C’est une structure unique au monde dont bénéficie désormais le Tour de France. Un camion médicalisé équipé d’une radiographie et d’une échographie, ce qui permet de réaliser les premiers diagnostics lorsque le service médical du Tour suspecte auprès d’un coureur une fracture ou une petite hémorragie. Il y a deux ans et demi que ce camion jurassien de 10 mètres de long et 4 mètres de haut sillonne l’Europe pour apporter soutien et sécurité aux organisateurs de gros événements. Créé sur une idée de Louis Ramel, technicien en radiologie à la retraite, le Centre Médical Mobile a déjà prêté ses services à des événements comme l’Enduropale du Touquet, les Championnats du Monde de motocross ou la Coupe d’Europe de BMX. Sa présence sur le Tour répondait à une volonté du service médical, assuré par Mutuaide Assistance.
« Je travaille avec Mutuaide Assistance depuis plusieurs années, notamment sur le Dakar, raconte Louis Ramel. La société qui assure la prestation médicale du Tour de France pour la quatrième année m’a demandé de proposer ce service cette année. » A bord du camion de 16 tonnes et 270 chevaux qu’il manœuvre avec ses deux fils Cyril et Grégory, Louis Ramel a pris la route du Tour. « Nous sommes présents à l’arrivée et nous intervenons sous le contrôle du service médical de l’épreuve, précise le gérant du CMM. Nous sommes là pour faire un diagnostic voire des soins puisque le camion est parfaitement équipé. » Cinquante-quatre tiroirs renferment les accessoires nécessaires à la réalisation de tous les soins (résine, attelle…) et les médecins du Tour peuvent y procéder à une réduction de fracture ou de petites anesthésies.
Chaque jour, Louis Ramel et ses fils reçoivent un radiologue spécialiste en imagerie ostéo-articulaire (ils seront douze à se succéder pendant le Tour, lesquels sont supervisés par le docteur Denis Jacob). « Travailler dans un tel espace est un peu déroutant au départ, confie Antoine Ponsot, chef de clinique à Toulon. Mais on prend vite nos repères. En fait la seule difficulté pour nous, c’est que nous n’avons pas de manipulateur à nos côtés. Alors on fait les deux jobs, ce qu’on a appris à faire. » Les repères sont d’autant plus vite pris que le camion est aussi bien équipé qu’un centre hospitalier !
Il comprend deux salles principales, climatisées et isolés du bruit. La plus grande sert d’unité pour les soins avec deux lits électriques et une séparation par rideau mobile. Elle est équipée d’une échographie haut de gamme, mais aussi de matériel d’urgence et d’appareils de réanimation. La seconde est une salle de radiologie répondant aux normes des hôpitaux, isolée par quatre tonnes de plomb. « Nous sommes ainsi en mesure de diagnostiquer les petites traumatologies : fractures, saignements, hémorragies…, reprend Louis Ramel. Si c’est plus grave on peut diriger le coureur vers un hôpital où il réalisera un scanner pour confirmer le diagnostic. Nous avons d’ailleurs pour projet de concevoir un deuxième camion équipé d’un scanner pour 2014. »
Après une semaine de présence sur le Tour de France, le Centre Médical Mobile a déjà prouvé quel intérêt l’épreuve avait à se doter d’une telle prestation. Les coureurs accidentés samedi dernier vers Bastia ou encore mercredi vers Marseille ont pu passer une radio immédiatement après l’arrivée quand il leur aurait fallu attendre leur tour dans un hôpital, où leur statut de coureurs du Tour n’en fait évidemment pas des patients prioritaires. Un gain de temps et de fonctionnalité puisque les dossiers médicaux des coureurs accidentés suivent le Tour.
Reste pour le radiologue à s’adapter à une patientèle de sportifs de haut niveau, pour qui une fracture bénigne peut avoir de lourdes conséquences lorsqu’elle intervient en plein Tour. « Nous prenons cela en compte, admet le docteur Ponsot. Ce qui est le plus important, quel que soit le diagnostic, c’est qu’ils sachent ce qu’ils ont. C’est aussi notre rôle de radiologue que de rassurer le coureur. » Avec parfois une heureuse nouvelle, comme le souligne Louis Ramel : « en moto on a vu des blessés entrer dans le camion sur un brancard… et repartir sur leurs deux jambes. »