8ème étape (Pau-Bagnères-de-Luchon) : Chris Froome fait la descente
Davantage attendue à Arcalis le lendemain, la première offensive de Chris Froome (Team Sky) intervient sur le mythe Pau-Luchon… dans la descente du col de Peyresourde. Jusqu’alors, en dépit de quelques soubresauts, les favoris se sont maintenus au contact les uns des autres et ils s’apprêtent à basculer dans la descente sur Bagnères-de-Luchon. Mais Chris Froome a prémédité son action. Il accélère sur le haut de la dernière montée placée au terme d’un enchaînement Tourmalet, Hourquette d’Ancizan et Val Louron-Azet. Et laisse derrière lui des adversaires médusés qui ont estimé à tort que la trêve avait été décrétée. Adoptant une position peu académique mais diablement efficace, Chris Froome s’engage dans une descente époustouflante qui va lui permettre de gagner l’étape et de s’emparer du maillot jaune. Si les écarts enregistrés à Luchon sont faibles au vu des risques pris par le Britannique – 13 secondes, plus 10 de bonification –, Chris Froome a réussi là un premier tour de force.
11ème étape (Carcassonne-Montpellier) : ils ne manquent pas d’air
C’est une drôle de sensation que de voir surgir de la courbe qui finit sa course sur la ligne d’arrivée montpelliéraine, d’ordinaire promise aux sprinteurs, trois coureurs seulement dont l’un est le Maillot Vert Peter Sagan (Tinkoff), l’autre le Maillot Jaune Chris Froome. Les deux hommes ont profité de la tramontane qui ballottait le peloton pour donner une nouvelle leçon d’audace et de stratégie à leurs adversaires pétrifiés. A 12 kilomètres de l’arrivée, les Tinkoff mènent une action d’envergure. Peter Sagan et Maciej Bodnar poussent la manette des gaz. Chris Froome bondit dans leurs roues avec le renfort de Geraint Thomas. Et le quatuor se détache. Chacun passe alors des relais appuyés pour disparaître dans les premiers méandres urbains de Montpellier. A l’arrivée, la victoire va à Peter Sagan et Chris Froome grignote encore 6 secondes (plus 6 de bonification) à ses adversaires. Tout ça n’est pas grand-chose, mais une fois encore le Britannique vient de faire preuve d’un aplomb qu’on ne lui connaissait pas.
12ème étape (Montpellier-Mont Ventoux) : Ventoux de panique !
Même sur un demi-Ventoux, dont le puissant mistral a raboté le sommet jusqu’au Chalet Reynard, la course entre dans une nouvelle dimension. Et c’est encore Chris Froome qui fait le spectacle quand il démarre à 3,5 kilomètres de l’arrivée. Seuls Richie Porte (BMC Racing Team) et Bauke Mollema (Trek-Segafredo) sont en mesure de suivre le mouvement. Quand un fait surréaliste va se produire ! En approche du dernier kilomètre, le public en surnombre forme un goulet d’étranglement de plus en plus étroit. Jusqu’à faire soudain piler la moto image ! Richie Porte s’y encastre, suivi de Froome, Mollema par-dessus. Dans ce brutal coup de frein, une seconde moto vient écraser le vélo du Maillot Jaune qui, sans véhicule d’assistance et, dans un vent de panique, se met à se lancer à grandes foulées derrière le peloton qui l’a rattrapé. Momentanément dépanné par l’assistance neutre, Froome se hisse tant bien que mal jusqu’à la ligne, qu’il atteint avec 1’40 » de retard sur l’ensemble de ses adversaires. Avant l’intervention du jury des commissaires qui, face aux événements, choisit de créditer le Maillot Jaune du temps de Bauke Mollema. Soit un gain de 19 secondes…
13ème étape (Bourg-Saint-Andéol-La Caverne du Pont-d’Arc) : Froome remet les pendules à l’heure
Vingt-quatre heures après la pagaille du Mont Ventoux, Chris Froome (Team Sky) est un Maillot Jaune contesté. Une partie de l’opinion estime injustifiée la clémence des commissaires dont a bénéficié le Britannique pour conserver la tête du classement général. Ne reste à Froome qu’à prouver dans le premier contre-la-montre individuel qu’il est bien le plus crédible des favoris à la victoire finale. En éloignant ses adversaires d’au moins le temps qu’il leur a rendu la veille, sur le terrain, avant que les commissaires n’effacent l’ardoise. Et le leader de Sky va prendre l’ascendant pour de bon en mettant de son côté bien plus de temps qu’il n’en avait conquis jusqu’alors : 23 secondes (bonifications comprises) dans la descente de Peyresourde, 12 dans la tramontane de Montpellier, 19 dans l’embrouillamini du Ventoux. En 37,5 kilomètres, Chris Froome fait de l’air entre lui et ses adversaires. Désormais Bauke Mollema est à 1’47 », Adam Yates (Orica-BikeExchange) à 2’45 », Nairo Quintana (Movistar Team) à 2’59 ». Tous les autres bien au-delà des trois minutes.
19ème étape (Albertville-Saint-Gervais-Mont Blanc) : Chris Froome sauve les meubles
Dans la descente détrempée sur Domancy, en route pour la dernière arrivée en altitude, le n°2 du classement général Bauke Mollema va à la faute. Une fois, deux fois. Et bientôt hors du jeu. La place de dauphin de Chris Froome n’est pas encore vacante que Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) se lance dans un vibrant numéro, mis sur orbite par Mikaël Chérel, avant de poursuivre seul au pied de la montée finale, qu’il aborde avec une petite minute d’avance sur le peloton ! C’est que ce dernier a fait les frais d’une glissade qui a couché le Maillot Jaune. Vélo cassé, le corps râpé sur le côté, le genou droit gonflé, Chris Froome est reparti sur la machine de Geraint Thomas. Et il s’attache à sauver les meubles au sein d’un petit paquet qui ne lui laisse plus une minute de répit. Mal en point, le Britannique va conserver l’essentiel. Une troisième victoire dans le Tour de France lui est acquise. Devant Romain Bardet, vainqueur d’une folle étape pour gravir quatre à quatre les marches qui le séparaient du podium.