Vincenzo Nibali. 3ème d’une étape promise aux coureurs de classiques, Vincenzo Nibali (Astana) a frappé un grand coup sur le Tour de France hier. Même s’il découvrait les pavés du Nord, l’Italien a pris du temps à tous ses rivaux tous repoussés à plus d’1’45 » après avoir négocié à la perfection les 155 kilomètres entre Ypres et Arenberg. »Je savais qu’il était possible de gagner du temps, mais je ne pensais pas en prendre autant, confie l’Italien. Pendant l’étape, j’ai fait très attention aux trajectoires, j’ai suivi les conseils de Peter Van Petegem qui était avec nous lors de la reconnaissance. Les conditions étaient très différentes. C’était vraiment une étape très difficile. Je n’ai jamais couru Paris-Roubaix, je n’ai pas l’expérience des pavés. Je dois surtout remercier mes équipiers. Jakob Fuglsang a été exceptionnel. »
Alberto Contador. C’est avec un débours de 2’37 » qu’Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) va aborder la montagne la semaine prochaine. « Nous avons perdu plus de 2’30 » face à un Vincenzo Nibali très fort, mais nous restons confiants, explique son directeur sportif Steven De Jongh. Alberto a perdu le contact avec la roue de Vincenzo et nous ne sommes pas parvenus à combler l’écart, même avec le concours d’autres équipes. Heureusement, il n’a pas chuté, ce qui est très important pour la suite. Nous sommes partis il y a cinq jours. Alberto est au sommet de sa forme. Il est encore meilleur qu’au Dauphiné et nous abordons de difficiles étapes de montagne. Nous sommes confiants, mais nous avions conscience que nous allons devoir travailler dur pour être de retour dans les meilleures positions. »
Alejandro Valverde. C’est avec le vélo de José-Joaquin Rojas qu’Alejandro Valverde (Movistar Team) a coupé la ligne hier à Arenberg, 2’09 » après Vincenzo Nibali. « Avec la malchance que nous avons connue, nous sommes parvenus à sortir de cette journée la tête haute, estime l’Espagnol. Quand je suis tombé, j’étais parfaitement placé dans les dix premiers du peloton. Mais un coureur m’a percuté sur la gauche, a cassé mon dérailleur et a provoqué ma chute. J’ai passé quelques secondes à terre, mais José-Joaquin Rojas s’est tout de suite arrêté et m’a donné son vélo. J’ai dû faire les 60 derniers kilomètres avec une selle 2,5 cm plus basse que la mienne, mais il était impossible de changer de vélo avant l’arrivée. » Désormais, Alejandro Valverde occupe le 10ème rang au classement général.
Lars Boom. Sur Paris-Roubaix, Lars Boom (Belkin) n’avait jamais fait mieux qu’une 6ème place en 2012. L’ancien champion du monde de cyclo-cross a pris exemple sur son compatriote Niki Terpstra, vainqueur de l’Enfer du Nord cette année, pour venir à bout des 13 kilomètres de pavés répartis sur la 5ème étape du Tour de France. »Sep Vanmarcke et moi avions l’idée de remporter cette étape, a reconnu le coureur de 28 ans. C’est un sentiment particulier d’être le premier vainqueur néerlandais d’une étape du Tour depuis Pieter Weening il y a neuf ans. Je n’ai pas de mots. Je pleurais sur le vélo et j’avais la chair de poule partout. Je savais que je devais attaquer dans le dernier secteur. Je suis fort sur les pavés et je voulais être sûr de gagner l’étape. Je pensais que Fabian Cancellara et Peter Sagan pouvaient me rattraper, mais ils ne l’ont pas fait. »
Peter Sagan. Pressenti pour la victoire d’étape hier à Arenberg, Peter Sagan (Cannondale) devra repasser. 2ème à Leeds et Londres, 4ème à Sheffield et Lille, il a pris encore la 4ème place aux portes de la célèbre tranchée. « C’est un résultat amer, a-t-il commenté. D’un côté je suis heureux d’avoir fini cette étape infernale devant sans être tombé et d’avoir encore pris des points pour le maillot vert, de l’autre je suis déçu parce que j’aurais pu accompagner Boom, Nibali et Fuglsang. Malheureusement je n’étais pas bien placé avant l’avant-dernier secteur pavé et quand ils sont partis j’ai perdu toute chance de filer avec eux. Nous avons essayé de boucher le trou mais il était trop tard. Qu’importe, je veux maintenant aller de l’avant et penser positivement. J’aurai d’autres chances. »
Romain Bardet. Arrivé à Arenberg dans un groupe avec Alejandro Valverde et Thibaut Pinot à 2’28 » du vainqueur, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) s’en est plutôt bien tiré. Il occupe la 11ème place du général à 2’11 ». « Ça a été une journée très physique. Je suis sorti du premier secteur dans le premier groupe mais j’ai été obligé de mettre un gros coup de frein sur la section de transition avant le deuxième secteur. De là ma seule préoccupation a été de ne pas tomber. Le placement a été primordial, il fallait garder sa place sur le pavé. Le moindre coureur qui essayait de doubler se faisait rappeler à l’ordre par une chute. Compte tenu de mon inexpérience des pavés, je ne m’en sors pas si mal. J’ai perdu un peu de temps par rapport à certains rivaux directs pour le Top 10 mais je limite les dégâts, je ne suis pas tombé, c’est plutôt une bonne journée. Vu les dangers rencontrés depuis cinq jours, ce début de Tour est pour moi très safisfaisant. »
Jean-Christophe Péraud. Bien qu’issu du VTT, le Toulousain Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) a vécu une journée de galère hier sur les pavés. « Ça a commencé pas mal, raconte-t-il. Nous allions rentrer sur le groupe Nibali avec Yury Trofimov, quand les voitures se sont loupées dans un rond-point, réduisant à néant tous les efforts réalisés pour rentrer. Je me suis retrouvé dans le deuxième groupe, où j’ai crevé. J’ai été dépanné par la moto assistance mais je suis reparti avec une roue inadaptée : une vraie journée de merde. Mais j’ai évité la chute et finalement c’est peut-être le principal. Quand je vois tous les bonhommes qui sont tombés aujourd’hui, je devrais me réjouir d’être resté sur le vélo. Ce sont des minutes perdues connement. Je me retrouve 24ème à 3’29 » au général. Mais on va continuer à se battre. »
24 heures avec le dossard 101. « Pavés + pluie = douleur ! Ça va être un truc de malade, heureusement qu’Albert Timmer m’a rappelé de prendre ma carte vitale avec moi. » Au tweet matinal de Marcel Kittel (Giant-Shimano) hier matin à Ypres a succédé une journée effectivement difficile qui a valu au sprinteur allemand une chute dans le premier secteur pavé, dans laquelle a également été impliqué son coéquipier John Degenkolb (qui souffre d’une douleur à la hanche droite et à la fesse droite). S’il a dû changer de vélo, le porteur du dossard 101 n’a pas eu à consulter le service médical. A l’arrivée il a posté une photo où il apparaît radieux aux côtés d’Albert Timmer. Avec un message : « on a eu une journée difficile sur les pavés mais on a survécu ! »
Sondage. Vous le savez maintenant, chaque jour, nous vous donnons deux occasions de vous exprimer. La première, sur notre sondage quotidien. Hier, près de 80 % d’entre vous ont estimé que Marcel Kittel était le meilleur sprinteur du moment. Aujourd’hui, nous vous demandons si pour vous Vincenzo Nibali est devenu le grand favori du Tour après l’étape d’hier. Vous avez jusqu’à demain pour répondre. L’autre rendez-vous pour réagir, c’est sur Facebook. Hier, il n’y a pas eu de débat autour d’Andy Schleck que vous estimez incapable de retrouver son niveau d’avant 2012. « Il a complètement lâché psychologiquement, nous dit Clément. Il n’est plus capable d’aller au bout de lui même, s’il l’a déjà été. Quand tu es doué et que tu gagnes sans travailler, comment comprendre l’intérêt du travail pour gagner. » Aujourd’hui, autre question polémique : les pavés ont-ils leur place sur un Tour de France ? N’hésitez pas à venir réagir sur notre page !
L’étape du jour :
6ème étape : Arras-Reims (194 km). Vingt-quatre heures après une étape traumatisante pour les corps secoués sur les pavés du Nord, l’étape Arras-Reims aura valeur de transition en direction des Vosges. D’un côté, les sprinteurs chercheront à contester une fois encore la suprématie de Marcel Kittel, invincible jusqu’à présent. Mais entre le Pas-de-Calais et la Marne, la présence du vent pourrait tout autant inciter les battus d’hier à se rebiffer contre Vincenzo Nibali. A moins que tous ne soient trop entamés déjà pour livrer une nouvelle bataille, et qu’une ouverture bénéficie enfin aux échappés. La route étant encore longue jusqu’à Paris, l’équipe Astana ne serait d’ailleurs sans doute pas opposée à laisser le maillot jaune à une autre formation. Bref, cette sixième étape pourrait livrer plus de surprises qu’elle ne le suppose.