Les critériums d’après-Tour ont toujours été un grand moment de l’été pour tout passionné de la petite reine. Même si avec le temps et les difficultés économiques, le nombre de ces exhibitions s’est réduit, certains mordus poursuivent leurs efforts pour permettre au public d’acclamer les animateurs du mois de juillet. C’est le cas de la commune de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) qui, sous la houlette de Jean-Claude Larrecq, a organisé pour la huitième année le critérium éponyme lundi dernier.
Chaque édition, les mêmes bruits de couloir se diffusent dans les hôtels de Pau : qui viendra à Lacq ? En effet, c’est lors du passage du Tour de France que les tractations débutent pour attirer les stars du peloton. Et cette année les organisateurs ont frappé fort avec la venue de Chris Froome (Team Sky) ! Le Britannique a été convaincu par son équipier Nicolas Roche, un habitué des lieux. Le Maillot Jaune partage l’affiche avec les animateurs d’Ag2r La Mondiale Alexis Vuillermoz et Romain Bardet, vainqueurs à Mûr-de-Bretagne et à Saint-Jean-de-Maurienne. Venu tout droit de la Clasica San Sebastian, Warren Barguil (Giant-Alpecin) a aussi répondu à la demande des organisateurs. Les meilleurs amateurs du Sud-Ouest renforcent ce plateau de professionnels ; ils sont au nombre de seize et prennent un malin plaisir à prendre la roue des plus grands, voire à porter quelques attaques !
Mais un critérium ne se résume pas qu’à une liste d’engagés. Il y a toute une ambiance de fête qui monte à mesure que l’heure du départ approche. Dans ce village de 700 habitants, on s’affaire à dresser des bottes de paille et des barrières autour du circuit de 1,6 kilomètre pour accueillir 5000 spectateurs. Les accros du vélo savent que leur meilleure chance d’obtenir un autographe est de faire le pied de grue au parking du stade, à l’écart du tracé. La formule « de 7 à 77 ans » n’aura jamais été aussi appropriée ! Des personnes âgés qui refont le monde en comparant l’époque contemporaine à celle des Merckx et Ocaña jusqu’aux enfants des écoles de cyclisme scrutant les vitres teintées des voitures, tout ce petit monde attend avec fébrilité l’arrivée des coureurs. Certains arrivent en voiture personnelle, d’autres en convoi comme les Espagnols Haimar Zubeldia (Trek Factory Racing) et Imanol Erviti (Movistar Team).
Tous se prêtent au jeu des dédicaces avec entrain, à l’instar de Warren Barguil, l’un des chouchous du public à l’applaudimètre ! Le Breton troque ses sandales pour ses chaussures de vélo à l’arrière d’un break. On est bien loin du confort du bus avant une étape ! Près de lui, Alexis Vuillermoz loue « une atmosphère décontractée. Cela permet de passer plus de temps auprès du public, chose moins évidente lorsque la pression et les médias sont omniprésents comme sur le Tour ». Une vision que partage Chris Froome : « l’accueil est très chaleureux ! Je suis certes un peu fatigué après le Tour et quelques critériums à l’étranger, mais je vais essayer de montrer ma tunique à l’avant du peloton, et d’honorer ma présence ».
L’ambiance pesante du Tour de France semble oubliée pour le double vainqueur de la Grande Boucle, qui effectue quelques tours de roue avec les jeunes licenciés des clubs du coin et est touché par l’enthousiasme de ces gamins. Ces derniers n’ont d’yeux que pour la tunique jaune et l’aura qu’elle dégage ! Après cette parade, les concurrents s’élancent pour deux heures de show. Les petits plats ont été mis dans les grands, avec la possibilité de suivre l’épreuve sur écran géant au niveau de la ligne de départ/arrivée. Une innovation qui aura permis de ne pas perdre une miette des attaques des cadors dans la côte de Saint-Faust ! Dans ce raidard, le lieutenant de la Sky Nicolas Roche emmène avec lui son leader Froome à quelques encablures de la fin. La course sera tronquée d’un quart d’heure en raison d’un violent orage ; pas de quoi décourager Romain Bardet qui s’impose au sprint, pour le spectacle, au nez et à la barbe du Maillot Jaune !
La tradition des critériums mérite de perdurer, car elle permet aux spectateurs d’approcher les plus grands et ainsi de vivre des émotions rares. Et c’est une bonne manière pour les coureurs de surfer sur la vague du succès acquis au Tour de France. – Medhi Casaurang