L’étape du jour : Mâcon – Saint-Etienne (200 km)profil étape 8 tdf 2019 | © ASO
8e étape de cette 106e édition de la Grande Boucle et à nouveau d’importants relief ! Pas de montagne toutefois entre Mâcon et Saint-Etienne, mais bien un enchaînement de multiples côtes casse-pattes qui empêcheront tout sprinteur d’envisager la victoire dans le Forez. En effet, pas moins de 7 ascensions sont répertoriées au grand prix de la montagne sur ce parcours dessiné par les organisateurs, dont 5 classées en 2e catégorie. Généralement longues de cinq kilomètres et à la déclivité avoisinant parfois les 8-9%, elles devraient user progressivement des coureurs déjà bien émoussés par une première semaine compliquée.
Sur un tel profil, l’échappée devrait être une nouvelle fois à la fête après l’étape de la Planche des Belles Filles. On pourrait ainsi envisager de voir sortir en costaud un groupe d’une quinzaine de coureur à l’issue d’une bataille féroce de plusieurs dizaines de kilomètres. Les difficultés se succédant à un rythme effréné devraient alors en sélectionner les meilleurs éléments pour les laisser s’affronter dans la côte de la Jaillère (1,9km à 7,9%) à 12 bornes de l’arrivée ou bien au sprint à Saint-Etienne.
Côté favoris, la bagarre peut également faire rage. Après la perte de son maillot au sommet de la Planche des Belles Filles pour une poignée de secondes, Julian Alaphilippe aura sûrement à cœur de reprendre son bien sur un terrain qui lui est favorable. Les plus audacieux pourraient également tenter dans fausser compagnie à leurs rivaux dans l’ultime ascension de la journée, profitant du final tortueux pour échapper à leur retour. De ce fait, si cette 8e étape n’est pas la plus attendue de ce Tour 2019, elle pourrait bien nous réserver de belles surprises !
La Grosse Cote du Jour : Alessandro De Marchialessandro de marchi | © Sirotti
Qui de mieux qu’un « super combatif » pour venir à bout d’une telle étape ? Pas avare de ses efforts, adeptes des longues escapades à l’avant de la course, l’italien est véritablement devenu au fil des années un spécialiste de l’échappée. Déjà triple vainqueur d’étape sur la Vuelta, le coureur de la CCC a su progressivement développer une vraie science de la course, nécessaire pour espérer l’emporter à Saint-Etienne. Capable de flairer le bon coup pour éviter de multiplier les offensives, gestionnaire de ses coups de pédales face au vent une fois parti, suffisamment saillant pour que sa saule attaque dans le final soit la bonne, il possède désormais tout l’apanage du parfait baroudeur, du chasseur d’étape idéal.
Une nouvelle fois très en vue cette saison, autant sur Paris-Nice avec sa deuxième place au classement de la montagne que sur l’Amstel Gold Race, qu’il a conclu à la 7e place, il pourrait enfin ouvrir son compteur sur la Grande Boucle dans le Forez, après sa 5e place au Pla d’Adet en 2014. Une chose est sûre, aujourd’hui, gardez le bien à l’œil !
Le beau geste de la veille : quand les échappés s’accordent sur le plus combatif du jour
Plus besoin de commissaires ou de jurés pour désigner quotidiennement le plus combatif de l’étape ! En effet, ce sont désormais les coureurs eux-mêmes qui décident de l’identité de l’homme à qui il est remis semble-t-il. En tout cas, c’est ainsi que s’est déroulée une scène inédite lors des derniers kilomètres de la 7e étape : alors qu’au contraire de son compagnon d’infortune, Yoann Offredo, Stéphane Rossetto avait déjà été distingué par ce prix lors de cette édition 2019, le coureur de la Cofidis s’est écarté et relevé lorsque l’aventure s’apprêtait à prendre fin, laissant le natif de Savigny-sur-Orge effectuer encore quelques centaines de mètres en solitaire, tel un véritable « combatif ». Un arrangement entre les deux coureurs franciliens, également amis dans le vie, qui a peut-être influencé la décision des commissaires puisque, quelques instants après cette scène, le verdict du jury a été similaire à celui des deux hommes.
Une Histoire du Maillot Jaune : 14 juillet 1990 : Chiappucci à la dérive
Tour de France 1990 : à la sortie des Alpes, Claudio Chiappucci s’est offert un beau matelas d’avance sur ses adversaires les plus dangereux au classement général. Reléguant Lemond et Delgado à respectivement 7 minutes 30 et 9 minutes, il peut commencer à sérieusement entrevoir la victoire sur les Champs-Elysées. Régulier dans ses résultats, relativement à l’aise dans tous les domaines, sa bonne traversée du premier massif majeur de cette Grande Boucle 1990 lui a permis de croire en ses chances. Au soir du contre-la-montre de Villard-de-Lans, il récupère même le maillot jaune aux dépends de Ronan Pensec.
Pourtant, le lendemain, la tendance va s’inverser. En ce 14 juillet 1990, entre Villard-de-Lans et Saint-Etienne, ses rivaux lui ont organisé sa fête. Et plus particulièrement les Z, qui ont l’obligation de se montrer pour cette arrivée à quelques kilomètres du siège du sponsor.
C’est ainsi que dès les premiers kilomètres de course Ronan Pensec se lance à l’offensive pour tenter de récupérer son bien perdu la veille. Aidé par certains de ses équipiers l’ayant accompagné dans sa fuite, il reprend même un certain temps virtuellement la tunique de leader. Un long bras de fer s’engage alors avec le groupe maillot jaune. Les équipiers de Chiappucci s’affèrent vivement à combler l’écart, laissant de nombreuses plumes dans la bataille. Si l’issue est finalement favorable aux coureurs de la Carrera, après une longue résistance des adversaires de la Z, le ton n’en est pas moins donné par le leader italien.
En effet, quelques kilomètres plus tard, c’est au tour de Greg Lemond de s’extirper du peloton. Pour la première fois depuis le grand départ du Futuroscope, l’américain se décide à se montrer offensif pour tenter de faire basculer la course en sa faveur. Maillot de champion du monde sur les épaules, il s’envole alors sur un rythme infernal. Seul six concurrents parviennent à s’accrocher à sa roue, au prix de terrifiants efforts. Cette fois, c’en est trop pour les équipiers de la Carrera, qui ne parviennent pas à contre-carrer les plans diaboliques de l’américain.
Sous la formidable impulsion de ce dernier, vraisemblablement déchaîné sur les routes du Forez, l’écart entre les deux groupes enfle dangereusement. Une minute, puis deux puis trois… C’est la déroute pour le leader italien, qui voit là fondre le bel avantage qu’il avait peiné à acquérir lors des deux premières semaines. La sentence s’annonce sans pitié pour le maillot jaune.
Totalement dépassé par la tournure des évènements, abandonné par ses équipiers, il décide d’emmener seul le peloton à la poursuite des fuyards. Mais cela n’y fait rien. Il a beau se démener, s’arracher, se dépasser pour limiter les dégâts, il continue de perdre seconde après seconde sur son rival américain.
A Saint-Etienne, l’addition s’avère excessivement salée pour l’italien. S’il conserve pour le moment sa tunique dorée, il concède près de 5 minutes au champion de monde, le laissant revenir dans la course au maillot jaune, désormais 3e du classement général à seulement 2 minutes 30 de la première place. Un léger retard qu’il s’apprêtait à facilement combler dans les Pyrénées pour lever une troisième et dernière fois les bras sur les Champs-Elysées.
La spécialité du coin : La Fourme de Montbrisonfourme de montbrison | ©
8e étape et seulement premier fromage pour notre rubrique des spécialités culinaires locales ! Si le Général de Gaulle en avait noté 258, nous allons découvrir l’une de ces multiples variétés de ce met bien français. Ainsi, sur les monts du Forez, que parcourront aujourd’hui les coureurs du Tour de France, est fabriqué la fourme de Montbrison, fromage aux nombreux labels et distinctions. En effet, produit au palmarès très fourni, de son inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2018 à son territoire labellisé Site Remarquable du Goût par le Ministère de l’Agriculture, il se distingue par sa qualité au sein de la riche gastronomie locale. Fromage de vache à la pâte persillé, il peut être mis à l’honneur dans de nombreuses recettes : fondue, raclette, crêpes… et même tartifourme !