Alejandro Valverde. Tombé à 25 kilomètres de l’arrivée à Metz, hier, Alejandro Valverde (Movistar Team) a subi un traumatisme important à la cuisse droite. Il a perdu 2’05 » sur les favoris. « C’est le Tour, on sait qu’il y a beaucoup de chutes et cette fois c’était mon tour, a commenté l’ancien lauréat du Tour d’Espagne, dont l’équipe entière est passée par l’infirmerie hier. Les gens sont fous dans le peloton, on dirait que tout le monde se croit capable de gagner le Tour. Tout n’est pas perdu. J’ai perdu plus de deux minutes mais c’est quelque chose contre laquelle je ne pouvais rien. Ce qui m’inquiète le plus est de savoir comment je vais dormir et dans quel état je serai demain. On sait que c’est une étape de montagne et ça va rendre les choses plus compliquées. Ça ne devrait pas être trop difficile de repartir, on verra comment les choses se passent. »
Infirmerie. Quatre coureurs ont été lourdement blessés hier dans la chute qui a mis à terre une trentaine de coureurs à 25 kilomètres de l’arrivée. Ces quatre coureurs sont restés sur le bord de la route avant d’être transférés à l’hôpital. Mikel Astarloza (Euskaltel-Euskadi) souffre d’une luxation du coude gauche réduite sur place. Thomas Danielson (Garmin-Sharp) a été évacué avec un petit traumatisme crânien après avoir perdu connaissance durant un bref instant. L’Américain souffre en outre de traumatismes à la clavicule, à la hanche et au coude. Davide Vigano (Liquigas-Cannondale) a été évacué avec un traumatisme de l’épaule. Enfin Wouter Poels (Vacansoleil-DCM) a subi un traumatisme basi-thoracique droit. Hier soir, les hôpitaux de Metz et Nancy ont en outre vu défiler une partie du peloton du Tour de France. Ce sont une vingtaine de coureurs qui ont été admis pour des bilans radiologiques.
Fabian Cancellara. Maillot jaune sur le dos, Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan) n’est pas passé loin du massacre mosellan hier. A l’arrivée, il a préservé la première place du classement général, pour la dernière fois normalement, et a livré sa version des faits : « toute l’étape a été comme ça, du départ à l’arrivée. Quand la chute s’est produite, nous étions en train de frotter. J’ai vu Davide Vigano tomber juste devant moi. Après ça, ça a été le bazar dans le peloton. On a regardé qui était là, qui n’était plus là. On s’est rendu compte que Frank n’était plus avec nous mais c’était déjà trop tard. Andreas Klöden était devant, dans le premier peloton. Et comme c’est notre leader de rechange, nous sommes restés avec lui. Frank était déjà trop loin, on ne pouvait pas s’arrêter et l’attendre ni faire ralentir le peloton. Nos plans vont changer pour le futur. »
Frank Schleck. Pris dans la chute lui aussi, Frank Schleck (RadioShack-Nissan) a perdu gros en direction de Metz. « Ce Tour ne me favorisait déjà pas, mais au moins j’avais trouvé la confiance au Tour de Luxembourg puis au Tour de Suisse, a-t-il déclaré. Maintenant il va falloir voir les dégâts et adapter mes objectifs. C’est dommage, la première semaine avait été parfaite, avec en plus le maillot jaune de Fabian Cancellara. J’étais encore sur ma forme du Tour de Suisse. Mais c’est le Tour, on a des hauts et des bas. J’ai mal aux côtes, c’est compliqué pour respirer. » Le Luxembourgeois a en outre tranché court quant à la polémique naissante liée au port des oreillettes : « tous les coureurs savent d’instinct qu’il faut être devant dans les 30 derniers kilomètres, oreillettes ou pas, donc ça frotte. »
Cadel Evans. Souvent malchanceux sur le Tour de France, Cadel Evans (BMC Racing Team) court à la perfection cette année encore. Il abordera la moyenne montagne tout à l’heure sans avoir connu le moindre pépin en première semaine de Tour. « Nous avions tendance à dire que le vrai test commencerait à la Planche des Belles Filles, mais peut-être a-t-il commencé vingt-quatre heures plus tôt, a commenté Cadel Evans. Je me sens assez frais actuellement. A vrai dire, pour moi, ça n’a pas été la plus difficile première semaine que j’ai pu connaître, c’est sûr. En comparaison au moins avec les Tours auxquels j’ai pris part, au nombre de huit maintenant. Mais cette fois, les jambes des coureurs commencent à s’affaiblir et demain sera le premier véritable test pour définir qui est vraiment venu ici pour la victoire au classement général. »
Jean-René Bernaudeau. Relativiste, le manager du Team Eurocpar Jean-René Bernaudeau a désigné les oreillettes pour fautives dans la chute qui a jeté à terre son leader Pierre Rolland. « Il faut vraiment qu’on arrête avec les oreillettes, qu’on cesse de dire aux coureurs de remonter, s’est-il insurgé à Metz. Il va falloir laisser faire les coureurs avec leur instinct car ils ne peuvent pas tous remonter. Tout le monde veut être près de son leader et tout le monde veut aller au même endroit dans le peloton. Il n’y a pas de place pour tout le monde, les bas-côtés sont glissants, et ça forme soudain un tas ! Mes coureurs m’ont témoigné qu’ils avaient eu une grande peur au moment de la chute qui a jeté trente coureurs par terre. Quatre coureurs ont fini à l’hôpital, les nôtres sont tous rentrés. Pierre a un problème. Nous perdons gros. Nous allons arriver sur des étapes difficiles où ça va déjà moins frotter mais ça a été une sale journée. »
3 questions à… Pierre Rolland (Team Europcar)
Pierre, comment vous sentez-vous au terme de la sixième étape du Tour ?
J’ai connu des jours meilleurs, mais c’est le jeu. On sait que pour faire une place au classement général, il faut être devant, il faut frotter. Il y a des jours où ça passe, là ce n’est pas passé. Je ne suis pas le seul. Ce soir je vais voir si je dois me faire poser des points de suture au coude et peut-être qu’il me faudra aller faire des radios pour mes côtes car j’ai mal à ce niveau.
Comment expliquez-vous la chute qui est survenue à 25 kilomètres de l’arrivée ?
Toute la journée ça a été nerveux, nerveux, nerveux. Il n’y a pas de raison particulière : la pluie, le vent. Tout le monde veut être devant, or il n’y a pas de la place pour tout le monde. A un moment donné des coureurs finissent par s’accrocher et ça forme un tas immense. Ça m’a fait un peu penser à la chute de Châteauroux l’année dernière.
Moralement, comment supportez-vous cet incident ?
Ça fait partie du jeu de la première semaine, tout ce que j’espère c’est que ça ira demain. Les côtes, ce n’est pas agréable. Ceux qui ont eu mal aux côtes un jour le savent. On verra comment ça va demain mais c’est un coup dur pour moi et l’équipe. Ça faisait presque une semaine que j’étais à l’abri du danger et ça tombe devant à 25 kilomètres de Metz, je suis un peu abattu.
Propos recueillis à Metz le 6 juillet 2012.