Peut-être, au cours des jours à venir, aurez-vous la veine d’obtenir des mains d’un coureur du Tour de France le dossard qui orne le bas de son maillot. Un trophée que les collectionneurs s’arrachent. Et pour cause : la pièce est rare. Durant le Tour, chaque coureur reçoit en tout et pour tout une cinquantaine de dossards, répartis entre les deux dossards quotidiens (changés chaque matin), les trois dossards uniques utilisés pour les contre-la-montre et, en cas, les dossards jaunes du classement par équipes et rouge du prix de la combativité.
Tous ces dossards, ce sont les graphistes-décorateurs d’ESP, la société francilienne basée à Meaux, en Seine-et-Marne, qui les confectionne depuis 1947. Ils sont préparés au cours des quarante-huit heures précédant le départ du Tour. Depuis le pont 7 du Mega Smeralda, le ferry qui héberge les opérations du Grand Départ, trois employés d’ESP se sont affairés ces deux derniers jours sur les numéros qui seront attribués pour trois semaines aux coureurs du Tour. A leur retour à Paris la semaine prochaine, ils suivront minutieusement les résultats de la course dans le but de fabriquer de nouveaux jeux de dossards distinctifs (cinq séries de dossards jaunes sont préparées en amont pour les leaders du classement par équipes), lesquels seront acheminés par navette.
Conçue en soie d’acétate, la pièce mesure 185×165 millimètres. Le dossard unique porté par les concurrents sur les épreuves chronométrées est quant à lui carré (200×200 mm), réalisé en Tyvek, une matière indéchirable, et non autocollant ! Une singularité qui le distingue donc du dossard traditionnel, devenu autocollant sur une idée d’Albert Bouvet, directeur des compétitions dans les années 80. « A l’époque, après la découverte du sida, il avait demandé à ESP de trouver une solution pour éviter l’utilisation des épingles qui servaient alors à accrocher les dossards », raconte Stéphane Gitton. L’autocollant s’est imposé de lui-même, bien que son efficacité soit aujourd’hui mise en doute par les nouvelles matières utilisées dans la confection des maillots. « Ils tiennent plus ou moins bien selon la matière, c’est pourquoi certains coureurs font toujours recours aux bonnes vieilles épingles », poursuit l’employé d’ESP.
Hier soir, le service sportif de la Grande Boucle a reçu toutes les séries de dossards, qu’il confiera aux équipes chaque matin après récapitulatif des différents classements. Une remise matinale qui ne laisse malheureusement plus beaucoup de temps aux coureurs les plus soigneux d’appliquer méticuleusement le tissu autocollant. En tout cas, il s’avère impossible pour un coureur de partir sans son numéro, même pour les plus distraits : aux jeux remis à chacune des vingt-deux formations s’ajoutent cinq jeux de secours disponibles au car-podium le matin et un jeu de 198 dossards présent dans la voiture de Laurent Bezault.
C’est l’un de ces dossards, le 101 dédicacé par Joaquim Rodriguez, que nous vous proposons de gagner en juillet en postant sur notre page Facebook votre plus belle photo du dossard 101 !