Le malheur des uns fait le bonheur des autres dit l’adage. Et tristement, il ne cesse de se vérifier. Si personne n’a évidemment eu l’affront de se réjouir publiquement que la disparition du Team B&B Hotels – KTM certaines équipes pourraient toutefois en tirer profit. En libérant tous ses coureurs le 7 décembre dernier, Jérôme Pineau a effectivement permis aux équipes qui n’avaient pas encore clôturé leur budget de se renforcer avec des recrues de choix. Ainsi, tandis que BORA – Hansgrohe s’est offert un équipier de luxe en la personne de Victor Koretzky, Alpecin – Deceuninck a pu miser sur l’avenir en attirant le jeune Axel Laurance (21 ans) dans les rangs de son équipe de développement. En outre, l’effet papillon généré par la faillite du feu « Pro Cycling Breizh » s’est étendu jusqu’au Tour de France, paroxysme de la saison des « men in glaz » jusqu’alors.
En effet, le Team B&B Hotels avait l’habitude de recevoir la dernière des 4 cartons d’invitations (Wild Card) confiés par l’Union Cycliste Internationale (UCI) à Amaury Sport Organisation (ASO) pour compléter le peloton de la Grande Boucle. Il rejoignait ainsi l’autre équipe française de seconde division, le Team TotalEnergies, ainsi que les deux meilleures formations du Pro Tour, automatiquement présentes. Avec la disparition de l’écurie bretonne et les conséquences du premier tour de promotion / relégation du World Tour, ces cartes sont ainsi rebattues, et le plateau du Tour de France risque donc de s’en trouver affecté en 2023. On fait le point ici.
Le système de promotion / rétrogradation de l’UCI n’aura pas d’influence sur le Tour de France
Première et majeure nouveauté caractérisant la saison 2023 : le World Tour est chamboulé. En effet, la saison 2022 ayant conclu le premier cycle de promotion et de relégation des formations UCI, l’élite a effectivement assisté au remplacement des équipes Israël Premier – Tech et Lotto – Soudal par les Teams Arkea – Samsic et Alpecin – Deceuninck. Ce mouvement d’ascenseur a ainsi modifié les compositions des deux premières divisions du cyclisme mondial, ainsi que les droits et devoirs des équipes impliquées.
En effet, l’ensemble des épreuves classées en « World Tour » est désormais imposé au calendrier des formations d’Emmanuel Hubert et Christoph Roodhooft. A l’inverse, Lotto – Dstny (la nouvelle appellation de Lotto – Soudal) y sera conviée d’office mais pourra choisir d’y participer ou non. D’ailleurs, selon le journal flamand Nieuwsblad Sport, l’équipe belge a d’ores et déjà prévu de ne pas se rendre sur les routes du Giro en mai, préférant opter pour des participations plus stratégiques en vue de la course aux points UCI. Quant au Team Israël Premier – Tech, son classement 2022 ne lui offre pas ce privilège, et elle devra donc procéder à une demande d’invitation comme n’importe quelle autre équipe de seconde division.
Opvallend: Lotto-Dstny trekt nu ook streep door de Giro, voor het eerst in 23 jaar afwezig https://t.co/ZYl7PP1Ytf pic.twitter.com/tq93fCK1zx
— Nieuwsblad Sport (@nieuwsbladsport) December 19, 2022
Cependant, il est peu probable que l’on ne retrouve pas les équipes belge et israélienne sur le Tour de France. En effet, l’aura de la plus grande course du monde est trop importante pour que Lotto – Dstny y renonce. De même, si l’équipe de Kjell Carlström a réalisé une saison 2022 médiocre, glissant au 19e rang mondial, elle est restée à un niveau largement supérieur à celui du reste des formations de seconde division. Par conséquent, son invitation à la Ronde de Juillet apparaît relativement évidente. Le bouleversement du World Tour ne devrait donc pas avoir d’incidence sur le plateau du Tour de France.
De moins en moins d’équipes françaises candidates au World Tour
Quant au Team TotalEnergies de Jean-René Bernaudeau, il a encore réussi à se hisser à la seconde place du Pro Tour et bénéficiera donc à nouveau d’une invitation automatique pour sa course favorite. Pour la 24e saison d’affilée, l’écurie vendéenne ne manquera pas son rendez-vous préféré ! En revanche, autour d’elle, le plateau des équipes françaises candidates aux précieuses Wild Cad a bien rétréci…
En effet, il fut un temps, pas si lointain, où l’une d’entre elles devait être cruellement sacrifiée dans cette course aux faveurs de l’organisateur. Les structures de Cofidis, Arkea – Samsic, Total Direct Energies et Vital Concept – B&B Hotels jouaient effectivement à un jeu de chaises musicales où Wanty – Gobert prenait une place d’office. Jérôme Pineau resta ainsi plusieurs fois au pas de la porte de la course de ses rêves. Depuis, les deux premières ont accédé au World Tour et la troisième bénéficie désormais d’un nouveau système de qualification d’office des deux meilleures équipes du World Tour. Quant à la dernière, l’abandon de son projet de croissance a eu finalement raison de son essence.
Par conséquent, de quatre équipes tricolores candidates à trois invitations au Tour de France, la situation a évolué vers deux Wild Card s’adressant exclusivement à des formations étrangères, puisqu’aucune structure française n’est apparue en Pro Tour entre temps. Et cette lacune ouvre significativement le champ des possibles pour ASO, dans une situation tout à fait inédite.
La certitude d’une équipe inédite
En effet, dans l’hypothèse, hautement probable, où Lotto – Dstny et TotalEnergies honoreraient effectivement leur invitation pour le Tour de France, tandis que Israël Premier – Tech bénéficierait d’une Wild Card, une dernière invitation devrait encore être attribuée à une formation de seconde division. Or, parmi celles qui constituent le Pro Tour européen, aucune n’a encore eu la chance de connaître les joies du Tour. Dès lors, une formation devrait logiquement courir la Grande Boucle pour la première fois en 2023.
La première option se porte vers le Team UNO-X. Auteure d’une saison 2022 époustouflante, la formation norvégienne s’est classée 3e du Pro Tour, avec plus de 1000 points d’avance (sur 2933) sur ses concurrentes à la Wild Card. Forte du recrutement d’Alexander Kristoff, elle fait naturellement figure de prétendante à l’invitation.
Toutefois, une menace pourrait naître des nouvelles équipes constituées pour l’exercice à venir, à l’instar du Team Q36.5. Conseillée par Vincenzo Nibali et bénéficiant de l’expérience de Gianluca Brambilla, Matteo Badilatti ou de Damien Howson, cette écurie suisse à consonance italophone compte suffisamment d’arguments pour faire parler d’elle dès le début de saison. Elle compte d’ailleurs une sacrée horde de baroudeurs pour répondre au traditionnel rôle d’animation des échappées revenant aux équipes invitées. Si nous devions nous risquer à un pronostic, nous en ferions presque nos favoris… En effet, à défaut de reprendre les mêmes équipes, le Tour de France reverrait au moins des visages bien connus…