Cadel Evans. Le vainqueur sortant du Tour de France a été accablé par la malchance hier, victime de trois crevaisons sur les clous parsemés sur la route du Tour. « Ça m’est arrivé à des moments cruciaux, a-t-il regretté. Heureusement nous avons eu George Hincapie, Michael Schär et Amaël Moinard, qui est allé bien au-delà de ses limites aujourd’hui, ainsi que Marcus Burghardt, et la poursuite a été bien organisée. » Finalement attendu par Bradley Wiggins, Cadel Evans et son équipe ont salué hier soir la sportivité du peloton. John Lelangue a admiré le sang-froid des siens : « nous n’avons pas paniqué. Nous sommes revenus avec l’ensemble du groupe et les Sky ont vraiment été honnêtes et n’ont pas attaqué à l’avant. Ils ont vraiment été justes. Je suis allé voir Sean Yates à la fin de la course pour lui dire que j’ai vraiment apprécié. »
Jérôme Coppel. Le Haut-Savoyard de l’équipe Saur-Sojasun a vécu hier une rude journée. 14ème du classement général à 11’27 » de Bradley Wiggins, Jérôme Coppel souffre des bronches. Mis en difficulté, il s’est finalement accroché pour préserver ses acquis. « Journée galère de chez galère, a-t-il déclaré la ligne franchie. Pour vous dire, dès la première bosse, j’ai pété avant Mark Cavendish ! Heureusement toute l’équipe s’est organisée autour de moi et les gars ont bien mis en route. Tant que l’échappée n’avait pas pris de champ, il était difficile de revenir sur le peloton Maillot Jaune. Mais nous n’avons pas paniqué. Ensuite, j’ai essayé de récupérer. En haut de Péguère, j’ai crevé à l’avant et j’ai tenté de poursuivre à plat pendant un bon kilomètre. Je suis rentré dans la descente. Au niveau de ma santé, ça ne va pas du tout : je tousse, je peine à respirer. J’espère que ça ira mieux demain, mais les départs rythmés m’inquiètent. »
Sandy Casar. Pour la quatrième année consécutive, Sandy Casar (FDJ-BigMat) a directement affronté Luis-Leon Sanchez dans une échappée du Tour de France. Mais à l’arrivée, c’est l’Espagnol qui l’a précédé. Pourtant le Français avait tout tenté, allant jusqu’à démarrer dans le Mur de Péguère à 40 kilomètres de l’arrivée. « Je ne m’attendais pas à voir Peter Sagan revenir le premier dans la descente. Ensuite le groupe s’est reconstitué. Je n’étais pas en première ligne quand Luis-Leon Sanchez a attaqué, sans quoi j’y serais allé. La voiture BMC passait à ce moment-là, j’ai été un peu gêné et il a fait un grand numéro. Nous nous sommes relayés sans rien lui reprendre. Désormais Sanchez a l’avantage sur moi avec trois victoires contre une. J’espère un jour lui reprendre cet avantage ! Car le but c’est de gagner, le reste est accessoire. »
Robert Kiserlovski. Le peloton du Tour de France a perdu hier un nouvel élément sur chute. Tombé dans les premiers hectomètres de la descente du Mur de Péguère, le Croate Robert Kiserlovski (Astana) a été contraint à l’abandon. Il s’est brisé la clavicule, deux jours seulement après avoir été l’un des principaux animateurs de l’échappée d’Annonay-Davézieux, ce qui lui avait valu de recevoir le dossard rouge du prix de la combativité. Lieutenant précieux pour Janez Brajkovic, qui occupe la 8ème place du classement général, le grimpeur d’Astana a donc quitté le Tour. « C’est une grosse perte pour nous car Robert jouait un rôle important également au classement par équipes, a regretté son manager Giuseppe Martinelli. Avec un équipier en moins, ça va être plus difficile pour Brajkovic. »
Jean-François Pescheux. Ce sont des clous de tapissier qui ont été jetés sur la route du Tour hier. Le directeur technique Jean-François Pescheux est revenu sur l’incident pour lequel ASO a porté plainte. « Cet acte a dû se produire en haut du col, a-t-il estimé. Le temps que ça pénètre dans le boyau, et certains ayant dû rouler un moment à plat, les crevaisons sont intervenues dans la descente. Ce sont des clous de tapissier, comme on en trouve dans les sommiers, qui ont été parsemés. Une trentaine de coureurs ont crevé, certains à raison de trois à quatre par boyaux. Les Sky ont vu qu’il se passait quelque chose, Bradley Wiggins s’est mis devant et a tout arrêté lui-même. Il a laissé le groupe se reconstituer. Le Tour est tellement vulnérable, on passe sur la voie publique, il suffit que quelqu’un jette une poignée de clous sur la route et ça met la pagaille. »
Peter Sagan. En s’échappant encore hier pour marquer des points au sprint intermédiaire et terminer 2ème à Foix, Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) a accru son avantage au classement par points. Désormais on ne lui trouve plus d’adversaire à six jours de la fin du Tour. « Je me suis échappé pour prendre les points et j’ai failli gagner l’étape ! J’étais dans l’échappée et je me suis accroché dans les cols pour essayer de gagner, mais quand Sanchez a attaqué, les coureurs qui étaient avec moi attendaient que je fasse tout le travail. Je n’avais pas assez de sucre, je ne me suis pas assez alimenté et si Sanchez n’avait pas attaqué, les autres l’auraient fait ! J’espère atteindre Paris avec le maillot vert mais ce n’est pas fini, je ne peux pas me dire que le maillot vert est gagné. »
3 questions à… Didier Rous, directeur sportif de Cofidis
Didier, combien de crevaisons avez-vous dénombré dans l’équipe ?
Nous avons eu cinq crevaisons. C’est la première fois que je vois un tel acte depuis que je fais du vélo. Je trouve ça bête et idiot. Maintenant des idiots il y en a un petit peu partout, que ce soit sur les routes du Tour ou ailleurs. C’est mesquin et lamentable. Même si le Tour ne leur plaît pas, les gens ne sont pas obligés d’y venir, ou au moins qu’ils aient le courage de se montrer quand ils le font.
C’est rare, tout de même, de voir ça chez les supporters de vélo…
Non, là ce n’est pas un supporter. Les supporters du vélo sont des personnes civilisées, là ce n’est pas le cas, ne confondons pas. C’est pareil dans les stades de foot. Il y a des gens civilisés qui vont voir le foot parce qu’ils aiment ça, et d’autres qui viennent fouttre le bordel. Il en suffit d’un, et malheureusement il l’a fait.
Seriez-vous susceptible de porter plainte ?
Non, parce qu’il n’y a pas une grosse incidence sur le déroulement de la course. Par contre, si un coureur avait chuté à cause de ça, nous aurions porté plainte, ça c’est sûr. Et je pense qu’Astana devrait le faire. Robert Kiserlovski s’est cassé la clavicule certainement à cause de ça. Je les incite à porter plainte pour qu’on essaie de retrouver cet individu. Les gens ne se rendent pas compte du danger que ça représente pour les coureurs, quand on sait à la vitesse à laquelle ils vont dans une descente.
Propos recueillis à Foix le 15 juillet 2012.