Une dernière journée de repos, avant l’ultime bataille. Cette année, les Pyrénées seront le théâtre d’un affrontement qui s’annonce intense entre les deux leaders de la Sky, Christopher Froome et Geraint Thomas et celui de la Sunweb, Tom Dumoulin. Sans oublier, non plus, Primoz Roglic (LottoNL-Jumbo) et Romain Bardet (AG2R La Mondiale) distancés, mais encore dans la course, même si le Français, lui, se montre plus réaliste, un brin fataliste. « Plus de trois minutes de retard sur le Maillot Jaune, c’est beaucoup. Sauf catastrophe immense pour les coureurs qui me précédent, je ne serai pas en jaune à Paris. »
S’il ne semble pas résigné, Romain Bardet s’est fait une raison. Lui qui rêvait ouvertement d’une victoire sur le Tour cette année, devrait, au mieux, décrocher un podium dimanche sur les Champs-Elysées. La faute à une concurrence féroce et un duo Thomas-Froome décidément étincelant. « Je suis plus fort qu’il y a deux ans, plus fort que l’an dernier, et pourtant, je suis à plus de trois minutes du premier. C’est un paradoxe, car je ne me suis jamais senti aussi fort » clamait le Français il y a quelques jours.
Devant, si Froome et Thomas subissent chaque jour le comportement « inacceptable » du public français à leurs égards, les deux leaders de la Sky sont dans une position idéale pour remporter le Tour. « On est dans une situation fantastique, 1er et 2ème, alors pourquoi est-ce que l’on devrait changer quoi que ce soit ? s’interrogeait le quadruple vainqueur du Tour de France lors de la journée de repos. C’est désormais aux gars qui sont derrières d’essayer de nous attaquer. S’ils ne le font pas, ils resteront à leur place, et nous on aura gagné. »
16ème étape : les Pyrénées, enfin
C’est ici, dans le massif des Pyrénées, que devrait se décanter, enfin, ce Tour de France 2018. En ce lendemain de jour de repos, les cent cinquante coureurs encore présents sur les routes du Tour s’apprêtent à prendre le départ, mardi, de la plus longue étape de montagne, entre Carcassonne et Bagnères-de-Luchon (218 km). L’occasion, pour les favoris les plus distancés, de refaire une partie de leur retard. L’occasion, aussi, pour le tiercé de tête, Froome-Thomas-Dumoulin, d’en savoir encore un peu plus sur qui est définitivement le plus à même de remporter la Grande Boucle cette année.
Les principales difficultés de la journée : le Col de Portet-d’Aspet (5,4 km à 7,1 %), le Col de Menté (6,9 km à 8,1 %) et le Col du Portillon (8,3 km à 7,1 %)
L’avis du local de l’étape, Guillaume de Almeida (professionnel entre 2016 et 2017) :
« Le jour de repos de lundi va être crucial. Certains coureurs vont avoir du mal à se remettre en route. On pourrait assister à des surprises. Le programme du jour est chargé, avec la plus longue étape de montagne de ce Tour de France (218 km). La première partie n’est pas si facile. De Pamiers jusqu’à Portet-d’Aspet, il n’y a que des montées et des descentes, des petits coups de cul usants. Les coureurs vont arriver entamés au pied des cols. Celui de Portet-d’Aspet est très court, mais aussi très pentu. Il peut faire des dégâts. Dans celui de Menté, abordé par son versant le moins difficile, des outsiders ou des coureurs distancés au général pourraient être tentés d’anticiper. Le terrain se prête bien à une offensive. Le Portillon va se grimper très vite : pas plus de 30 minutes d’ascension. Suffisant pour voir la bagarre entre favoris. »
R.B.