C’est dans des journées comme celle d’aujourd’hui que la fameuse réplique de Jamel Debbouze, alias Numérobis, dans la classique comédie française Astérix Mission Cléopâtre prend tout son sens. « C’est trop calme, j’aime pas trop beaucoup ça J’préfère quand c’est un peu trop plus moins calme. » déclare en effet le malheureux architecte, sans imaginer un seul instant que deux millénaires plus tard sa réplique siérait parfaitement à l’esprit des passionnés de cyclisme et addicts du Tour de France. Après connue une tentative de bordure surprise de la part des INEOS, prenant à court Thibaut Pinot et ses coéquipiers de la Groupama-FDJ, restés traîner au fond de la classe, c’est finalement dans les coulisses, une fois l’arrivée franchie, que cette étape a connue sa plus grande turbulence. Julian Alaphilippe est dépossédé du maillot jaune ! Après l’avoir brillamment endossé à Nice puis vaillamment résisté dans la montée d’Orcières-Merlette, le français voit ce soir sa précieuse tunique s’envoler sur les épaules d’Adam Yates. Or, le coureur de la Deceuninck Quick-Step a bel et bien terminé bien au chaud dans le peloton, franchissant la ligne dans le même temps que Wout Van Aert, vainqueur du jour. Respectueux de ses adversaires comme à son habitude, il n’est pas non plus exclu de la plus grande course cycliste du monde pour un vilain geste. Non, l’ignoble natif de Saint-Amand-Montrond est sanctionné de vingt secondes de pénalité pour un scandaleux ravitaillement à moins de vingt bornes de l’arrivée. Une décision qui a pour conséquence de le faire chuter de la première à la 16e place du classement général, relégué à 16 secondes du nouveau leader.Julian Alaphilippe dépossédé du maillot jaune à son arrivée. | © France TV
Autrement dit, Julian Alaphilippe est ici détroussé de son maillot chèrement acquis pour avoir eu l’insolence d’avoir soif. Selon le règlement, cette rétrogradation est en effet juste, mais l’est-elle d’un point de vue éthique ? Adam Yates est-il fier ce soir de récupérer la toison d’or d’une telle manière ? D’un côté, il apparaît clairement qu’il n’aurait pas été absurde du côté du staff de la Deceuninck Quick-Step de jeter un œil sur le règlement avant de s’élancer, sans quoi ils n’auraient peut-être pas eu la lumineuse idée de poster là un assistant prêt à enfreindre le texte. De l’autre, il appartient peut-être aussi au jury des commissaires de revoir leurs sentences prévues pour la transformer en une simple amende. En triathlon, un jet de bidon dans la nature est passible d’une mise hors course immédiate. Hier, Pavel Sivakov a simplement pris une insignifiante amende de 200 francs suisses (l’équivalent de 190 euros) pour avoir jeté un papier d’emballage hors d’une zone de collecte. Dégrader l’environnement n’est-il pas plus grave que de prendre un bidon ? On a légitimement le droit de se poser la question.
Quoi qu’il en soit, c’est après une longue et morne traversée de la Drôme Provençale, où le spectateur a eu amplement le temps d’admirer les splendides champs de lavande, les merveilleuses vignes ou les magnifiques oliveraies locaux, où même Romain Bardet a été surpris au bord du sommeil, où pas le moindre baroudeur n’a eu envie de faire la course, que la course s’est davantage jouée dans le paddock que sur la route du Tour. Et c’est d’ailleurs bien dommage que le principal évènement de la journée soit une pénalité… bidon.
Par Jean-Guillaume Langrognet