Deux fois plus de plaisir pour les spectateurs, deux fois plus de souffrance pour les coureurs. Le 18 juillet prochain, ce ne sont pas 21 mais bien 42 virages mythiques qui attendent le peloton pour ce qui est déjà l’un des moments marquants de cette 100ème édition : la double escalade de l’Alpe d’Huez. Les plus sceptiques soutenaient que la chose était impossible pour le Tour de France quand les rumeurs se sont faites insistantes. La Grande Boucle ne s’arrêtera pourtant pas tout de suite dans la station, contrairement à ce qu’elle a l’habitude de faire depuis 1952 et redescendra sur Bourg d’Oisans via le col de Sarenne. Dans l’histoire, les vainqueurs de légende se sont succédé de Fausto Coppi jusqu’à Pierre Rolland, en passant par Bernard Hinault et Marco Pantani.
Cette ascension, les coureurs la connaissent bien. Mais les chemins pour se rendre à Bourg d’Oisans sont multiples. En 2013, le peloton s’élancera de Gap, déjà ville d’arrivée le lendemain de la deuxième journée de repos. Ce ne sera pas la seule similitude puisque le peloton grimpera en début d’étape le col de Manse, escaladé le mardi. Pour cette 18ème étape, l’ascension devrait servir de tremplin aux échappées. Le pied difficile permettra aux meilleurs escaladeurs de passer à l’offensive avant de creuser l’écart dans la deuxième partie du col, beaucoup plus roulante. En prenant la direction de Grenoble, le peloton retrouvera des routes larges et de bonne qualité.
Mise à part la Rampe du Motty, la première partie d’étape est assez roulante. Cette ascension assez particulière est extrêmement pentue dans ses premiers hectomètres avant de devenir moins difficile par la suite. Dans le territoire du Val Bonnet, les bords des routes sont très boisés et donc agréables pour les coureurs qui se dirigeront vers le deuxième col de la journée, celui d’Ornon. Plus difficile dans sa deuxième partie, après un pied plutôt roulant, le col d’Ornon ne devrait pas peser sur le déroulement de la course. Car au moment de passer au sommet à 1371 mètres d’altitude, il restera encore près de 80 kilomètres à couvrir, et surtout, quarante-deux virages.
Pour descendre sur Bourg d’Oisans, il faudra dévaler ce col d’Ornon. Dans ce sens, les routes sont beaucoup plus étroites, escarpées et techniques. En cas de beau temps, les parties ombragées permettront au coureur de respirer. Si la pluie s’invite, attention aux chutes ! La suite est beaucoup plus classique : une première entrée dans Bourg d’Oisans, un virage à gauche, et 21 virages à affronter pour 13,8 kilomètres d’ascension à 8,1% de moyenne. Les favoris ne devraient pas dévoiler leur jeu dans cette première ascension de l’Alpe pour tout réserver dans les 14 derniers kilomètres. En revanche, elle pourrait permettre aux échappés de la première heure de pouvoir profiter de l’ambiance survoltée. Attention à ne pas succomber à l’euphorie en oubliant de s’alimenter, car il restera encore de longs kilomètres. Avant de franchir la ligne d’arrivée, les coureurs bifurqueront sur leur droite pour entrer dans la station et aborder le col de Sarenne.
Le passage dans cet espace préservé a fait débat, mais il s’agissait là du seul moyen pour les organisateurs de programmer une double ascension de l’Alpe. Pour rejoindre le pied de cette difficulté, direction l’altiport avant une descente courte, mais technique. Ceux qui ont choisi le Dauphiné auront eu l’occasion de reconnaître ce col qui ne présente pas de gros pourcentages avec 3 kilomètres réguliers à 7,8% de moyenne. En revanche, les images promettent d’être belles ! Une fois que les coureurs auront frôlé la barre des 2000 mètres, ils replongeront vers Bourg d’Oisans. Là encore, il faudra être très attentif ! La descente du col de Sarenne est très étroite et peut permettre aux meilleurs pilotes de déclencher la bagarre plus tôt que prévu. On le répète, mais si la pluie s’invite, les chutes ne devraient pas épargner le peloton.
En passant le barrage de Chambon, le peloton retrouve les routes empruntées par l’étape Modane-l’Alpe d’Huez du Tour 2011, et ce jusqu’à Bourg d’Oisans. Il y aura alors vingt-et-un virages de plus à gravir. Vingt-et-un virages durant lesquels les favoris pourront s’en donner à cœur joie. L’échappée matinale pourrait franchir en tête les premiers kilomètres avant de laisser la place aux cadors qui voudront voir leur nom associé à l’un des virages. Il ne faut pas perdre de vue que la montée pourrait être également décisive pour le général. Il y aura cependant encore de quoi faire dans les jours qui suivront, et ce, jusqu’à la veille de l’arrivée avec la montée du Semnoz avant de rallier Paris.