L’étape du jour : Bruxelles Palais Royal – Bruxelles Atomium (27,6 km – Contre-la-Montre par Equipes)© ASO
Première étape majeure de cette 106e édition de la Grande Boucle pour la lutte au maillot jaune. Une première hiérarchie entre les équipes de leaders devrait se dessiner, entre celles qui s’apprêtent à solidement épauler leur homme fort tout au long de la course et celles qui le laisseront esseulé. C’est également aujourd’hui dans les rues de Bruxelles que devraient se creuser les premiers écarts entre ténors, qu’ils tâcheront d’accroître ou de rattraper durant la suite du Tour.
A propos d’écarts, ceux-ci pourraient s’établir jusqu’à une 1’30 entre différentes formations. Au vu de ce parcours relativement court par rapport à ce qui a été fait dans le passé (27,6 km contre parfois 80 il y a quelques décennies), mais au profil assez vallonné. Pas de routes escarpées ou de virages délicat à aborder au programme, mais de longues avenues mal-plates qui départageront les écuries les plus puissantes des autres. L’intensité devrait être d’ailleurs accrue par la faible durée de l’effort, qui pourrait éventuellement passer sous la barre des 30 minutes pour les meilleures formations. Dans ces conditions, les Jumbo-Visma, récents vainqueurs du contre-la-montre par équipes des Hammer Stavanger, peuvent envisager de conserver le maillot jaune de Mike Teunissen.
La Grosse Cote du Jour : EF Education First
Lors de cette deuxième étape, contre-la-montre par équipe obligeant, l’outsider du jour n’est pas un coureur mais bien une écurie complète, à savoir les Américains de EF Education First (ex Cannondale-Garmin).
12e en 2015, 6e l’année dernière, les hommes de Jonathan Vaughters ne sont pas habitués à spécialement briller dans l’exercice. Souvent écrasés par les grosses cylindrées du peloton, tel les belges de la Deceuninck Quick-Step, les britanniques du Team Ineos ou encore les Australiens de Michelton-Scott, les coureurs au maillot rose et bleu ont souvent dû se contenter au mieux de places d’honneur, au pire de rangs anonymes.
Pourtant cette Grande Boucle 2019 pourrait être l’année de la rébellion. Mieux armée que jamais, en pouvant compter sur Alberto Bettiol, récent vainqueur du Tour des Flandres, Rigoberto Uran, trois fois deuxième de Grands Tours, ou sur de puissants rouleurs tels Sebastian Langeveld, Simon Clarke et Tegay Van Garderen, l’écurie américaine pourrait créer la surprise dans les rues de Bruxelles.
D’ailleurs, leur victoire lors du chrono par équipes inaugural du Tour de Colombie en février dernier en est peut-être le signe annonciateur, qui sait ?
L’œil sur le dossard 101
Bien protégé par ses équipiers lors d’une étape rapide et animée, Adam Yates a paisiblement évité tous les pièges qui se tendaient à lui. Evitant la chute à l’inverse de Gerraint Thomas ou de Jakob Fuglsang, esquivant les cassures au contraire de Dan Martin à la sortie du secteur pavé de Charleroi, le britannique a terminé la journée sans embûches.
Mais dès aujourd’hui se dresse à lui, lors de ce contre-la-montre par équipes de 27,6 kilomètres, le premier challenge majeur de ce Tour 2019, qui dessinera une première hiérarchie entre les différents leaders luttant pour le classement général. Toutefois il pourra sûrement compter sur l’aide de son équipe, d’ordinaire très solide dans l’exercice. Les rouleurs Australiens Michael Hepburn, Luke Durbridge et Jack Haig, ainsi que son frère jumeau Simon Yates seront des alliés de luxe dans cette lutte à distance contre ses rivaux.
Adam Yates en jaune dès ce soir ? Pas impossible !
Le beau geste de la veille : la classe de Jakob Fuglsang
On peut être leader de son équipe, faire partie des principaux favoris à la victoire sur les Champs-Elysées, chuter dans le final d’une étape nerveuse, et se montrer tout de même respectueux de l’environnement. C’est ainsi, comme rapporté par Arnaud Morin sur le forum de Vélo 101, que Jakob Fuglsang a agréablement surpris les suiveurs les plus attentifs lors de cette première journée de Grande Boucle. Après sa cabriole à une quinzaine de kilomètres du terme de la course, le rejetant à une grosse minute d’un peloton lancé à vive allure, le Danois a gardé la tête froide pour penser à s’alimenter, et surtout remettre consciencieusement l’emballage de son gel énergétique dans la poche arrière de son maillot. Comme quoi, même dans les situations les plus critiques, on peut continuer de penser à la préservation de la planète. Un bel exemple à suivre pour l’ensemble des cyclistes !
Une Histoire du Maillot Jaune : Le coup double inattendu de Chavanel
Cette histoire nous ramène à une époque beaucoup plus récente que celle de Merckx, mais où les noms de Contador, d’Armstrong ou de Schleck semblent appartenir à une génération désormais disparue des pelotons professionnels : l’année 2010.
Après le Grand Départ de Rotterdam, le peloton traverse la Belgique pour rejoindre l’Hexagone. Dans une seconde étape prétendue morne entre Bruxelles et Spa (201 km), destinée aux sprinteurs comme le fut déjà celle de la veille, on ne donnait pas cher de la peau de l’échappée. L’avance des fuyards était contrôlée à la loupe, ne leur laissant pas le moindre mètre de trop. Mathématiquement, l’échec et mat semblait inévitable pour ces derniers, pris au piège des armées des sprinteurs.
Pourtant cette traversée pluvieuse vint rappeler aux suiveurs la raison qui amène chaque jour des baroudeurs à fausser compagnie au peloton : celle de l’élément perturbateur dans la trame de l’histoire, celle du grain de sable qui fait dérailler la machine, de cette chute massive qui entrave un mécanisme réglé au millimètre près. Obligation d’évaluer les dégâts, nécessité d’attendre le retour de ses coéquipiers, devoir moral de faire preuve de fair-play envers les autres favoris… De quoi quitter un temps des yeux l’optique de la victoire d’étape, et se réveiller avec un gouffre à combler sur les échappés…
Devant, un jeune Français, mais courant presque à domicile sur ces terres de classiques. Engagé au sein de la formation belge Quick-Step, « flahute » en devenir, Sylvain Chavanel a profité de la météo capricieuse et du terrain légèrement accidenté pour se défaire de ses camarades de fuite, finalement rattrapés par le peloton.
A Spa, le succès est alors total pour le coureur Charentais : il double une splendide victoire d’étape en solitaire sur la Grande Boucle de son premier maillot jaune. Un immense bonheur qu’il connaîtra à nouveau 5 jours plus tard, à la Station des Rousses.
La spécialité du coin : La bière belge
© richement-biere.fr
Pour cette seconde journée autour de Bruxelles, la spécialité culinaire choisie est un parfait accompagnement des moules frites de la veille. Boisson extrêmement populaire en Belgique, inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, il s’agit évidemment de la bière ! Se divisant localement sous différentes catégories, du « pils » à la bière brune, des bières d’abbayes ou de saison, elle satisfait tous les goûts pour passer comme un incontournable de la culture du plat-pays ! Clin d’oeil sur ce Tour de France 2019, la bière Ginette cotoie les vins Français sur l’espace terroirs.