Double vainqueur d’étape, Leon Van Bon parle de ses expériences sur le Tour de France. Désormais photographe, il reste ainsi au plus près de la course et des coureurs.
Quel est votre plus vieux souvenir du Tour de France ?
Nous étions en vacances en famille. Je pense que j’avais 8 ans. Nous attendions de voir les coureurs passer dans le Galibier. Nous avons attendu toute la journée et mon père avait peur pour nous car il y avait un monde fou. C’était le Tour de France 1980, celui que Joop Zoetemelk a gagné.
Quel souvenir gardez-vous de votre premier Tour de France ?
J’étais assis à la terrasse d’un café en train de regarder un match de la Coupe du Monde de football 1994. Et j’ai eu un appel téléphonique le vendredi soir. C’était Jan Raas, le manager mon équipe Wordperfect. Et il m’a dit : « Moncassin s’est blessé, tu prends le départ demain ! » J’étais dans la réserve et j’ai donc dû me rendre à Lille le lendemain. J’étais en forme donc ça n’a pas posé de problème. Mon staff m’avait fixé comme objectif d’aller jusqu’à la journée de repos située à Lourdes. Et c’est ce que j’ai fait.
Quel est votre meilleur souvenir sur le Tour ?
C’est sans aucun doute ma première victoire d’étape à Pau en 1998. On pense toujours qu’on peut le faire mais le plus dur c’est de réussir à le faire. C’était un grand jour, j’étais dans une échappée avec Voigt, Lelli et Agnolutto. Et j’ai réglé tout le monde au sprint.
Quel est votre souvenir le plus difficile ?
C’est en 1996. J’avais pris le maillot à pois lors d’une étape de moyenne montagne où je m’étais échappé, alors que je ne suis pas du tout grimpeur. J’étais très surpris et même temps très heureux. Et le jour suivant mon genoux me faisait très mal. Et j’ai dû arrêter après seulement dix kilomètres. C’était lors de l’étape des Arcs où le maillot jaune Stéphane Heulot avait dû abandonner également. J’ai souvent jeté l’éponge car je n’ai fini que trois Tours en dix participations mais cet abandon a été le plus douloureux.
Quelle est votre opinion sur le Tour de France d’aujourd’hui ?
La course reste la course, ça ne change pas ! Mais les coureurs et les tactiques évoluent. L’arrivée de la technologie a fait beaucoup avancer les choses. Par contre le cirque autour ne cesse de grandir. Depuis trois ans la sécurité est devenue prépondérante. Mais ça reste la plus grande course du monde et j’adore être ici.
N’avez-vous pas un peu de nostalgie en photographiant les coureurs ?
Je ne pense pas trop au passé. Je suis très heureux là où je suis aujourd’hui. J’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même. C’est toujours un travail difficile à faire. J’essaye toujours de rouler avec mon vélo quand je le peux mais je n’ai plus besoin de souffrir dessus.
Qu’est-ce qui est le plus difficile : être coureur ou photographe ?
Quand tu es coureur, rouler sur ton vélo est la seule chose qui te préoccupe. Mais le Tour reste une course difficile et c’est très stressant d’essayer de donner le meilleur. Et quand tout ne va pas, c’est vraiment très dur. Quand je suis photographe je travaille de 8h à 22h. Et plusieurs fois par jour je me dis que si j’étais aussi fatigué en tant que coureur je rentrerais à la maison. En particulier après deux semaines. Je fais ce métier depuis quatre ans et je me sens de mieux en mieux dans ce rôle. J’ai l’impression d’être plus intelligent. L’année dernière j’ai commencé à faire du bon travail. Le point commun entre les deux métiers est que tu as besoin d’essayer de conserver un maximum d’énergie pour faire du bon travail.
Quel est votre rêve en tant que photographe ?
Ce n’est pas aussi limpide qu’un objectif de coureur. C’est difficile de devenir un photographe de classe mondial. C’est parfois le fruit du hasard. L’important pour moi est de faire les photos que j’aime faire. Plus je suis libre de faire ce qui me plaît, meilleur je suis.