Il l’attendait depuis si longtemps, sa première victoire sur la Grande Boucle. Et il l’a enfin accrochée. John Degenkolb (Trek-Segafredo) a dompté les pavés entre Arras et Roubaix. Echappé en compagnie des Belges Greg Van Avermaet (BMC) et Yves Lampaert (Quick Step Floors), l’Allemand a été le plus rapide dans ce sprint à trois, résistant au retour du peloton des favoris. La joie pouvait se lire sur son visage, couvert de boue, à l’arrivée dans le Nord de la France, au terme de 156 kilomètres de course. « Je pense que c’est fantastique a avoué le vainqueur de Paris-Roubaix en 2015. Je ne peux pas trouver les mots justes pour exprimer ce que cela fait de gagner. Beaucoup de personnes ne croyaient plus en moi et pensaient que je ne reviendrais plus au même niveau qu’avant. Il y a quelques mois, j’ai eu un autre coup d’arrêt avec une chute sur Paris-Roubaix. Mon genou a été touché. J’ai dû m’arrêter de m’entraîner pendant quasiment quatre semaines. J’ai douté de moi-même mais grâce à l’aide de ma femme et de ma famille, j’ai trouvé la force de travailler en vue de l’objectif de remporter une victoire d’étape. Je savais que je pouvais sprinter face à ces gars. L’échappée avait un air de « déjà-vu » à Paris-Roubaix il y a trois ans. Cela a augmenté ma confiance lors du sprint. »
Si les meilleurs classicmens se sont joués la victoire d’étape à Roubaix ce dimanche, les nombreux leaders de chaque formation ont dû rester concentré pour ne pas tomber et ne pas perdre du temps avant d’entamer la montagne. Chez la Sky, le contrat a été parfaitement rempli. Chris Froome et Geraint Thomas ont été bien entouré tout au long de la journée pour terminer au sein du peloton des favoris, ne concédant que 27 secondes sur la ligne sur le vainqueur du jour. « C’était dur, nous savions qu’il y avait un long chemin à parcourir a expliqué le quadruple vainqueur du Tour Chris Froome. Geraint Thomas et moi avons bien été protégés. Nous avons eu des sections de pavés sur le Tour et heureusement, nous avons un jour de récupération demain. Je suis soulagé d’avoir réussir aujourd’hui et j’attends avec impatience la montagne, là où la course réelle pour le général commencera. »
Attendus par toute une nation pour jouer les places du général sur cette 105ème édition du Tour, les deux Français Warren Barguil (Fortuneo Samsic) et Romain Bardet (AG2R La Mondiale) ont réussi une étape quasi parfaite ce dimanche. Le vainqueur sortant du maillot à pois a terminé dans le même temps que Froome, Valverde, Dumoulin ou Nibali. « Je fais une belle étape, ce n’était vraiment pas facile, il fallait être très concentré toute la journée mais je me suis bien débrouillé a expliqué Barguil à l’issue de l’étape. Je ne cours pas souvent sur les pavés pourtant j’aime bien cela. J’ai évité les chutes, c’est le principal. Maintenant place à un peu de récupération, le match de foot sur l’Ipad en attendant l’avion avec les copains puis une bonne journée de repos avant d’attaquer la montagne. »
De son côté, le leader d’A2GR La Mondiale, Romain Bardet, a connu bien plus de difficulté sur son vélo. Le tricolore a crevé de nombreuses fois sur la route entre Arras et Roubaix. Mais il a toujours bénéficié du soutien de ses coéquipiers, le dépannant ou le ramenant dans le peloton des favoris. « C’est un miracle de ne perdre que sept secondes, c’est un miracle que je sois encore en course a avoué le grimpeur français. « J’avais une équipe phénoménale. J’ai la chance d’avoir sept mecs qui sont prêts à tout donner pour moi sur le vélo. Oliver (Naesen), c’est tout à fait le genre d’étape qu’il pourrait gagner. Silvan (Dillier) a fait deuxième de Paris-Roubaix. Tony (Gallopin) est un coureur de classe internationale » a loué Bardet. Au final, il a conservé un place dans le top 20 du général et pourra se concentrer tranquillement sur les prochaines étapes de montagne.
-LL