Peter Sagan (Tinkoff), vainqueur à Montpellier après avoir forcé la décision à 12 kilomètres de l’arrivée avec son coéquipier Maciej Bodnar et les Sky Chris Froome et Geraint Thomas. « C’est fou la manière dont les choses se sont passées. Je n’en croyais pas mes yeux quand j’ai vu que nous faisions le trou. Mais avec Chris Froome et Geraint Thomas dans le groupe, j’ai pensé qu’on était bien trop forts pour que le peloton puisse nous rejoindre. Alors on a continué de passer de gros relais. Tout le monde savait que c’était venteux aujourd’hui, mais le mistral a surtout soufflé dans les 15 derniers kilomètres. On n’avait pas planifié d’attaque à cet endroit, et encore moins avec le Maillot Jaune, mais on savait qu’il nous fallait rester placés en tête de peloton en cas de cassure. Au final je prends l’étape et je conforte encore mon maillot vert au lendemain d’une étape que j’ai courue à l’instinct (2ème), que demander de plus ! »

Geraint Thomas (Team Sky), qui a accompagné Chris Froome dans le quatuor de tête pour l’aider à accroître son avantage sur le peloton. « Quand Peter Sagan et Maciej Bodnar ont commencé à accélérer en tête du peloton, Froomey a simplement suivi le mouvement. J’étais dans sa roue et quand je me suis retourné j’ai constaté que personne n’avait suivi et qu’une cassure était en train de s’opérer. Je me suis porté devant et alors ça a été plein gaz jusqu’au bout. Nous avons passé toute la journée devant, à tâcher de nous tenir hors de danger et à rester vigilant aux moindres actions. Quand Sagan et Bodnar ont accéléré, c’était parti ! On a fait l’écart et dans l’oreillette j’ai entendu qu’on annonçait 15, 20 secondes. On n’a plus rien lâché, mais que ce fut dur ! »

Chris Froome (Team Sky), auteur d’une audacieuse stratégie en vue de Montpellier, qu’il rejoint au 2ème rang de l’étape, 6 secondes devant le peloton, soit un gain de 12 secondes avec les bonifications. « Je me suis moi-même demandé si ça valait la peine de dépenser autant d’énergie dans les 10 derniers kilomètres. Mais je pense au final qu’il est important d’essayer de prendre tout le temps qu’il m’est possible, surtout vis-à-vis de Nairo Quintana, qui je sais sera particulièrement fort en troisième semaine. L’ascension du Ventoux va être raccourcie mais pour être honnête je ne pense pas que ça change grand-chose. La montée jusqu’au Chalet Reynard est extrêmement dure déjà. On va avoir encore une longue étape de plus de 200 kilomètres avec du vent. Ça pourrait même encore casser avant le Ventoux. Pour moi on pourrait bien avoir une course encore plus intense avant la brève ascension. »

Nairo Quintana (Movistar Team), qui a minimisé la perte de 12 secondes de plus sur Chris Froome sur un nouveau moment d’inattention, et occupe la 4ème place du classement général à 35 secondes. « C’était sans doute la journée la plus difficile pour moi sur le Tour. Une étape plate, avec beaucoup de vent, dans laquelle les équipers de sprinteurs ont perdu une opportunité de se battre pour la victoire d’étape. Froome a su profiter d’une action dans le final pour prende quelques secondes. Mais je ne veux regarder que l’aspect positif des choses : j’ai été épargné par les chutes sur un parcours où la sécurité des coureurs n’était sans doute pas la préoccupation des organisateurs. Maintenant, place au Ventoux, qui livrera un final très différent de celui de Montpellier, même s’il est dommage qu’on ne puisse aller jusqu’en haut. »

Jurgen Van Den Broeck (Team Katusha), forfait ce matin après une une chute sur l’épaule droite au début de la onzième étape qui lui coûte une fracture du tubercule majeur. « C’était très nerveux au départ de l’étape. Je me battais pour garder ma position dans le peloton. Et puis il y a eu un virage à gauche et un coureur a fait un écart. Il a touché ma roue avant, j’ai fait un soleil. Je ne me suis pas tout de suite inquiété car c’était une chute presque ordinaire. Mais quand j’ai repris le vélo j’ai ressenti une vive douleur au niveau de l’épaule droite. Après l’étape, j’ai passé une radio qui a confirmé qu’elle était cassée. C’est un rude verdict. Les docteurs m’ont dit qu’elle allait nécessiter plusieurs semaines avant de cicratiser, mais j’aurai besoin davantage de temps pour me remettre mentalement. J’ai eu bien assez de galères comme ça dans ma carrière. Ça me peine énormément pour l’équipe. »


Mont Ventoux. C’est une étape tronquée à laquelle s’attaqueront les coureurs du Tour de France aujourd’hui entre Montpellier et le Mont Ventoux, puisqu’en raison d’un fort mistral et de rafales supérieures à 101 km/h au sommet du Géant de Provence, les organisateurs ont décidé d’en modifier le final. Afin de garantir des conditions de sécurité optimales, l’étape s’achèvera au Chalet Reynard, 6 kilomètres avant le sommet, soit devant le refuge marquant la transition entre l’ascension forestière et le célèbre pierrier qui fait la singularité du Ventoux… mais que les coureurs ne verront pas. Dès lors, il n’y aura plus 15,7 kilomètres à 8,8 % à parcourir à compter du virage de Saint-Estève mais 9,6 kilomètres à 9,3 %. « Cela reste une ascension très difficile dans laquelle les meilleurs s’expliqueront, annonce Romain Bardet (Ag2r La Mondiale). Si les organisateurs ont pris cette décision, c’est en connaissance de cause. »

Vent. Même si les coureurs s’épargneront les violentes rafales qui balaieront le sommet caillouteux du Mont Ventoux, ils ne seront pas à l’abri du vent dans une douzième étape qui s’annonce redoutable de ce côté. Le bulletin météo annonce « un vent fort en plaine qui atteindra 60 km/h en rafales. Il sera de travers de Montpellier à Cavaillon puis de face jusqu’au pied du Ventoux. Dans la montée, les coureurs seront un peu à l’abri du vent dans la forêt, mais le vent sera violent sur les derniers kilomètres. Conjuguées à ce vent, les températures seront très froides (4°). »

Equipe de France. En marge du Tour de France, Bernard Bourreau a communiqué la liste des quatre athlètes qu’il emmènera avec lui à Rio pour y disputer les Jeux Olympiques. Sans grande surprise, les quatre places dont disposait l’équipe de France reviendront à Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Warren Barguil (Giant-Alpecin) et Thibaut Pinot (FDJ). Ce dernier doublera les épreuves route et contre la montre. Le coureur qui l’accompagnera dans l’épreuve chronométrée sera désigné vendredi sur la base des résultats du chrono du Tour de France. Trois coureurs sont gardés en réserve au poste de remplaçants : Tony Gallopin (Lotto-Soudal), Pierre Rolland (Cannondale) et Alexis Vuillermoz (Ag2r La Mondiale), lequel s’était adjugé le Test Event l’été dernier au Brésil.