Julian Alaphilippe : « Le parcours me plaît, c’est un beau tracé avec une première semaine qui s’annonce intéressante : chrono, bordure, pavés, arrivée pour puncheurs… »

Effectivement, le champion du monde trouve en cette entame de parcours son terrain de jeu idéal, jouant sur toutes les qualités qui l’ont hissé au sommet du cyclisme mondial. Hormis les étapes de montagne des grands massifs, si sa forme lui le permet, le natif de Saint-Amand-Montrond peut cocher de nombreuses journées de cette première semaine explosive. Ainsi, dès le retour en France, les monts du boulonnais seront loin d’être à son désavantage. Dans un final nerveux et sans répit sur la Côte d’Opale, il pourrait en effet tirer son épingle du jeu, en bon classicman.

Deux jours plus tard, le mur de Pluventeux et ses 800m à 12,3% de moyenne, placé à 6 kilomètres de l’arrivée de Longwy, devrait l’aider à se débarrasser des meilleurs sprinteurs, en vue de l’arrivée au sommet de la côte des religieuses (1,6km à 5,8%). Le français pourra alors y faire parler sa pointe de vitesse, face aux puncheurs subsistants.

Enfin, l’excursion du Tour en Suisse et son arrivée sur les hauteurs de Lausanne devraient également être à l’aise du natif du français, puisqu’il trouvera dans le final la côte du Stade Olympique (4,8km à 4,6% de moyenne), avec un passage à 12% situé juste sous la flamme rouge. L’endroit idéal pour placer une petite attaque…

En outre, en jouant sur la polyvalence de Julian Alaphilippe, cette première semaine pourrait bien finir par le voir ravir le jaune, tant il peut tenir les premiers rôles sur toutes les étapes. S’il n’a aucune chance de le remporter, le chrono inaugural ne devrait pas lui causer trop de débours. Et en qualité de membre de la Deceuninck Quick-Step, il n’a pas à craindre les bordures non plus, puisqu’il est probable que son équipe en soit à l’origine. Enfin, il a prouvé en 2019 qu’il pouvait rester avec les favoris jusqu’au sommet de la Super Planche des Belles Filles, évitant ainsi une plongée au classement général. Par conséquent, sur les routes européennes, la toison d’or sera tout à fait à la portée d’un Julian Alaphilippe des grands jours.

Julian Alaphilippe lors de la cérémonie de présentation du Tour 2022Julian Alaphilippe lors de la cérémonie de présentation du Tour 2022 | © Le Tour

Tadej Pogacar : « On a de tout : des sprints, de la montagne, du chrono mais aussi des bordures en prévision. Je vais devoir faire beaucoup de reconnaissances pour les appréhender au mieux »

Nouveau Tour, nouveau challenge pour le prodige slovène ! De nouveaux obstacles se lèveront dans sa quête d’un troisième titre sur la Grande Boucle, dans des domaines où ses capacités sont encore inconnues. Effectivement, la première semaine sera celle de tous les dangers pour le récent vainqueur du Tour de Lombardie. Dès le deuxième jour d’épreuve, il lui faudra échapper aux chutes et se démener pour rester dans les premières positions du peloton, afin de finir dans le bon côté des bordures. Le choix de quelques hommes spécialistes de l’exercice dans la sélection de sa formation paraît recommandé. Ceux-ci pourront d’ailleurs lui être à nouveau d’une aide salvatrice dans l’étape des pavés, revêtement sur lequel le natif de Komenda n’a aucune référence pour le moment. Adresse et force seront ainsi les clés pour éviter les pièges tendus par Thierry Gouvenou.

A l’inverse, la suite course l’avantagera très nettement. Les quatre grandes arrivées au sommet (Super Planche des Belles Filles, col du Granon, Alpe d’Huez et Hautacam) ont toutes en commun l’âpreté de la déclivité de leur pente moyenne. Toutes ces montées sont taillées pour de purs grimpeurs et devraient vraisemblablement plaire au jeune slovène. En coureur offensif, il pourra s’y creuser un matelas, convertible en maillot jaune sur les Champs, modulo une forme physique optimale.

Tadej Pogacar s'est offert une balade à vélo sur les Champs Elysées, jeudi dernierTadej Pogacar s’est offert une balade à vélo sur les Champs Elysées, jeudi dernier | © Tadej Pogacar

 

 

Guillaume Martin : « A chaud, c’est plutôt une impression positive. Il y aura évidemment des pièges et des parties qui seront moins à ma convenance. […]. Ensuite il y aura les étapes de montagne et quelques-unes pourraient me convenir. »

Pour le normand, cette 109e édition du Tour de France pourrait marquer un changement d’objectifs. Accoutumé au sillage du groupe des favoris dans la quête d’un top 10 au classement général, Guillaume Martin pourrait se muer en chasseur d’étapes, comme sa déclaration semble l’entendre. Celle-ci est d’ailleurs complétée par l’objectif fixé par Cédric Vasseur, manageur de la formation Cofidis, souhaitant avant tout voir ses coureurs « gagner sur les routes de la plus belle course du monde ». Ainsi, si la course au général aurait évidemment pointé vers les risques et périls de la première semaine pour le natif de Paris, l’hypothèse de la cueillette des bouquets renvoie plutôt vers le riche programme de montagne prévu par les organisateurs. Avec 5 arrivées en bosse aux termes d’étapes au dénivelé élevé, les favoris en laisseront forcément un peu aux échappés. Et à ce jeu, le 8e du dernier Tour pourrait bien faire parler ses qualités de pur grimpeur pour s’y distinguer. Mais pour cela, il faudra définitivement abandonner le général et s’accorder des journées dans le grupetto, afin de maximiser la récupération. Ses batailles quotidiennes pour garder le contact des meilleurs l’ont trop émoussé cet été.

Guillaume Martin à la présentation du Tour 2022Guillaume Martin à la présentation du Tour 2022 | © Le Tour

Mark Cavendish : « Il y a peu de chances pour les sprinteurs »

Mis à l’honneur en amont de la présentation du parcours 2022, Mark Cavendish n’a pas manqué de constater la réduction du nombre d’étapes promises aux sprinteurs. En proie à l’ennui, ces tracés ont effectivement été notamment remplacés par des parcours nerveux et dynamiques, où l’incertitude règne. Ainsi, pour les grosses cuisses, il faudra tout d’abord résister aux bordures ou aux pavés pour espérer lever les bras à Nyborg ou Arenberg. De même, deux semaines plus tard, les reliefs occitans additionnés à une fatigue conséquente pourraient bien empêcher le peloton de se jouer la victoire dans les rues de Cahors.

Ainsi, seules cinq étapes semblent réellement promises aux sprinteurs sur ce tracé. Seulement deux en premières semaines ! Elles se situeront toutes les deux au Danemark, à Nyborg et Sonderborg. Ensuite il faudra attendre d’avoir traversé les Vosges, le Jura et les Alpes pour que les « grosses cuisses » aient une nouvelle chance à Saint-Etienne, où un maillot vert pourra éventuellement lever les bras. Deux jours plus tard, l’arrivée de Carcassonne leur sera également favorable, avant la grande bataille des Pyrénées. Enfin, le traditionnel défilé parisien ne devrait pas manquer son sprint coutumier sur les Champs-Elysées. Cette raréfaction des étapes dites de « transition » rend donc la traversée du Danemark prépondérante dans la lutte pour le gain du classement par points.

Quant au Cav himself, il n’y a malheureusement que peu de chances de le voir prendre le départ de Copenhague et tenter de battre le record de victoires d’Eddy Merckx. Effectivement, Patrick Lefevere, manageur de la Deceuninck Quick-Step, a indiqué courant septembre au journal belge Het Nieuwsblad que sa formation n’emmènerait que Fabio Jakobsen sur le Tour en 2022. Le 35e bouquet attendra une édition plus favorable…

Mark Cavendish sur le Tour 2021Mark Cavendish sur le Tour 2021 | © Le Tour

Par Jean-Guillaume Langrognet