Par rapport à la transition entre 2018 et 2019, est-ce qu’on peut imaginer pour le mois de janvier avoir des coureurs d’AG2R La Mondiale devant en cyclo-cross ?
Cela n’est pas d’actualité à l’heure actuelle. On n’a pas de coureur susceptible de briller en Championnat de France de cyclo-cross. Ça devient de plus en plus compliqué, on voit que les coureurs sont de plus en plus spécialisés dans cette discipline qui est le cross donc non, il n’y aura pas de prétendant à un maillot tricolore sur le prochain Championnats de France de cyclo-cross.
Julien Jurdie, Directeur Sportif d’AG2R La Mondiale
Pour février le cyclisme s’exporte au Moyen Orient, est-ce que tu penses que le cyclisme peut prendre dans les nouveaux pays de conquête comme le Qatar, les Emirats et autres ?
Effectivement, on le voit depuis plusieurs années, dans tous les sports, que les Emirats Arabes occupent une grande place et c’est clair que le cyclisme veut aussi trouver sa place au milieu de tout cela. Je trouve que c’est plutôt intéressant, le mois de février est toujours dense en Europe et malgré tout ça permets d’avoir une place intéressante pour faire du vélo dans des bons conditions climatique et de préparer les gros événements du mois de mars, que ça soit Oman au Abu Dhabi pour 2019. Elles sont des courses intéressantes, bien organisées, ce qui satisfait l’ensemble de équipes professionnelles.
Penses-tu que le cyclisme prendra de la place à travers des événements qui sont organisés ou à travers des équipes comme on voit aujourd’hui, Barhain ou Team Emirates par exemple, qui portent les couleurs de ces pays ?
Il faut voir la stabilité financière de ces équipes. J’ai vu récemment que UAE proposait un contrat sur 3 ans à un sprinter donc ça veut dire que ces équipes s’installent dans la durée malgré tout, donc c’est intéressant. L’argent est présent dans ces pays donc ça serait dommage de s’en priver.
Au mois de mars on pense entre autres à Paris Nice et à Tony Gallopin. Est-ce que tu penses que Tony est en mesure d’aller jusqu’au bout et d’amener le maillot jaune jusqu’à Nice ?
Tout à fait. Je pense que celles sont les qualités premières de Tony Gallopin. Une course d’une semaine. On l’a vu briller cette année sur un Grand Tour : La Vuelta, on l’a vu très performant et très à l’aise dans les montées difficiles de la route espagnole. Donc je pense que, évidemment selon le tracé de Paris Nice et c’est clair que nous préférons un Paris Nice difficile, Tony Gallopin a les qualités pour gagner ce Paris Nice. Je pense que La Vuelta lui a apporté beaucoup de confiance, de sérénité et effectivement on pourra avoir une équipe très forte sur les routes de Paris Nice.
Tony Gallopin en 2018
Avril c’est le mois des classiques. Cette année vous avez fait un « top 2 » à Paris – Roubaix. Vous avez fait aussi des très bonnes places sur des ardennaises, notamment Liège Bastogne Liège. À choisir, tu choisirais une victoire sur les flandriennes ou une victoire sur les ardennaises.
Les deux ! Je pense qu’on a de la place pour pouvoir gagner des deux côtés. Romain Bardet a fini 3ème de Liège Bastogne Liège, Silvan Didier 2ème de Paris Roubaix. On sait qu’on a aussi un garçon très fort dans ce domaine, sur les pavés avec Olivier Naesen, donc je pense qu’on a beaucoup de cartes pour bouger sur les classiques d’un jour et c’est le cas de 2018. On a vu l’équipe AG2R La Mondiale très brillante et très présente sur les courses d’un jour, donc j’espère qu’en 2019 on va continuer à progresser. Je pense qu’on a des bonnes cartes pour être présent et pour monter sur le podium des flandriennes et des ardennaises.
Silvan Dillier avec maillot de Champion de Suisse en 2018
Le mois de mai c’est le mois du Giro. Est-ce qu’on peut envisager Romain Bardet sur le Giro en 2019 ou sur les années très proches ?
Oui, j’imagine que dans les années à venir Romain Bardet et le staff aurons des envies de disputer le Giro en 2019, en 2020, en 2021… Pour l’instant cela n’est pas encore défini. On ne connait pas le tracé ni du Tour de France ni du Giro, donc pour l’instant on reste dans le flou par rapport à la planification 2019 mais c’est clair, je pense que dans un futur plutôt proche Romain Bardet sera présent sur le Giro.
Lorsqu’on voit cette année Thibaut cette année presque sur le podium à un jour de l’arrivée, automatiquement si lui et Romain Bardet ont des qualités similaires, c’est clair que c’est dans ses cordes.
Oui et en plus Romain Bardet arrive dans ses belles années, on sait qu’il y a trois, quatre ou cinq ans où il va être très fort physiquement, mentalement il a pris de la maturité donc c’est intéressant d’être présent et de pouvoir jouer la gagner sur un Grand Tour. L’objectif prioritaire malgré tout reste Le Tour de France. On sait que c’est la course la plus importante pour le grand public, pour l’équipe, pour les médias… Donc forcément en 2019 l’objectif numéro 1 restera le Tour de France.
Juin c’est le mois des Championnats Nationaux, entre autres. Penses-tu que, pour la cote d’amours d’AG2R La Mondiale, un maillot tricolore sur le Tour de France fait rêver ?
Oui, effectivement c’est un maillot qui nous manque depuis 2007 avec Christophe Moreau, on n’a pas eu la chance de porter ce magnifique maillot bleu-blanc-rouge, et c’est vrai qu’on y apporte chaque année, malgré tout, beaucoup d’attention pour essayer d’être bon et essayer de pouvoir prendre ce maillot à la FDJ. J’espère que le parcours en Loire Atlantique nous permettra d’être offensifs et d’aller chercher ce maillot qui nous manque et c’est vrai que le porter sur le Tour de France serait génial.
Romain Bardet au Tour de France 2018
Juillet, forcément, c’est le mois du Tour. Il y a une arrivée d’étape à Brioude et vous avez un garçon de Brioude dans votre équipe, ça veut dire que Romain Bardet sera sur le Tour en 2019 avec des nouvelles ambitions comme toujours ?
Il y a de grandes chances bien évidemment, ça reste l’objectif numéro 1 de l’équipe et on va mettre l’équipe la plus forte possible au départ du Tour. Personnellement j’habite à Saint-Etienne et l’étape qui arrive à Brioude partira de Saint-Etienne et j’espère qu’on aura une équipe très forte. On l’a prouvé dans le passé, on a été très présent depuis plusieurs années sur le Tour en termes de podiums, de victoires d’étapes donc j’espère qu’on sera à ce niveau en 2019 pour briller de nouveau.
Par rapport au Tour et aux Grands Tours, nous avons fini la première saison dont le nombre de coureurs a été réduit de 9 à 8 cyclistes sur les Grands Tours, et proportionnellement sur les autres courses… Quel bilan fais-tu sur cette modification ?
J’étais pessimiste en début de saison et je trouve que c’est malgré tout une bonne idée. On a découvert des opportunités plus importantes pour jouer la gagne, des incertitudes par rapport à certaines équipes dont il manquait un coureur parce que huit moins un fait 7 donc ça devenait plus compliqué. Je trouve que c’est plutôt une bonne solution d’être à sept sur les courses du calendrier « classique » et à huit sur les Grands Tours, je pense que c’est bien même si je n’étais pas de cet avis il y a un an. C’est clair que l’année dernière nous avons été pénalisé sur le Tour. On s’est retrouvé à cinq avec Axel Domont et Alexis Vuillermoz, donc c’était très compliqué pour nous…
Les 8 coureurs d’AG2R pour le Tour de France 2018
On est au mois d’août. Est-ce que tu imaginerais un « Moyen Tour » sur 15 jours ?
Non. Parce qu’il n’y a que trois Grands Tour en une saison. Un Grand Tour ça reste 3 semaines, et ça reste une aventure humaine, mentale, et c’est vraiment intéressant de voir les choses qui passent en 3 semaines. Pour moi, ça cacherait beaucoup de choses de voir un Grand Tour sur 2 semaines. C’est l’histoire du sport et du cyclisme en particulière, d’avoir ces courses d’endurances. 3 semaines c’est long c’est difficile, on voit beaucoup de choses et dans un groupe on voit beaucoup de choses se faire dans le staff, les coureurs… C’est magique. Ça manquerait du piment.
On arrive au mois de septembre. Le calendrier se prolonge très largement notamment avec le calendrier en Asie. Quel est ton sentiment sur ce calendrier « en rallonge » ?
Effectivement, ça devient compliqué. On quitte la saison au mois d’octobre et on reprend la saison au mois de janvier en Australie, donc le temps de récupération est vraiment limite. Je pense qu’on est de la limite dans ce sens et je ne suis pas trop favorable à voir mes coureurs partir mi-octobre pour effectuer 10 jours de courses en Chine.
AG2R La Mondiale, 11ème place du Ranking UCI 2018
On va parler du cyclisme féminin. À quand une équipe féminine AG2R La Mondiale ? Parce que maintenant ça devient un peu à la mode…
Je ne sais pas, honnêtement je ne sais pas. Je suis dans mon job avec les garçons, je suis heureux. Effectivement on a vu le cyclisme féminin se développer, on voit des belles choses à la TV, est-ce qu’il y a de la place pour ces filles ? Je l’espère bien. Mais je ne sais pas si dans le futur AG2R La Mondiale aura une équipe féminine.
L’UCI envisage de créer un salaire minimum pour les filles. Est-ce que tu serais pour la parité entre les hommes et les femmes à compétition égale ?
Compétition égale oui, mais on est encore loin de ça… C’est vrai que le cyclisme est difficile et pour moi c’est impossible que les filles puissent faire des distances au-delà de 200 km ou des courses de 3 semaines, donc pour moi c’est vraiment un sport différent qui est joli à voir mais pour moi ceux sont deux sports très différents.
A ton avis, quel serait le bon format pour un Tour féminin ? Un Grand Tour de 3 semaines serait impossible actuellement, il y a aussi le format de la Course by le Tour et le format du Giro Rosa.
Une semaine complète pour les féminines avec un format traditionnel : CLM individuel, CLM par équipe, étapes de montage et étapes de plat. C’est le transfert ce qu’il faudrait gérer parce que faire une grande boucle en une semaine c’est compliqué mais je pense qu’un format d’une semaine avec ce qu’on retrouve pour les garçons sur 3 semaines serait l’idéal.
Le Giro Rosa s’est disputé du 6 au 15 juillet 2018