L’étape du jour : Reims-Nancy (213,5 km)profil étape 4 tdf 2019 | © ASO
Si la Lorraine est bien vallonée par endroit, les organisateurs ont décidé de contourner les bosses en reliant Reims à Nancy. Seulement deux ascensions de quatrième catégorie ponctuent donc le parcours de cette quatrième étape, semble-t-il dévolue aux sprinteurs. Dans une première semaine moins riche en arrivées massives qu’à l’ordinaire, ces derniers ne laisseront sûrement pas échapper cette belle occasion d’ajouter une prestigieuse ligne à leur palmarès. Les grands axes routiers empruntés par le peloton en direction de Nancy devraient permettre à leurs équipiers, encore frais après trois jours de course, de revoir facilement les quelques fuyards qui se seront vu auparavant offrir un bon de sortie.
Toutefois, ténors des montagnes, attention ! Si les routes arborées devraient empêcher toute tentative de bordure, la tension sera en revanche de la partie ! Il faudra frotter pour garder sa position, quitte à risquer de chuter…
La Grosse Cote du Jour : Giacomo Nizzolo
Il ne fait pas de bruit, n’apparaît pas dans la sphère médiatique, reste à l’ombre des projecteurs, mais il compte pourtant autant de succès que Peter Sagan cette saison. Giacomo Nizzolo, l’homme aux deux maillots cyclamen sur le Tour d’Italie mais au compteur de victoires sur les Grands Tours resté désespérément figé à 0. Le natif de Milan a multiplié les accessits sur son tour national (9 fois deuxième !) sans jamais parvenir à y lever les bras. Perdant magnifique, sprinteur dépourvu du fameux « kick » des champions, il comporte actuellement un palmarès bien en-deçà de sa valeur intrinsèque.
Pourtant 2019 est peut-être l’année du changement pour Nizzolo. Passé chez Dimension Data après avoir effectué ses neuf premières années de carrière au sein de la struture américaine Trek (qui a évolué de Leopard Trek à Trek Segafredo en passant par RadioShack), il participe également pour la première fois à la Grande Boucle, après avoir découvert la Vuelta l’année dernière. Surprenant quatrième de la première étape alors qu’il sort d’un Giro conclu par un abandon à la 13e étape, il pourrait rêver de s’offrir la plus belle victoire de sa carrière dans les rues de Nancy… A suivre !
L’œil sur le dossard 101
Journée stressante mais finalement sans encombre pour Adam Yates, qui a préservé le plus important, à savoir sa place au classement général parmi les favoris et sa santé ! Pas de chute, de crevaisons ni même d’accrochage à noter pour le britannique, qui se débarrasse ainsi d’une étape annoncée potentiellement piégeuse. Toutefois, bémol de la journée, le coureur de la formation australienne Michelton-Scott a laissé échapper 5 petites secondes sur des hommes comme Pinot ou Bernal à l’arrivé, à cause d’une cassure concédée par Gerraint Thomas devant lui. Rien de conséquent donc, mais autant de secondes perdues qui pourraient peut-être compter dans la balance à Paris… Attention à ne pas les regretter…
Le beau geste de la veille : le « check » de Yoann Offredo
S’il est évident qu’une échappée sur le Tour de France s’inscrit bien dans le contexte d’une compétition sans merci, où les 21 bouquets d’étapes proposés aux coureurs n’en contentent finalement que peu, celle-ci peut parfois se transformer en véritable aventure commune. C’était le cas ce lundi des quatre français partis à l’avant, Anthony Delaplace (Team Arkea-Samsic), Paul Ourselin (Team Total Direct-Energie), Stéphane Rossetto (Cofidis) et Yoann Offredo (Wanty Groupe Gobert). Emoussés d’une journée complète à affronter les routes du Grand-Est, distancés facilement par le belge Tim Wellens, rattrapés par un peloton qui ne leur a laissé aucune chance, les concurrents sont devenus quelques heures des compagnons de galère.
Une solidarité illustrée par le beau geste de Yoann Offredo peu avant que les quatre hommes se fassent engloutir par la meute, qui décida d’aller saluer un à un par un « check » du poing ses compères du jour, en commençant par son camarade d’entraînement francilien, Stéphane Rossetto. Comme quoi le Tour de France dépasse largement la dimension d’une simple course pour prendre l’envergure d’une véritable aventure humaine !
Une Histoire du Maillot Jaune : Le début du règne de Bernard Hinault
« Une fois de plus, j’ai eu affaire à un très grand coureur. Lui gagnera encore plusieurs fois le Tour. Moi jamais ! ». Telles furent les mots de Joop Zoetemelk à l’arrivée du contre-la-montre Metz-Nancy du Tour de France 1978, assommé par la performance herculéenne de son rival de toujours, Bernard Hinault. Après avoir brillé en montagne, le néerlandais est parvenu à enfiler le maillot jaune 14 secondes sur le natif d’Yffiniac, alors qu’il ne reste plus que deux jours avant l’arrivée sur les Champs-Elysées. Ce contre-la-montre est l’ultime chance du breton de renverser la vapeur, de faire basculer le sort, et de s’emparer de la précieuse tunique dorée. Sur cette distance titanesque proposée par les organisateurs, les écarts s’apprêtent à se chiffrer en minutes et non en secondes, rien n’est donc joué entre les deux hommes.
Pourtant le suspens prend rapidement fin. Sur les routes de Lorraine, le « Blaireau » démarre très fort, au point qu’il s’empare virtuellement du maillot jaune après seulement 11 kilomètres parcourus. Pourtant Zoetemelk résiste vaillamment, refuse de s’avouer vaincu. Il s’impose un rythme infernal pour rester dans l’allure du « Blaireau » et croire encore en ses chances. Au 35e kilomètre, ses 48 secondes de retard sur Hinault lui permettent de se rêver encore en jaune en cas de défaillance physique ou de crevaison de son adversaire.
Mais finalement, poussé dans ses retranchements, impuissant face à une telle démonstration de force, tétanisé par l’enjeu, le néerlandais perd progressivement pied. Gêné par le vent de face qui freine son avancée, il finit par s’effondrer. Les secondes de retard qu’il accusait jusque-là deviennent des minutes, la tunique dorée qu’il pouvait encore espérer s’envole définitivement sur les épaules d’Hinault.
A Nancy, le français remporte magistralement le contre-la-montre avec plus d’une minute d’avance sur le deuxième du jour, Joseph Bruyère. Zoetemelk, quant à lui, s’incline pour 4’10, laissant le « Blaireau » enfiler le tout premier maillot jaune de sa carrière, au terme d’une véritable démonstration de force. Clin d’œil de l’histoire, 41 ans plus tard, le maillot jaune sera à nouveau tricolore dans les rues de la cité nancéenne, après l’exploit de Julian Alaphilippe de la veille.
La spécialité du coin : Les Bergamotes de Nancy
bergamotes | © www.lesfousdeterroirs.fr
Après la Croquignole de Reims, le Grand-Est nous propose une autre sucrerie pour cette quatrième étape : les Bergamotes de Nancy ! Confiseries à sucer délicatement, elles nécessitent la reproduction exacte des recettes ancestrales pour être parfaitement réussies. Petits écus carrés de sucre cuit agrémentés d’essence de bergamote, agrume provenant des régions chaudes du Sud de l’Europe, elles participent pleinement au patrimoine culinaire de la cité nancéenne, au plus grand bonheur des enfants !