Un jour toujours spécial : le 14 juillet. Un mythe à gravir : le Mont Ventoux. L’étape la plus longue de cette Grande Boucle : 242 kilomètres. Vous l’aurez compris, cette 15ème étape sera exceptionnelle à plus d’un titre. Qui dit étape exceptionnelle, dit dispositif exceptionnel. Pendant toute la semaine, Vélo 101 va vous réserver quelques surprises. Comme d’habitude, vous retrouverez demain la vidéo de la reconnaissance que nous avons effectuée, mais cette fois nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin…
Après être arrivé dans la ville des frères Lumière la veille, le peloton repartira de Givors en ce jour de fête nationale. Les coureurs eux devront se lever tôt, car 242 kilomètres les attendent. Si l’on quitte la ville des Gones, on ne quitte pas les bords du Rhône pour autant. Le tracé suit le long du fleuve pendant de longs kilomètres, vent favorable. On devrait donc rouler très vite au départ. D’autant plus vite que les routes de la rive droite du Rhône sont extrêmement planes sur les premiers kilomètres. Le fleuve sera traversé à Vienne qui marque l’entrée dans le département de l’Isère. C’est là que les coureurs rencontreront les premières difficultés. Si elles ne seront pas suffisamment difficiles pour qu’une première sélection s’opère, elles permettront au bon coup de fausser compagnie au peloton. Les places dans l’échappée seront très chères. Les coups de Richard Virenque en 2002 et de Juan-Manuel Garate en 2009 seront encore dans les têtes. C’est un gros paquet de baroudeurs qui devrait s’extraire pour faire ce long bout de chemin ensemble et arpenter les difficultés qui iront crescendo.
Sur toute la première partie d’étape, jusqu’à Crest, les routes sont relativement classiques. Souvent planes, parfois bosselées, elles permettront à l’échappée de creuser l’écart. C’est entre Vienne et Hauterives que les courageux prendront le large. Trois petites côtes sans grande difficulté permettront aux échappés de se dégager du peloton. Ils devront profiter de ces routes escarpées pour prendre de l’avance, car 67 kilomètres tout plats les attendent par la suite dans la vallée du Rhône. Si le mistral est au rendez-vous, ils auront le vent dans le dos et les kilomètres seront sans doute avalés à plus de 45 km/h.
L’entrée à Crest marque un tournant dans cette étape. C’est là où les vraies difficultés vont commencer. Si elles seront, bien entendu, moins redoutables que le Géant de Provence qui prendra un malin plaisir à faire souffrir les coureurs en fin d’étape, elles pourront peser dans les jambes. La première difficulté sera le col de Saou. L’ascension comprend de vrais lacets avec des parties ombragées agréables pour les coureurs comme pour les suiveurs. Ensuite, on s’attaque à des paysages plus typiques de la Drôme et le parcours emprunte une partie du tracé de la Corima Drôme Provençal, un des premiers grands rendez-vous des cyclosportifs fin mars.
La Grande Boucle va d’ailleurs emprunter à la cyclo organisée par Lillian Bernard et le Saint James Vélo-Club Montélimar l’une de ses difficultés : le col du Pertuis (7km à 5%). S’il n’y a rien de très difficile, les coureurs vont user des forces qui pourraient manquer pour jouer les premiers rôles dans la montée finale du Ventoux en cas de jour sans. Après Dieulefit la course entrera dans la Drôme Provençale. Les champs de lavande fleuris sur le bord de la route raviront les coureurs, mais aussi les téléspectateurs. Après quelques kilomètres de transition, le peloton arrive à Nyons, pays de l’olive. L’entrée dans le Vaucluse se fera quelques kilomètres avant de passer à Vaison-la-Romaine, ville départ de la prochaine étape et les esprits pourront se concentrer sur le Ventoux. Attention toutefois au col de La Madeleine non répertorié après Malaucène et qui grimpe à 448 mètres d’altitude. On est donc bien loin des 2000 mètres de son grand frère alpin. Les coureurs débouleront alors très vite sur Bédoin qui marque le pied de l’ascension mythique où se sont écrites une partie des plus belles pages de la Grande Boucle.
La course des favoris commencera à Bedoin et se résumera, comme souvent lors de l’escalade du Ventoux, à une course de côte. Pour le reste, l’étape se résume en trois questions. Un coureur de l’échappée matinale pourra-t-il aller au bout ? La bagarre entre les favoris sera-t-elle suffisamment intense pour que l’échappée soit reprise et que le vainqueur d’étape puisse imaginer prendre le maillot jaune ? Onze ans après Richard Virenque, un Français peut-il s’imposer au sommet du Géant de Provence, qui plus est le jour de la fête nationale ? Quoi qu’il arrive, on devrait avoir plus de spectacle qu’en 2009 ! Si l’idée de Christian Prudhomme de placer le Ventoux à la veille de l’arrivée était ambitieuse, elle n’a pas franchement répondu aux attentes. Les positions étaient déjà figées et le duel entre le bloc Astana et le bloc Saxo-Bank avait permis à Juan-Manuel Garate de tirer les marrons du feu. Pour cette 100ème édition, la situation sera différente. Le 14 juillet prochain, il restera encore une semaine (terrible) de course. L’étape est placée à la veille de la journée de repos, qui plus est sans transfert, et les favoris n’auront aucune raison d’hésiter à utiliser leurs cartouches. On devrait donc avoir droit, et c’est bien normal en ce jour de fête nationale, à un véritable feu d’artifice sur les routes du Mont Chauve. Rendez-vous demain pour la suite de notre reconnaissance en vidéo.