pas quelles seront les forces en présence. On ne sait jamais, on peut toujours rêver. Les Français se rapprochent du plus haut niveau, mais de là à gagner au sommet du Ventoux… Je pense que c’est encore un peu tôt.
Où vois-tu la course se décanter ?
Avant le virage de Saint-Estève, les équipiers vont jeter leurs dernières forces pour placer leur leader dans les meilleures positions. Il est hors de question de tenter quoi que ce soit avant Saint-Estève. Après, certains vont s’écarter et la course réelle va commencer. Mais je ne pense pas qu’il faille démarrer à cet endroit-là, car tout le monde est à peu près frais et on ne peut pas faire la différence. Je pense qu’il faut être le dernier à démarrer et laisser passer les premières escarmouches. Mais bien sûr on ne peut pas savoir qu’on sera le dernier ! On pense toujours qu’on ira au bout.
Quelle influence pourront avoir les conditions météo, le soleil et le vent ?
Si c’est un mistral dominant, ils feront Givors-Bédoin à 44 km/h de moyenne. Mais ils peuvent avoir le vent de face pendant toute la descente de la vallée du Rhône. Ce qui est sûr, c’est que s’il n’y a pas trop de vent, il faudra prendre le paramètre de la chaleur en compte. La hiérarchie peut être différente selon qu’il fasse 10° ou 30°. Le jour de repos du lendemain peut-être un paramètre de plus pour avoir une course un peu débridée. On va peut être tenter des choses que l’on n’aurait pas faites s’il y avait deux étapes difficiles derrière.
As-tu un favori ?
On pense bien sûr aux leaders du Team Sky. Contador pourrait être le petit grain de sable dans la belle machine Sky. C’est lui qui a le plus de qualités pour les faire chuter. On peut aussi espérer que les Français comme Thibaut Pinot (FDJ) accompagnent les meilleurs le plus loin possible.