Tout au long du Tour de France, des personnalités du cyclisme reviennent avec nous sur une édition qui les a marquées, un moment fort qu’elles ont vécu de près ou de loin.
David, si l’on évoque vos souvenirs du Tour de France, à quoi pensez-vous ?
Je pense évidemment aux deux étapes que j’y ai remporté, la première à Figeac le 15 juillet 2004, la seconde à Digne-les-Bains le 14 juillet 2005. Gagner une étape du Tour, c’était mon rêve de gamin. Et ça l’était encore quand je suis passé coureur. Le Tour de France, c’est la course qui fait rêver. En gagner une étape, c’était presque l’aboutissement de ma carrière. La particularité de mes deux victoires d’étape sur le Tour, c’est que j’ai obtenu la première dans mon département natal, le Lot, la seconde un 14 juillet. Ce sont forcément deux moments que le public retient. Et moi avec.
Bien des années auparavant, quels coureurs du Tour avaient votre préférence ?
J’étais fan des grimpeurs, et en particulier des Colombiens dans les années 80. J’aimais beaucoup un coureur comme Lucho Herrera. Je supportais l’équipe Café de Colombia. Je me souviens d’une arrivée d’étape à Lans-en-Vercors, en 1985, dans laquelle Fabio Parra avait devancé Luis Herrera. Ils étaient arrivés ensemble, ça reste un grand souvenir.
Vous aviez 10 ans…
J’étais petit en effet. C’était l’été, c’étaient les vacances, et ma mère me disait de sortir, de profiter du beau temps. Et je lui répondais que c’étaient les étapes de montagne, que je voulais regarder absolument. Je me mettais devant la télé dès le début de la retransmission et jusqu’à la fin. Ce sont des souvenirs qu’on n’oublie pas.
Y a-t-il une édition qui vous ait marqué particulièrement ?
J’ai beaucoup couru dans les années Armstrong, et j’ai souvent dû faire face à la même domination pendant plusieurs années avec le train de l’US Postal. Si je devais retenir un Tour en particulier, je donnerais le seul durant lequel je me suis battu pour le classement général. C’était en 2002. Je termine 13ème cette année-là, premier Français, avec une sensation différente. Même si avec le recul je sais qu’on retient plus facilement mes deux victoires d’étape qu’une place de 13 et premier Français en 2002.
Vous avez gagné deux étapes du Tour de France. Celle que vous obtenez un 14 juillet vous a-t-elle procuré une émotion différente ?
Disons surtout que c’est une date que l’on retient et que le public retient. On me reparle encore régulièrement de ma victoire d’étape ce jour-là. C’est vrai que des Français vainqueurs un 14 juillet, ça n’arrive pas sur chaque édition. Ce jour-là, je n’avais pas tellement calculé que ce serait un 14 juillet. Mais les médias en parlent beaucoup et les gens le retiennent plus facilement.
En ce jeudi 14 juillet, quels conseils donneriez-vous aux coureurs français qui doivent composer justement avec la pression médiatique ?
Que ce soit ou non 14 juillet, l’étape du Mont Ventoux reste mythique. On sait que pour aller gagner là-haut, il faut forcément être grimpeur. Et pour gagner à la pédale face à un Chris Froome ou un Nairo Quintana, ce ne sera pas évident. On arrive dans la deuxième semaine du Tour, l’échappée a une petite chance d’aller au bout. Je dirais avant tout qu’il faut prendre cette journée du 14 juillet comme une autre et essayer, pour ceux qui se sentent un peu moins forts pour gagner, de devancer les débats. Mais sur le Tour, c’est tous les jours 14 juillet… et toutes les victoires d’étape se valent.
Vous n’avez pas toujours porté le Tour de France en haute estime, lui préférant nettement l’atmosphère de la Vuelta. Pourquoi ?
J’ai toujours été un cycliste qui roulait avant tout pour le plaisir. Au Tour de France, sur la fin, je n’en prenais plus. C’était plus à mes yeux un spectacle avec beaucoup de pression médiatique. Tout cela m’éloignait du vélo liberté-plaisir qui m’a poussé tout au long de ma carrière. A contrario je retrouvais davantage ces sensations sur la Vuelta, avec beaucoup moins de stress. Même si le passage par le Tour de France était obligé, j’en garde de très beaux souvenirs. Mais sur la fin je préférais me détacher de ce grand événement.
Qu’est-ce que le Tour de France a de si différent des autres courses cyclistes ?
Le Tour, c’est une grosse machine, avec tous les médias, toutes les animations qu’il peut y avoir autour, tout le public qui se masse au bord des routes. C’est la course n°1 et c’est pourquoi elle est tant aimée. C’est un spectacle, et pour un coureur il s’agit d’un passage obligé pour réussir une carrière.
Vous participez cette année encore au Tour avec Vittel. En quoi consiste votre présence ?
J’encadre tous les jours la rando Vittel. Nous réalisons les 15-20 derniers kilomètres sur route fermée, deux heures avant les coureurs du Tour de France. C’est l’occasion de faire vivre à des cyclistes amateurs l’ambiance du Tour, avec le public au bord de la route qui nous encourage, jusqu’à passer la ligne d’arrivée, un privilège. C’est un grand moment et quelque chose que j’apprécie car je retrouve un peu, sur la fin, les émotions de franchir la ligne d’arrivée.