Une personnalité du cyclisme nous raconte son plus beau souvenir de Tour de France. Une façon de retracer l’Histoire du Tour de France et de ses 101 éditions.
Jens, quel reste votre tout premier souvenir du Tour de France ?
C’était du temps où j’étais en Allemagne de l’Est, tout petit, petit. Heureusement avec ma famille je vivais tout près de la frontière avec l’Allemagne de l’Ouest. Ça nous permettait de regarder la télévision ouest-allemande. La première image dont je me souviens, c’est Bernard Hinault dans le maillot jaune en 1982. Mon père m’avait alors expliqué que c’était un grand champion français qui avait déjà gagné trois fois le Tour de France. J’étais gamin, j’avais 10 ans.
En 1987, le Tour de France partait de Berlin. En gardez-vous le souvenir ?
Pas trop. Le mur existait encore cette année-là. On ne voyait rien de tout ça. J’avais un peu écouté ce qui se passait à la radio, j’avais aperçu quelques images à la télévision, mais très peu de choses filtraient en Allemagne de l’Est, je n’en garde pas un souvenir précis.
A compter de quelle année avez-vous réellement suivi le Tour de France ?
Tout petit déjà, mais avec les informations dont nous disposions à l’époque : un tout petit article dans le journal. Ça se résumait aux dix premiers du classement général et à deux, trois petits mots. Ça ne m’empêchait pas de suivre et d’aimer ça, mais je n’avais pas la moindre image télé. Je n’ai commencé à suivre le Tour de France à la télévision qu’après la chute du mur. Pour moi ça a dû commencer en 1992, quand j’étais amateur. C’étaient les victoires de Miguel Indurain.
De tous les Tours de France, dont vous avez pris le départ des dix-sept dernières éditions depuis 1998, lequel restera le plus marquant ?
Je pense celui-ci, qui m’a marqué par le niveau de fatigue. Je suis plus fatigué qu’autrefois. Sur les autres Tours, je trouvais que c’était dur mais je me sentais bien. Cette année, il m’est arrivé plusieurs fois de me demander si j’allais arriver à Paris cette fois. C’est dur.
Le plus beau de vos souvenirs, quel est-il ?
Ça restera celui gagné en 2008 avec Carlos Sastre. Nous avions en plus remporté le classement par équipes avec une équipe parvenue à neuf à Paris. C’est mon meilleur souvenir : celui de monter sur le grand podium des Champs-Elysées, tous ensemble, avec Carlos Sastre en jaune, l’Arc de Triomphe derrière nous. J’ai ma petite part dans la victoire de Carlos, j’ai été fier de monter sur le podium.
Vous avez gagné deux étapes du Tour de France en 2001 et 2006, vous avez porté deux fois le maillot jaune en 2001 et 2005, que mettriez-vous en avant ?
Peut-être la dernière étape gagnée en 2006 à Montélimar devant Oscar Pereiro. Je n’étais pas bien ce jour-là. J’avais été le tout dernier coureur à rentrer dans le groupe de tête. J’étais crâmé ! Je me suis dit : « nom de Dieu, je suis avec Pereiro, Chavanel, je ne pourrai jamais gagner… » Mais finalement j’ai récupéré un peu. Et j’ai gagné ! Je crois que peu de gens croyaient en moi ce jour-là, c’est pourquoi ça reste un très bon souvenir.