On n’a pas attendu longtemps avant de le voir à l’œuvre. Deuxième étape et première victoire, déjà, pour Peter Sagan, le Slovaque le plus apprécié et le plus déjanté du peloton. Après s’être fait devancer samedi par l’éblouissant Fernando Gaviria (Quick-Step Floors), son jeune cadet aux dents longues, le leader de la Bora-Hansgrohe a remis les pendules à l’heure en se montrant décisif sur le deuxième rendez-vous des sprinteurs de ce Tour. Intraitable, Sagan n’a fait qu’une bouchée d’Arnaud Démare (Groupama-FDJ) et de Sonny Colbrelli (Bahrain Merida) pour ravir l’étape, et faire coup double, en enfilant la tunique jaune sur ses épaules. « C’est une journée parfaite. J’ai eu un peu peur de Colbrelli, mais j’ai gardé un peu d’avance sur la ligne. Il faut souligner le travail incroyable de toute mon équipe qui me permet de gagner et de prendre le maillot jaune. C’est toujours un moment spécial, je vis un très bon début de Tour, s’est contenté de confier le Slovaque sur la ligne.
Arnaud Démarre, lui, était un peu déçu, après avoir lancé le sprint et s’être fait dépasser sur la ligne par Sagan et Colbrelli. « Troisième, ce n’est pas si mal, les jambes étaient là. J’ai lancé de trop loin mais je n’avais pas trop le choix, et c’est plutôt quelque chose que je sais faire mais Sagan était très fort. Quand j’ai lancé le sprint, je me doutais que les mecs dans ma route auraient l’avantage. » Pris dans une chute, Fernando Gaviria, premier maillot jaune de ce Tour, n’a lui pas pu se mêler au sprint final. « On voulait faire le maximum pour que Fernando (Gaviria, NDLR) puisse jouer la gagne mais la chute fait partie de la course, relativisait son coéquipier, Julian Alaphilippe. Ça va tellement vite, il y a tellement de monde. C’est tout simplement ce qui fait la course sur le Tour de France, c’est ça aussi qui fait le Tour. Il y a plus de stress que sur d’autres courses. C’est dommage, il y aura d’autres occasions. »
3ème étape : place au contre-la-montre par équipes
Les favoris à la victoire finale n’ont pas manqué de cocher ce premier contre-la-montre par équipes autour de Cholet (35,5 km). Même si les écarts ne devraient pas être conséquents, certains pourraient en profiter pour reprendre un peu de temps perdu où accentuer encore un peu plus leur avantage. Peter Sagan, lui, pourrait bien perdre son maillot jaune.
L’avis du local de l’étape, Damien Gaudin (Direct Energie) :
« Pour moi, c’est un chrono « mal plat ». La ville de Cholet étant dans un trou, les équipes engagées devront gravir une côte pour quitter la ville, presque à froid. Une bonne montée à 4 ou à 5 % au bout de seulement trois minutes d’effort peut faire mal si l’échauffement a été mal effectué. En plus, lors d’un contre-la-montre par équipes, il y a toujours un élément qui a du mal à se mettre dans le bain. Ensuite, on évoluera sur de belles routes, abritées par des haies. La dernière partie sera plus difficile : les côtes de La Romagne, et surtout celle de La Séguinière, bien connue des habitués de Cholet Pays-de-la-Loire, vont corser le jeu. Dans La Séguinière, qui imposera de repasser sur le petit plateau, les plus faibles risquent de sauter. Il faudra bien veiller à l’homogénéité du groupe, et à conserver assez de coureurs ensemble pour franchir la ligne d’arrivée. Il n’y aura pas d’écarts importants, mais un favori d’une équipe de gros rouleurs peut espérer reprendre 45 secondes ou 1 minute à un adversaire moins bien entouré. »
Romain Boisaubert