Depuis trois jours, Tony Gallopin (Lotto-Belisol) est pris dans le tourbillon médiatique du Tour de France. Certes le Francilien n’a porté ce maillot jaune qui le faisait rêver qu’une seule petite journée, la plus difficile qu’il ait passée sur le vélo, mais un 14 juillet. Depuis dimanche soir, date de sa prise de pouvoir éphémère, les projecteurs se sont braqués sur le vainqueur sortant de la Clasica San Sebastian, même si les prestations de Thibaut Pinot, Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet, ont éclipsé la journée en jaune de Gallopin. Mais le Tour n’est pas fini. Il ne fait qu’entrer dans sa deuxième semaine dont les deux premières étapes ne sont pas pour déplaire à un coureur de son profil. Cette 11ème étape devait sacrer l’audace des baroudeurs. Elle le fera, mais pas vraiment comme on pouvait l’imaginer.

Bon nombre de coureurs veulent en effet prendre l’échappée matinale qui a de belles chances d’aller au bout. Finalement, après un départ très rapide où les tentatives se sont multipliées, trois hommes prennent les devants : Anthony Delaplace (Bretagne-Séché Environnement), Martin Elmiger (IAM Cycling) et Cyril Lemoine (Cofidis). L’écart grimpe jusqu’à six minutes avant de se stabiliser. Peter Sagan (Cannondale) qui avait tenté de prendre la poudre d’escampette en début d’étape pour aller chercher des points précieux au sprint intermédiaire, mais qui n’avait pas eu la bénédiction du peloton, planifie sa vengeance. Les coéquipiers du maillot vert, aidés par les Orica-GreenEdge roulent en tête de paquet pour limiter l’avance des fuyards et tuer dans l’oeuf leurs espoirs de victoire. Avant d’aborder les 53 derniers kilomètres, les plus difficiles de l’étape, le sort des échappés matinaux est déjà scellé depuis bien longtemps.

Le Tour ne fait qu’entrer dans sa 2ème semaine, et pourtant, il doit déjà déplorer l’absence de plusieurs candidats sérieux à la victoire. Le Tour semble être revenu à la normale avec enfin une météo digne d’un mois de juillet, mais les routes surchauffées du Jura et de l’Ain sont fatales à Andrew Talansky (Garmin-Sharp). Victime d’une chute spectaculaire à Nancy, le jeune Américain n’a pas pansé ses plaies pendant la journée de repos. Décroché sur les routes vallonnées, le vainqueur sortant du Dauphiné semble au bout du rouleau. Arrêté sur le bord de la route, il semble au bord de l’abandon, puis repart à la surprise générale. En pleurs sur le vélo, Talansky repousse les limites de la douleur en pédalant juste devant la voiture-balai. Au courage, il termine finalement l’étape dans les délais en suscitant l’admiration des suiveurs.

Tony Gallopin attaque par deux fois pour s’envoler vers la victoire d’étape

Garmin semble se résoudre à perdre son leader et fait exploser le peloton avec Tom Jelte-Slagter. L’accélération néerlandaise aura le mérite de provoquer la formation d’un nouveau groupe dans la côte de Rogna. Jan Bakelants (Omega Pharma-Quick Step), Cyril Gautier (Team Europcar), Jesus Herrada (Movistar Team) et Nicolas Roche (Tinkoff-Saxo) rejoignent Martin Elmiger, dernier rescapé de l’échappée matinale, mais le peloton est déjà sur leurs talons. Nicolas Roche insiste au sommet de la côte d’Echallon, dernière difficulté de la journée. Mais sa tâche paraît bien compliquée : il reste une vingtaine de kilomètres, et il ne possède qu’une vingtaine de secondes d’avance. Impression confirmée quand le moteur de Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) se met en marche pour faire la descente.

C’est à ce moment que la démonstration de Tony Gallopin va commencer. Le Français tente sa chance en solitaire dans une petite remontée après la côte d’Echallon sur ce parcours qu’il avait étudié. Le moral gonflé à bloc par le port de ce maillot jaune qui semblait accessible depuis l’étape de Sheffield, le Français possède une marge infime d’avance sur la tête de peloton, mais persévère. Lorsqu’il voit débouler un groupe de costauds constitué de Michal Kwiatkoswki (Omega Pharma-Quick Step), de Michael Rogers (Tinkoff-Saxo) et surtout de l’ogre Peter Sagan, Gallopin garde son sang-froid. Comme un vieux briscard, le Francilien saute quelques relais dans ce groupe où l’entente n’est pas parfaite et qui voit revenir le peloton sur lui comme une balle, emmené par les BMC Racing Team.

Tony Gallopin écrit alors le deuxième volet du chapitre relatif à cette brillante victoire acquise en deux temps. Il contre une attaque de Michal Kwiatkowski et profite de la mésentente qui règne dans le groupe pour s’envoler. À 2,5 kilomètres de l’arrivée, le maillot jaune éphémère sait ce qu’il lui reste à faire : tout donner pour garder quelques longueurs d’avance sur le peloton sur la ligne. À l’image de ce qu’il avait fait lors de la Clasica San Sebastian l’an dernier, il s’impose en faisant parler ses jambes de feu et sa science de la course parfaite en plaçant une attaque au moment opportun. Revenu de l’enfer qu’a constitué pour lui la Planche des Belles Filles, Tony Gallopin touche désormais le Graal. De l’enfer au paradis, il n’y a qu’un pas. La journée de repos à Besançon a simplement fait office pour lui de purgatoire…

Demain, nouvelle chance pour les baroudeurs entre Bourg-en-Bresse et Saint-Étienne (185,5 km).

Classement 11ème étape :

1. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) les 187,5 km en 4h25’45 » (42,4 km/h)
2. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) m.t.
3. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Daniele Bennati (ITA, Tinkoff-Saxo) m.t.
5. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
6. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
10. Kevin Reza (FRA, Team Europcar) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 46h59’23 »
2. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 2’23 »
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 2’47 »
4. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 3’01 »
5. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) à 3’12 »
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 3’47 »
7. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 3’56 »
8. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 3’57 »
9. Bauke Mollema (PBS, Belkin) à 4’08 »
10. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Lotto-Belisol) à 4’18 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 301 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 164 pt
3. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 146 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 117 pt
5. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 98 pt
6. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 101 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 87 pt
8. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 95 pt
9. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) 87 pt
10. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) 76 pt

Classement de la montagne :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 51 pt
2. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 34 pt
3. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) 26 pt
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 20 pt
5. Alessandro De Marchi (ITA, Cannondale) 18 pt
6. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 17 pt
7. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 16 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 12 pt
9. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 12 pt
10. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 12 pt

Classement des jeunes :

1. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) en 47h02’24 »
2. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 46 sec. »
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 1’38 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 12’42 »
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 38’07 »
6. Tom Jelte-Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 52’08 »
7. Jon Izagirre (ESP, Movistar Team) à 53’14 »
8. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 1h05’27 »
9. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 1h15’52 »
10. Nelson Oliveira (POR, Lampre-Merida) à 1h17’10 »

Classement de la combativité :

1. Nicolas Roche (IRL, Tinkoff-Saxo)

Classement par équipes :

1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 141h05’43 »
2. Astana (KAZ) à 3’19 »
3. Belkin (PBS) à 4’25 »
4. Team Sky (GBR) à 4’56 »
5. BMC Racing Team (USA) à 21’20 »
6. Movistar Team (ESP) à 22’34 »
7. Lampre-Merida (ITA) à 27’16 »
8. Team Europcar (FRA) à 29’23 »
9. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 30’07 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 43’31 »