Tout au long du Tour de France, des personnalités du cyclisme reviennent avec nous sur une édition qui les a marquées, un moment fort qu’elles ont vécu de près ou de loin.
Eduardo, vous souvenez-vous du jour où vous avez découvert le Tour de France ?
C’était à la télévision, je ne me souviens plus précisément de l’année, mais c’étaient les années Armstrong. A l’époque, j’étais en vacances scolaires. Et avec le décalage horaire en Argentine je regardais la course en direct tous les matins jusqu’à l’arrivée à midi. C’est comme ça que je me suis mis à suivre le Tour.
Est-ce le Tour qui vous a mis sur un vélo ?
Tout à fait. J’ai commencé le vélo grâce au Tour de France. Je me suis alors beaucoup intéressé à son histoire. Je suis devenu fan de la course. Y être présent l’année dernière était déjà un rêve, et je le prolonge cette année.
Qu’avez-vous retenu de cette première expérience en 2015 ?
J’ai découvert une course très nerveuse. Ça roule vraiment vite, toutes les équipes veulent s’illustrer, ce qui génère de nombreuses chutes. J’ai découvert en outre des arrivées parfois chaotiques. C’est ce qui m’a particulièrement impressionné. Sans compter le monde incroyable qui se presse sur le bord de la route. A cela s’ajoutent les multiples sollicitations. Il faut répondre à la presse, aux appels, accepter la présence de caméras pendant le massage… C’est important pour la visibilité de l’équipe mais c’est aussi des fois fatigant pour nous. Le Tour de France, ça reste une course unique à tous les niveaux.
Qu’en attendez-vous cette année ?
Mon objectif reste de faire un bon classement général, j’entends par là tenter d’accrocher un Top 20, ce qui représenterait déjà un résultat important étant donné que je n’ai jamais fini une course par étapes de trois semaines. Après ma mésaventure de l’année dernière, je veux cette fois être protagoniste, essayer de gagner une étape en montagne. Quitter le Tour comme je l’ai fait l’an dernier (NDLR : il avait été mis hors course après être monté pour une centaine de mètres dans un véhicule à la suite d’un bris de chaîne), ce n’était pas idéal. Mais nous avons tiré un trait sur cette malheureuse histoire avec l’équipe pour nous concentrer sur la préparation du Tour. Du fait de ma chute à la Drôme Classic et de mes fractures du radius et du scaphoïde, je ne suis pas arrivé à 100 %. Mais on va essayer de faire au mieux.
Avez-vous craint de ne pas être au départ ?
Ça a été compliqué. J’ai été opéré à Lyon, où le docteur m’a dit que j’en aurais pour longtemps avant d’être de nouveau opérationnel. Je me suis demandé si je serais prêt effectivement pour le Tour de France, mais finalement tout est rentré dans l’ordre à temps. Aujourd’hui j’ai retrouvé la plénitude de mes moyens à ce niveau-là. J’avais en tête qu’on ferait le bilan au terme de la première semaine, on verra ce que ça donne en sortant des Pyrénées.
Vous appartenez à une équipe Fortuneo-Vital Concept qui bénéficie d’une invitation, y a-t-il une pression supplémentaire pour justifier la confiance des organisateurs ?
La stratégie est plus ou moins la même que l’année dernière. On l’a vu en étant protagonistes dans des échappées. Se mettre en valeur dans des coups comme ceux-là, c’est bien pour l’équipe, même si nous avons aussi l’intention de nous exprimer dans les sprints, ce qu’a fait Dan McLay en allant chercher une 3ème place à Montauban jeudi, et en montagne.
Aujourd’hui, comment est suivi le Tour de France en Argentine ?
Il y a encore quelques années, il n’y avait quasiment que la télé pour se tenir informé du Tour de France. Aujourd’hui, j’imagine qu’il est encore plus facile de suivre le Tour. Internet et les réseaux sociaux sont passés par là, ce qui permet à chacun de rester connecté et de récolter de l’information. Les possibilités de suivre la course se sont multipliées. La course reste diffusée à la télévision en Argentine, mais elle fait aussi l’objet d’un suivi particulier dans les journaux. La présence de deux coureurs argentins, Maximiliano Richeze, d’Etixx-Quick Step, et moi-même, favorise aussi l’intérêt des Argentins pour le Tour de France. Je suis notamment suivi par des journalistes d’ESPN, qui suivent tous les coureurs latino-américains.