Tony Martin. La chute sévère dont il a été victime dans la montée d’Ingouville ne laissait présager rien de bon pour Tony Martin (Etixx-Quick Step). La nouvelle de son abandon a été officialisée dans la soirée après qu’il ait franchi la ligne, aidé par ses coéquipiers. « Je ne me rappelle pas vraiment de ce qu’il s’est passé, affirme l’Allemand. L’équipe m’a mis dans une position idéale. Dans le dernier kilomètre, plus personne n’avait d’énergie. La vitesse s’est réduite, tout le monde attendait. Mais j’ai touché la roue arrière du concurrent qui était devant moi. J’ai pensé que je pouvais me redresser, mais j’ai heurté un coureur de Giant-Alpecin. Je n’avais plus d’équilibre. Je suis tombé à une vitesse relativement faible avec tout mon poids sur mon épaule gauche. J’ai tout de suite senti que quelque chose était cassé. Ma course était terminée. »
Blessure. Immédiatement après l’arrivée, Tony Martin a donc effectué des radios qui ont révélé une vilaine fracture de la clavicule. « La clavicule est brisée en plusieurs morceaux, c’était donc un lourd impact, note le docteur de l’équipe Etixx-Quick Step Helge Riepenhof. Une des parties est même sortie à travers l’épaule, ce qui signifie qu’il s’agit d’une fracture ouverte. De ce fait, même si Tony souhaitait prendre le départ de la 7ème étape, je ne peux pas l’autoriser à le faire. Les coureurs veulent toujours continuer la course, en particulier Tony. Il a déjà montré ces dernières années qu’il pouvait courir avec de petites fractures. Mais au vu de sa situation, c’est impossible. Il a besoin d’une intervention chirurgicale tout de suite. C’est une blessure sérieuse. Nous ne pouvons pas prendre de risque et le laisser prendre le départ. »
Zdenek Stybar. Etixx-Quick Step aura connu toutes les émotions hier. La victoire de Zdenek Stybar au Havre est venue redonner le sourire à une équipe marquée par la perte du maillot jaune. « Je voulais ramener Mark Cavendish à l’avant, mais j’ai vu qu’il était en difficulté, explique le Tchèque. J’étais dans la roue de Van Avermaet, Sagan et Kristoff et j’ai pu voir qu’ils n’avaient plus de coéquipiers à leurs côtés. Si j’y allais, celui qui comblerait l’écart était sûr de perdre l’étape. Donc je me suis dit que personne n’allait le combler. J’ai tout donné, c’est génial de l’avoir fait. Je place cette victoire au même niveau que mon premier titre de champion du monde à Tabor. Mais dans le même temps, cette victoire a un goût amer. Je me sens désolé pour Tony. C’est le Tour de France. À chaque instant il peut se passer n’importe quoi. »
Chris Froome. Il n’y aura donc pas de maillot jaune dans le peloton du Tour de France aujourd’hui entre Livarot et Fougères. Le règlement aurait pourtant pu permettre à Chris Froome (Team Sky), 2ème du classement général, de retrouver la tunique qu’il a abandonnée à Cambrai. Mais le Britannique a refusé, par respect pour l’Allemand, comme Greg LeMond l’a fait avant lui en 1991 vis-à-vis de Rolf Sorensen. Pris dans la même chute que le précédent titulaire du maillot jaune, le vainqueur du Tour 2013 s’en est bien mieux sorti. Il a certes pris un petit coup sur le genou, mais rien qui ne l’empêchera de défendre ses chances avant les étapes bretonnes piégeuses.
Movistar Team. Chris Froome n’est pas le seul favori à être tombé hier. En plus de Vincenzo Nibali, Nairo Quintana et Alejandro Valverde ont eux aussi goûté au bitume. C’est la chute du Colombien qui a le plus inquiété le staff espagnol. « J’étais trois places derrière Tony Martin et la chute qui l’a mise au sol m’a aussi impliqué, explique le vainqueur du Giro 2014. C’est une blessure superficielle au bras et à la main. À chaud, je ne ressens aucune douleur. J’espère juste qu’il ne s’agit de rien de grave et que je n’aurai rien au niveau du coude pendant l’étape. » Le gadin du champion d’Espagne semble quant à lui plus anecdotique. Arrêté pour un besoin naturel, l’Espagnol a glissé sur du gravier en remontant sur son vélo en début d’étape. Rien de grave puisqu’Alejandro Valverde ne souffre que de quelques plaies au niveau du mollet et au fessier.
Warren Barguil. Seul rayon de soleil pour le cyclisme tricolore en ce début de Tour de France morose pour les Français, Warren Barguil (Giant-Alpecin) n’échappe pas aux malheurs avant de revoir sa Bretagne natale. En bonne position dans le final, il a assisté aux premières loges à la chute dont a été victime Tony Martin avant de tomber, sans gravité. « J’étais en bonne position pour aider John Degenkolb dans le final en montée puisque j’étais dans la roue de Stybar avant la chute, révèle le Breton. C’est vraiment dommage, car sans cette chute, j’aurais été là pour lui. Heureusement, tout va bien. Nous pouvons avancer. » Si tout se passe comme prévu, Warren Barguil sera dans le Top 10 du classement général ce soir, pour la première arrivée en Bretagne du Tour. Il occupait le 11ème rang hier soir, avant l’abandon de Tony Martin.
Daniel Teklehaimanot. C’est un petit événement que l’obtention du maillot à pois par Daniel Teklehaimanot (MTN-Qhubeka), troisième coureur africain à revêtir un maillot distinctif sur le Tour de France – après les Sud-Africains Robert Hunter en blanc en 2001 et Daryl Impey en jaune en 2013 – mais premier coureur noir de peau. « C’est un pas important pour le cyclisme africain, s’est réjoui l’Erythréen, qui avait été le premier à s’élancer dans le chrono d’Utrecht samedi dernier. Je me sens très fier de porter ce maillot. Obtenir ce maillot à pois a toujours été notre objectif, alors je suis heureux que nous ayons pu y parvenir. Ce jour, je ne l’oublierai jamais. » Le mois dernier au Critérium du Dauphiné, Daniel Teklehaimanot avait défendu le maillot de leader du classement de la montagne d’un bout à l’autre de l’épreuve.