Avec la visite des cinq massifs français et des étapes à leur convenance tous les trois jours au moins, les grimpeurs avaient sur le papier la faveur des pronostics il y a trois bonnes semaines au départ de Düsseldorf. Il n’y avait que 36,5 kilomètres de contre-la-montre à réaliser, répartis entre les 14 kilomètres de Düsseldorf et les 22,5 kilomètres de Marseille. Or ce sont eux, à la lecture des semaines écoulées, qui auront fait la différence dans cette édition 2017 !
A bien y regarder, jamais Chris Froome (Team Sky) ne sera parvenu cette fois à réaliser des différences magistrales. Loin des récitals d’Ax-3-Domaines en 2013 ou de la Pierre-Saint-Martin en 2015, le Britannique aura en tout et pour tout gagné 8 secondes sur ses dauphins en montagne… quand il en aura déboursé une vingtaine sur une fringale dans les 300 derniers mètres qui menaient à Peyragudes. Autrement dit, même mineur, l’avantage en montagne va à Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac) et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), qui auront précédé Froome de 12 et 14 secondes respectivement sur ce terrain-là !
Les écarts entre Chris Froome et ses adversaires au fil du Tour :
Même avantage pour l’adversité si l’on s’attarde sur les bonifications attribuées aux arrivées d’étapes. Quand le Maillot Jaune a décroché 12 secondes (3ème à La Planche des Belles Filles, 3ème à Chambéry et 3ème à Serre Chevalier), Romain Bardet en a obtenues 14 (1er à Peyragudes, 3ème à l’Izoard). Contre 22 secondes de bonus pour Rigoberto Uran (1er à Chambéry, 2ème à Peyragudes et 2ème Serre Chevalier).
Dès lors, seuls les contre-la-montre auront permis à Chris Froome de faire pencher la balance en sa faveur. Et de quelle manière ! Sous le crachin de Düsseldorf, le Britannique aura eu plus de cran que ses adversaires, repoussés de 39 secondes pour Bardet, 51 secondes pour Uran. Avant d’enfoncer le clou à Marseille en laissant le Colombien à 25 secondes et le Français à 1’57 » ! Notons qu’au final, Rigoberto Uran décroche la 2ème place du classement général à 54 secondes de Chris Froome, soit peu ou prou la différence enregistrée à Düsseldorf (51 secondes). Il s’agit de la plus mince différence entre Froome et son dauphin en quatre éditions victorieuses : Nairo Quintana était à 4’20 » en 2013 puis à 1’12 » en 2015, Romain Bardet était à 4’05 » en 2016.
Les pertes et profits de Rigoberto Uran et Romain Bardet sur Chris Froome :