Tejay Van Garderen. Il était encore 3ème du général à l’entrée dans les Alpes, quatre jours avant les Champs, hier Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) a dû mettre pied à terre dans le col de la Colle-Saint-Michel. « Vous vous battez pour le podium et l’instant d’après vous êtes assis dans la voiture, c’est dur, raconte l’Américain effondré. Ça a été dur d’expliquer tout ça, de regarder mes coéquipiers dans les yeux. J’ai attrapé un rhume vendredi vers Rodez. Rien de grave, juste le nez qui coulait un peu. Mais mardi durant la journée de repos j’ai eu d’autres symptômes : fièvre et frissons. En me réveillant, j’ai pensé que le pire était passé. Ça semblait revenu à la normale. Mais dès le départ mes muscles étaient dépourvus d’énergie. J’ai pensé que je pourrais le cacher, que ça irait mieux, mais les sensations ne sont jamais revenues. »
Nairo Quintana. Une fois encore, Nairo Quintana (Movistar Team) a secoué le Maillot Jaune, mais ses attaques n’ont jamais fait trembler Chris Froome, qui ne lui a toujours rien cédé depuis le départ du Tour. « Je me sentais vraiment bien, reconnaît le Colombien. Je n’avais pas réalisé, étant donné le rythme qui était le nôtre dans la montée du col d’Allos, que nous n’étions plus que quatre ou cinq. J’ai essayé d’attaquer, comme je l’ai retenté dans le final, sans que je parvienne à lâcher Froome. Nous n’avions pas l’intention de bousculer les choses dans cette étape sachant qu’il y aura vendredi et samedi des étapes de montagne plus exigeantes. Nous pensons être en mesure de durcir la course plus tard. L’étape de La Toussuire me convient bien, sur un parcours difficile avec de longues ascensions, et l’Alpe d’Huez est une longue montée dont les pentes sont vraiment à ma convenance. Il y a encore de la place pour la bataille ! »
Chris Froome. Le Maillot Jaune n’a pas failli hier dans la première étape alpestre du Tour de France, répondant aux démarrages de Nairo Quintana pour ne rien lâcher au Colombien à Pra-Loup et reprendre encore du temps à ses adversaires : 7 secondes à Valverde, 2’14 » à Contador, alors que Van Garderen a jeté l’éponge ! « Il s’en est beaucoup passé entre l’abandon de Tejay et la chute d’Alberto, sans compter l’aspect stratégique sur la première partie de l’étape, résume Chris Froome (Team Sky). Mes adversaires ont bougé très tôt, on n’a pas arrêté de la journée. Nairo m’a testé, je l’ai bien senti dans le dernier kilomètre. Il voulait voir si j’étais capable de répondre, mais je me sens bien et j’étais bien là. Tout ce que j’espère, c’est de rester sur mon vélo ces trois prochains jours, durant lesquels je m’attends encore à être attaqué. »
Alejandro Valverde. Après l’abandon de Tejay Van Garderen, Alejandro Valverde (Movistar Team) occupe naturellement la 3ème place du podium provisoire du Tour. « Je veux adresser tout mon soutien à Tejay, c’était affreux de le voir quitter la course ainsi, a tenu à déclarer le champion d’Espagne de 35 ans. Je sais ce qu’on ressent en de telles circonstances. J’étais en course pour le podium il y a un an avant de connaître des jours difficiles. Maintenant, me voilà 3ème, mais il reste encore trois grosses étapes avant Paris, et ça ne m’assure pas encore d’une place sur le podium. Mais je me sens vraiment bien, je travaille dur pour Nairo, on tente le tout pour le tout, même si Froome sera dur à battre. »
Alberto Contador. 2’14 » et deux changements de vélo, c’est ce qu’a coûté hier à Pra-Loup la chute dont a été victime Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) dans la descente du col d’Allos. « Ma roue a glissé, regrette l’Espagnol égratigné sur le côté droit, et je suis tombé. Quelque chose ne fonctionnait plus sur mon vélo, j’ai donc pris le vélo de Peter Sagan. J’ai essayé de descendre du mieux possible puis au bas de la descente j’ai pu reprendre un vélo à mes cotes pour tenter de minimiser les pertes. Le cyclisme est ainsi fait, des fois tout marche, d’autres non. » Même l’oreillette n’a pas fonctionné en ces circonstances, Rafal Majka présent à l’avant n’ayant pu se laisser décrocher pour épauler son leader. Désormais 5ème du classement général à 6’40 », Alberto Contador accuse un retard de 2’31 » sur la troisième marche du podium.
Mathias Frank. Présent à l’avant et 5ème à Pra-Loup, le Suisse Mathias Frank (IAM Cycling) a fait son entrée dans le Top 10 du classement général, l’objectif qu’il recherchait sur le Tour de France. « J’étais convaincu de pouvoir m’illustrer sur cette étape car je l’avais reconnue lors du Dauphiné, confie-t-il. Et j’étais obligé de passer à l’offensive si je voulais rentrer dans le Top 10. J’ai donc tout mis en œuvre pour être dans le bon wagon. Avec un si grand groupe, c’était le scénario idéal pour l’étape que j’avais cochée sur mon livre de route. Je suis resté attentif car nous avions prévu de mettre en route dans l’ascension du col d’Allos lors du briefing. J’ai donc accéléré mais Geschke était déjà parti et l’écart trop grand pour espérer revenir sur lui. Maintenant, je vais tenter de garder cette 8ème place au classement général. »
Thibaut Pinot. Les vieux démons de Thibaut Pinot (FDJ) ont resurgi alors que le Franc-Comtois semblait supérieur à ses compagnons d’échappée hier dans les ascensions. Lancé à la poursuite de Simon Geschke, il a fauté dans l’effrayante descente du col d’Allos, son talon d’Achille, glissant puis perdant du terrain pour rejoindre Pra-Loup au 4ème rang. « Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, dit-il. Je suis tombé dans la descente, je ne sais même pas pourquoi. J’ai glissé sur du goudron dès le sixième virage et après, forcément, je n’ai pas fait la descente de ma vie. C’était même catastrophique. J’ai l’impression que ce n’est pas mon année mais je vais me battre. Je ne veux pas m’arrêter à ça. Il reste trois opportunités avant Paris et je les tenterai. Je ne veux pas avoir de regrets, je sens que ça va marcher d’ici la fin du Tour. »
Simon Geschke. L’Allemand Simon Geschke (Giant-Alpecin) a obtenu la consécration hier en remportant l’étape de Pra-Loup après un effort solitaire de 50 kilomètres. « Si j’ai rejoint l’échappée matinale, avec John Degenkolb, c’est que je ne me sentais pas très bien au départ, précise le Berlinois de 29 ans. J’ai attaqué après le sprint, au pied du col d’Allos, et j’ai entamé la montée finale avec un avantage. J’ai eu 1’30 » pendant un long moment, et j’ai pensé qu’on verrait bien ce qui arriverait. Je savais que la descente du col d’Allos était difficile et je l’ai prise plutôt vite. Dans la montée vers Pra-Loup, j’ai donné tout ce qui me restait et j’ai pu tenir bon. J’ai souffert de façon incroyable mais je ne peux pas mettre de mots sur ce sentiment. » Pas question néanmoins pour Simon Geschke d’immortaliser ce triomphe en se rasant la barbe. « Il n’y a que si je gagne le Tour de France que je me raserai la barbe, alors ce n’est pas pour aujourd’hui ! »
Team Europcar. Quel avenir pour le Team Europcar alors que le Tour de France s’approche à grande vitesse de Paris ? Si Jean-René Bernaudeau ne baisse pas les bras, multipliant d’importants rendez-vous, la poursuite de l’aventure en 2016 n’est pas encore assurée pour l’équipe vendéenne. A moins de dix jours de l’ouverture du marché des transferts, le temps presse. « Si je ne trouve pas un repreneur dans les quinze jours, la situation deviendra intenable, dit-il dans L’Equipe. Mes coureurs seront libres de s’en aller et, dans ce cas, Gautier, Rolland, Sicard retrouveront facilement une place. Pour les autres, les équipiers, ce sera plus difficile et c’est ce qui m’attriste. » Jean-René Bernaudeau est à la recherche de 5,5 millions d’euros pour permettre à sa formation de continuer à exister en l’état.