Bernard Hinault a dégainé, la Sky a répliqué. L’un appelle les coureurs à faire grève lors de la première étape le 7 juillet, l’autre reproche des propos « factuellement incorrectes ». Ambiance. Avant-hier dans une interview accordée à Ouest France, Bernard Hinault appelait les coureurs à faire grève en Vendée lors de la première étape le 7 juillet. « Le peloton doit mettre pied à terre et faire grève en disant: ‘Si lui est au départ, on ne part pas. » Et le quintuple vainqueur du Tour de poursuivre: « le peloton est trop gentil. On en a condamné d’autres, tout le monde était d’accord, et lui, on ne va pas le condamner car on dit qu’il a un contrôle anormal? Non, ce n’est pas un contrôle anormal. On a condamné Contador pour la même chose, il a pris une suspension, et lui n’aurait rien? »
C’est un fait. Lors de la dernière Vuelta, Christopher Froome a fait l’objet d’un contrôle antidopage « anormal » à l’issue de la 18e étape. Une concentration de salbutamol de 2000ng/l a été détectée alors que la limite autorisée est de 1000ng/l. Depuis il y a eu le Giro et la victoire du britannique. Et dans une quinzaine de jours les coureurs seront au départ du Tour de France. En mars David Lappartient, interrogé par la BBC, affirmait que l’UCI « doit prendre une décision le plus vite possible pour Chris Froome, pour son équipe, pour nous (l’UCI) et pour le cyclisme lui-même». Il y a quinze jours le président de l’UCI confiait: « je ne crois pas que ça sera réglé avant le départ du Tour. » Pourquoi tant d’immobilisme dans cette affaire ?
Anormal. L’adjectif revient sans cesse. On parle de contrôle anormal et non positif comme la Sky le souligne dans son communiqué diffusait en réponse à Bernard Hinault: « Chris n’a pas eu de test positif mais plutôt un résultat d’analyse anormal pour un médicament pour soigner l’asthme. » « La présence de salbutamol dans l’urine à une concentration supérieure à 1000 nanogrammes par millilitre d’urine sera présumée ne pas être une utilisation thérapeutique intentionnelle et sera considérée comme un résultat d’analyse anormal », dit l’AMA, l’Agence mondiale antidopage.
« Pour l’heure, Chris a le droit de courir ».
« Il est décevant que Bernard Hinault ait, encore une fois, répété des affirmations factuellement incorrectes sur un cas qu’il ne comprend clairement pas », rétorque l’équipe anglaise dans son communiqué avant d’ajouter: « ses commentaires sont irresponsable et malavisés (…) En tant qu’ancien coureur, Bernard devrait apprécier la nécessité d’être équitable envers tous les athlètes. Et pour l’heure, Chris à la droit de courir. »
La Sky seule contre tous ?
Au fur et à mesure que le Tour approche on sent une certaine atmosphère poindre le bout de son nez. Qu’en sera-t-il de l’accueil réservé à Froome ? Certains lui prédisent un Tour invivable là où d’autres pronostiquent déjà sa victoire. Ceux qui suivent le cyclisme savent que la Sky est une machine à gagner. Les regards seront en grande partie concentrés autour de la formation de Dave Brailsford. La Sky le sait et y est préparée. Depuis toutes ces années rien n’a été laissé au hasard, tant sur le plan sportif, de la préparation, de la communication, etc. La Sky improvise rarement.
Le mot de la fin revient à Romain Bardet qui tweetait le 6 juin: « La droiture de l’esprit consiste moins encore à juger de toutes choses qu’à savoir s’abstenir de juger » reprenant les mots du philosophe Hyacinte de Charencay. Avant d’ajouter: « Les convictions n’entravent pas le respect dû aux hommes et aux règles. La surenchère à la petite phrase n’est pas mon sport. »
D’ici le départ de cette 105e édition de la Grande Boucle, la partie de ping-pong médiatique pourrait se poursuivre.
Maxime Lefebvre