D’accord, à l’époque de la communication par email, SMS ou Internet, le courrier manuscrit est un peu passé de mode. N’empêche que sur le Tour de France, Docapost, filiale du groupe La Poste, s’attache année après année à pérenniser une tradition qui appartient au folklore du Tour de France depuis 1993. Chaque été, l’opération « Courrier du Cœur, Courrier du Coureur » permet aux supporters du monde entier d’écrire au coureur de leur choix. Par courrier à l’ancienne (Nom du coureur – Nom de l’équipe – Tour de France-Docapost – Code postal et ville-étape) en s’y prenant deux ou trois jours à l’avance ou par carte électronique, façon télégramme, sur www.docapost.com/tourdefrance. Sur le Tour, le bureau de poste itinérant est tenu par Sylvain Fourré et Jean-Marc Campana. Ce sont eux qui livrent le courrier aux coureurs.

« Les courriers déferlent de partout dans le monde : du Japon, de Nouvelle-Zélande, de Roumanie… Et il est étonnant de noter la réactivité des supporters, remarque Sylvain Fourré. L’an dernier personne n’avait envoyé le moindre message à Johnny Hoogerland. Mais après sa chute dans les barbelés, il a été inondé de courriers de soutien et a terminé dans notre Top 5. » Car Docapost tient chaque année un classement des coureurs les plus sollicités. Thomas Voeckler est arrivé en tête l’année passée avec 275 messages d’encouragement. On est loin de l’ère Virenque et des 850 lettres quotidiennes que recevait alors le Varois, mais les moyens de communication ont aussi bien changé.

Ce classement qui vient directement quantifier la popularité des coureurs du Tour a parfois fait l’objet d’un vrai… objectif. Et si ce n’est du coureur lui-même, au moins de son entourage. Ce fut le cas de Valérie Morin, l’épouse d’Anthony Morin, qui se mit en tête de porter son mari sur la plus haute marche de ce podium atypique dans les années 90. Mais les 30 cartes quotidiennes qu’elle lui envoya alors restèrent insuffisantes pour faire de l’ombre à Richard Virenque.

Depuis 2006, la possibilité d’envoyer un courrier virtuel via le site de Docapost a compensé la chute du flux de courrier papier. Ces messages virtuels sont imprimés par les facteurs du Tour et remis avec le reste aux bus des équipes parqués à l’arrivée de chaque étape ou lors de tournées à l’hôtel. C’est alors l’occasion pour les coureurs de prendre une bouffée d’oxygène. Après l’étape, les courriers sont attendus, épluchés… et font parfois l’objet de chamailleries entre coéquipiers si la lecture se fait devant toute l’assemblée. S’ils prennent rarement le temps et la peine de répondre eux-mêmes à leurs supporters, les coureurs concernés ne restent pas insensibles aux messages d’encouragement qu’ils reçoivent. Certains mettent parfois en place une structure, un fan-club, pour répondre à leurs supporters, comme le faisait Virenque par le passé.

Sur le Tour, ce sont 4000 courriers et colis qui transiteront ainsi par le camion Docapost. Du simple message d’encouragement à l’enveloppe décorée – il paraît que les supporters ne manquent pas d’imagination – au colis de linge propre à l’attention d’un suiveur, en passant par des services insolites comme l’acheminement d’un cadre Trek pour l’US Postal au début des années 2000… Un service bien rodé qui fête sa 20ème année de mise en place sur le Tour et permet de mettre directement en contact coureurs et supporters. C’est simple, facile, comme une lettre à la poste.