Bernard Hinault – Greg LeMond
En 1985, Greg LeMond débarque dans l’équipe La Vie Claire de Bernard Tapie. Il choisit de quitter Cyrille Guimard et Laurent Fignon pour rejoindre un autre champion de l’époque, Bernard Hinault. A ce moment là, l’américain a déjà été sacré champion du monde sur route en 1983 et a remporté le maillot blanc de meilleur jeune sur le Tour de France 1984. Le duo semble fonctionner puisque le Blaireau remporte le Giro en 1985, épaulé comme il se soit par son équipier américain. A l’approche du Tour de France, Hinault fait office de favori.
L’objectif affiché par la formation française de faire gagner à Bernard Hinault son cinquième Tour de France est sans équivoque. Sur le Tour, l’Américain de 24 ans, pourtant très à l’aise, coupera ses efforts respectant la volonté de Tapie et de son directeur sportif de l’époque, Paul Köchli. Greg LeMond aidera son leader, quitte à rouler à contre-coeur par moment, comme lorsque le Blaireau est en difficulté dans le Tourmalet. Bernard Hinault lui promet de lui rendre la pareille en l’aidant à gagner l’année suivante le Tour de France. Plusieurs années après, Greg LeMond avait déclaré: « Le plus fort c’était moi, mais Tapie voulait absolument qu’Hinault gagne son cinquième Tour. Il m’a manipulé. Si j’avais su que cela allait se passer comme ça, j’aurais fait la course pour moi. »
Jan Ullrich – Bjarn Riis
Tour de France 1996. Jan Ullrich a 22 ans et méconnu du public. Il dispute cette année-là son premier Tour de France, lui qui voulait déjà y participer l’année précédente. L’Allemand se révèle au grand jour en remportant la vingtième étape mais surtout en terminant deuxième du classement général et meilleur jeune.
Jan Ullrich avait pour consigne de travailler pour Riis, de près de dix ans son aîné. Le Danois remportera cette 83ème édition en s’imposant notamment à Sestrières, puis à Hautacam. L’année suivante, les deux coureurs de la formation Deutsche Telekom, arrivent sur le Tour avec le statut de co-leader. Ullrich montrera toute l’étendue de son talent, notamment lors de sa victoire dans la 10ème étape, au sommet d’Arcalis. Riis finira quant à lui le Tour de France 1996 au septième rang, à 26min de l’Allemand.
Alberto Contador – Lance Armstrong
En 2009, Alberto Contador arrive sur la Grande Boucle avec le statut favori. Son grand rival n’est autre que son coéquipier sur le retour, Lance Armstrong. Les relations ne sont pas au beau fixe entre l’Espagnol et le Texan. En 200ç, peu de temps après son deuxième sacre sur le Tour, Contador déclarait avoir des relations tendues avec l’Américain: « Ma relation avec Lance Armstrong a été inexistante. Bien que ce soit un très grand champion, je n’ai jamais eu d’admiration pour lui et je n’en aurai jamais ». Le Natif de Pinto avait affirmé que «lors de ce Tour, les jours passés à l’hôtel ont été plus difficiles que ceux passés sur la route», ajoutant que la situation avait été «tendue et délicate car notre relation à Lance et moi a déteint sur le reste de l’équipe».
La guéguerre durant ce Tour 2009 fut totale entre les deux coureurs. Lors de la troisième étape, Lance Armstrong profite d’une bordure pour prendre de l’avance. Contador passe quant à lui à l’offensive lors de la première journée en montagne à Arcalis. Entre Pontarlier et Verbier, l’Espagnol est de nouveau à l’attaque et ira chercher le maillot jaune ce jour-là. Derrière Andreas Klöden roule pour Lance Armstrong. On se souvient du « coup de gueule » que Contador, pourtant maillot jaune, avait subi après l’étape du Grand-Bornand, lorsqu’il avait involontairement provoqué la faillite de son coéquipier Klöden, ou encore des piques lancées sur Twitter par Lance Armstrong à l’encontre de son jeune collègue.
Christopher Froome – Bradley Wiggins
En 2012, Bradley Wiggins débarque sur le Tour de France fort de son succès sur le Critérium du Dauphiné. Lors de la 12ème étape, qui mène les coureurs vers la Toussuire, Christopher Froome place une accélération dans la montée finale, à 4 kilomètres de l’arrivée. Bradley Wiggins, leader désigné de la Sky et maillot jaune, semble incapable de suivre le rythme imposé par son équipier. Christopher Froome devra lever le pied et attendre son leader. Sir Wiggo dira plus tard avoir reçu « un coup de poignard dans le dos » de Froome, ce jour-là. Sean Yates, directeur sportif chez Sky à l’époque et présent ce jour-là, déclarera un peu plus tard: « Pendant un instant, je ne j’ai pas réussi à y croire. J’ai été tout de suite très clair dans la radio. Je lui ai rappelé que ce n’était pas le plan et qu’il devait attendre, ce qu’il a fait. »
Geraint Thomas – Christopher Froome
Depuis le début de cette 105ème édition de la Grande Boucle, on nous dit, du côté de la Sky, qu’il n’y a pas de problème en interne. Nicolas Portal, directeur sportif au sein de la formation britannique, n’a de cesse de le rappeler: « Il y a un leader et quelqu’un que l’on va protéger. On est premier et deuxième, il faut arrêter de vouloir constamment trancher. C’est clair qu’on ne va pas dire à Froome ‘maintenant, c’est fini’, il a gagné six grands Tour. On se doit de le soutenir, et en plus il est en bonne forme. Le n°1 c’est ‘Froomey’, le n°2 c’est Geraint, mais ils sont très proches. Après, à quel moment on va faire ci et ça, c’est notre stratégie, et c’est pour ça qu’on a deux coureurs placés au général. »
A six jours de l’arrivée, le maillot jaune est sur les épaules de Geraint Thomas. Comment peut-on penser que la Gallois ne défendra pas sa position? L’histoire se répète une fois de plus et on pourrait assister à un duel 100% britannique. Beaucoup émettent des doutes sur les capacités de Geraint Thomas à tenir le rythme dans la troisième semaine de course. Cependant, au sortir des étapes alpestres, le Gallois à démontrer qu’il était bel et bien le plus fort jusqu’à présent. Sky n’a que l’embarras du choix: Froome ou Thomas? Les étapes à venir nous donneront les réponses.
M.L.