Après une édition où il avait disparu des écrans, le contre-la-montre par équipes revient sur la Grande Boucle. Proposés directement après les trois étapes corses, les 25 kilomètres du parcours sont dessinés autour de Nice et prennent la forme d’un aller-retour. Les équipes devront donc garder quelques réserves au cours des trois premiers jours de course sur l’île de beauté, pour prendre dans les meilleures conditions le départ de cet exercice si spécifique. Comme souvent sur le Tour, il s’adresse à des équipes spécialistes de l’effort et qui possèdent en leur sein de très gros moteurs. Globalement plat, le parcours ne présente pratiquement pas de dénivellation. Les routes escarpées de l’arrière-pays sont soigneusement évitées. Le contre-la-montre par équipes se déroulera donc à vitesse grand V. La puissance, la force athlétique, la cohésion devraient faire la différence. Entre les meilleures formations, l’écart sera minime et le gain de l’étape devrait se jouer à quelques secondes, voire à quelques dixièmes de secondes.
Le départ sera donné de la place Masséna. Les coureurs quitteront très vite le centre de la ville par des routes peu piégeuses. Le bord de mer est rejoint rapidement avec la célèbre Promenade des Anglais. Les coureurs prendront ensuite la route de Grenoble et de Digne-les-Bains. Là encore, le tracé ne présente aucun piège malgré quelques virages à 90 degrés. Sur le tracé, Christian Prudhomme a choisi de rendre hommage au football. Les coureurs passeront ainsi devant le futur stade de l’OGC Nice, l’Allianz Riviera qui accueillera les joutes de Ligue 1 à partir de l’an prochain en lieu et place du Stade du Ray. Côté culturel, ils passeront devant le Palais Nikaia, célèbre pour ses événements musicaux. Les coureurs replongeront ensuite vers le bord de mer pour rejoindre la Promenade des Anglais. Sur cette route limitée à 70 km/h pour les automobilistes, il y a à parier que plus d’une équipe sera flashée. Le traditionnel lieu d’arrivée de la « course au soleil » aura la chance de voir passer les équipes dans les deux sens. Là encore, l’image s’annonce déjà très belle : deux équipes en plein effort collectif se croisant sur la longue avenue avec la mer et les palmiers en toile de fond. L’arrivée sera jugée devant l’hôtel Albert Ier. Le lieu de départ et la ligne ne seront donc espacés que de quelques centaines de mètres.
La Promenade des Anglais n’aura sans doute jamais mieux porté son nom. Les équipes anglo-saxonnes, adeptes du contre-la-montre par équipes devront s’y donner à cœur à joie. À ce petit jeu, les Anglais du Team Sky pourraient se montrer les plus rapides. Attention néanmoins aux Américains de Garmin-Sharp qui ont remporté le dernier chrono par équipes sur le Tour aux Herbiers. Les BMC de John Lelangue, vice-champions du monde de la discipline aux Pays-Bas, seront aussi à surveiller. Surtout que le champion du monde de la course en ligne, Philippe Gilbert connaît bien la région. Nous l’avons d’ailleurs croisé lors de notre reconnaissance en compagnie de membres de l’équipe Astana et de Rein Taaramae. En or à Valkenburg, l’équipe Omega Pharma-Quick Step est à considérer comme un favori sérieux. La promenade des Anglais pourrait se transformer en Promenade de l’Anglais, Mark Cavendish, autour de qui l’équipe de Patrick Lefevere sera construite. Tony Martin, Sylvain Chavanel, Bert Grabsch voire les frères Velits et Frantisek Rabon trouveront un parcours parfaitement adapté à leurs caractéristiques. Enfin, pour connaître le vainqueur à Nice, il faudra peut-être se rendre dans l’autre hémisphère, chez les Australiens d’Orica-GreeEdge qui pourraient remporter la première étape de leur histoire sur le Tour de France.
Si les équipes anglo-saxonnes sont spécialistes de l’effort, on ne peut pas dire que ce soit le cas des équipes françaises. Depuis le Crédit Agricole, vainqueur du chrono par équipes du Tour 2001 à Bar-Le-Duc, les tricolores ont du mal sur ce type de rendez-vous. Première équipe française en 2011 ? La FDJ qui s’était classée 11ème. En 2009 à Montpellier, Ag2r avait terminé 9ème. Malgré tout, les écarts devraient être assez resserrés à Nice. En 2011, sur un parcours similaire, tant en topographie qu’en distance, la formation Euskaltel-Euskadi, bonne dernière, n’avait concédé qu’une minute vingt sur Garmin. Les équipes peu habituées ne devraient pas être trop pénalisées. Le chrono par équipes sera donc ce qu’il doit être : un exercice spectaculaire et télégénique pour les milliers de personnes au bord des routes ou devant leur écran, une étape nécessitant une concentration maximale pour les coureurs, et un moyen de mesurer l’osmose, la cohésion et la force collective de leur formation pour les directeurs sportifs et les managers. Pour la victoire finale en revanche, les écarts ne pourront pas être creusés entre les principaux favoris. Tout au plus, ce chrono mettra en lumière la force de frappe d’une équipe.
Dès demain, vous pourrez retrouver cette reconnaissance en vidéo sur Vélo 101.