Thibaut Pinot. Contrairement à d’autres qui ont perdu leurs illusions dans l’ascension finale vers Ax 3 Domaines, c’est dans la descente du Port de Pailhères que Thibaut Pinot (FDJ.fr) a été mis en difficulté. Le Franc-Comtois a eu toutes les peines du monde à suivre le rythme du peloton pour plonger vers Ax-les-Thermes avant de connaître un ennui mécanique avant la dernière escalade du jour. « Ce genre d’étape est très difficile pour un coureur comme Thibaut qui a l’appréhension de la grande vitesse, affirme son directeur sportif Thierry Bricaud. En plus, il ne descend pas si mal que ça, il a énormément progressé mais il doit le faire encore et il le sait. Il est très déçu mais le Tour est loin d’être fini. S’il veut faire un Top 10, ce sera par rapport à des coureurs comme Evans. Aujourd’hui, Thibaut n’est pas à sa place et il le sait. »
Alberto Contador. En concédant 1’45 à Christopher Froome hier, Alberto Contador (Team Saxo-Tinkoff) a perdu la première bataille des Pyrénées. L’Espagnol n’a pu résister à l’accélération du Britannique à 5 kilomètres de l’arrivée avant de devoir limiter la casse. « Alberto a été bien protégé, jusqu’à l’arrivée, mais il a connu comme beaucoup une journée difficile sous la chaleur, explique son directeur sportif Dan Frost. C’est un énorme coup dur pour la confiance que d’être lâché de la sorte dans la première étape de montagne. Porte et Froome ont l’air très puissants, et ils ont remporté le premier round. Mais la course n’est ni gagnée, ni perdue. Il reste encore beaucoup de montagnes avant d’arriver à Paris, et nous allons chercher une faille dans la défense du Team Sky. »
Nairo-Alexander Quintana. Pendant de longues minutes, on a bien cru que Nairo-Alexander Quintana (Movistar Team) allait faire coup double à Ax 3 Domaines en remportant l’étape et en endossant le maillot jaune. À l’attaque dans le Port de Pailhères, le Colombien semblait bien parti avant que la machine Sky ne se mette en route. « Je suis content de mon étape, juge le grimpeur de 23 ans. Nous avions prévu d’attaquer dans Pailhères pour que j’aide Alejandro (Valverde) en perturbant le travail des Sky à l’avant. Mais je n’avais plus d’énergie dans le final, ils ont roulé très fort. Je suis arrivé sur le Tour sans compétition, mais je suis maintenant en parfaite condition. Les jambes étaient très bonnes. J’ai prouvé que je pouvais courir avec les meilleurs en montagne, et j’espère pouvoir retenter ma chance. »
Andy Schleck. Il y a encore deux ans, si Andy Schleck (RadioShack-Leopard) avait concédé 3’45 au vainqueur d’étape pour la première arrivée au sommet, on aurait parlé de défaillance du Luxembourgeois. Aujourd’hui, on pourrait presque dire que sa performance à Ax 3 Domaines était rassurante. En prenant la 21ème place hier, le vainqueur du Tour 2010 a prouvé qu’il était en train de retrouver son niveau, petit à petit. « J’ai dû les laisser partir, mais je suis content d’avoir figuré dans ce petit groupe dans la dernière ascension, confirme Schleck. Le rythme était un peu trop élevé pour moi, je ne peux pas le nier. J’ai décidé de faire la dernière ascension à mon rythme. Je ne gagnerai pas ce Tour de France, mais je savais avant le départ que je n’étais pas un favori. Il reste encore de bons moments sur ce Tour de France. »
BMC Racing Team. Au départ de Porto-Vecchio, le BMC Racing Team semblait confronté à un problème de riches avec deux belles cartes à jouer, celles de Cadel Evans, et de Tejay Van Garderen. Après la première étape pyrénéenne, le staff de la formation américaine peut faire une croix sur ses ambitions de victoire, voire de podium à Paris. « C’était ma pire journée sur le Tour et je suis en bonne santé. Je n’étais nulle part, a confié Evans. « Je savais que je n’étais pas à mon meilleur niveau, mais je ne m’attendais franchement pas à en être si loin. » Son jeune coéquipier américain s’est quant à lui dit victime de la chaleur. « Je ne pensais pas que cela allait être un problème. Mais aujourd’hui, elle semble m’avoir vraiment affecté », a expliqué pour sa part Van Garderen.
Sondage. Lauréat du classement par points l’an dernier, Peter Sagan (Cannondale) semble bien parti pour parader à nouveau en vert sur les Champs-Élysées. Le Slovaque a grappillé de précieux points en Corse, mais c’est vendredi, à Albi, qu’il a pris une véritable option. En demandant à son équipe de rouler sur les routes escarpées du Languedoc-Roussillon, le vainqueur de Gand-Wevelgem a distancé les purs sprinteurs et amassé un nombre important de points. Les deux tiers d’entre vous estiment que le maillot vert ne peut plus constituer un objectif pour Cavendish, Greipel et consorts qui ont une centaine d’unités de retard sur Sagan. Hier, c’est peut-être un autre maillot distinctif qui s’est joué, le plus prestigieux. Chris Froome a frappé un grand coup vers Ax 3 Domaines. A-t-il déjà remporté le Tour de France ? C’est notre question du jour.
3 questions à… Romain Bardet (Ag2r La Mondiale)
Romain, comment avez-vous vécu votre découverte de la montagne sur le Tour de France ?
C’était très impressionnant. C’était un vrai four au bas de l’ascension du Port de Pailhères. Tout le monde cherchait des spectateurs avec des bouteilles d’eau pour s’arroser. Nous étions à la limite du coup de chaud. J’ai cru que j’allais me ranger au bout de 3 kilomètres dans le Port de Pailhères. Je suffoquais. Et puis j’ai regardé à droite, à gauche, j’ai vu d’autres coureurs s’écarter brutalement. Je me suis dit que ce n’était qu’un mauvais moment à passer. J’ai pris mon mal en patience, je me suis accroché, beaucoup arrosé, et au bout de 4 kilomètres ça allait mieux.
Vous terminez 14ème au sommet d’Ax 3 Domaines, juste derrière Jean-Christophe Péraud. Comment avez-vous géré cette ascension finale ?
Je suis un peu déçu de ma dernière ascension. Quand j’ai vu que ça montait plus vite, je me suis écarté pour ne pas exploser complètement. Moins d’une minute avant Jicé (NDLR : Jean-Christophe Péraud). C’est dommage car nous avons roulé à 100 mètres l’un de l’autre toute la montée. Il était juste devant moi mais je n’ai pu être strictement d’aucune aide pour lui. À deux, j’aurais pu l’aider à limiter davantage les dégâts. J’ai pris le rythme de la Garmin-Sharp en ne pouvant que rester impuissant, 100 mètres derrière Jean-Christophe. C’est rageant car j’aurais aimé l’accompagner.
Chris Froome a pris possession du maillot jaune. A-t-il écrasé le Tour ?
C’est peut-être mieux comme ça. Ils vont avoir à contrôler la course pour garder le maillot, et ça ne va pas forcément être simple pour eux. Ils ont démontré qu’ils savent le faire mais je pense que ça va donner du piment à la suite de la course car ce ne sera pas simple à défendre. Il reste encore un bon bout de chemin d’ici Paris.
L’étape du jour… 9ème étape : Saint-Girons-Bagnères-de-Bigorre (168,5 km)