Il a régné toute la journée une chaleur suffocante dans les rues de Pau, où le Tour marquait sa seconde respiration avant d’attaquer demain les Pyrénées. On annonce bien plus chaud encore lorsque le soleil réapparaîtra, si bien qu’un orage aurait été ce soir du plus bel effet pour rafraîchir cette lourde atmosphère. Le coup de tonnerre est survenu. Pas dans le ciel mais du côté de Villa Navarre, un hôtel quatre étoiles situé dans les beaux et paisibles quartiers de Pau et entouré d’un bel écrin de verdure. Ce soir, ses grilles sont restées closes, transformant la demeure de charme en forteresse imprenable défendue par les forces de l’ordre. Peu avant 21h00, une information tapageuse est parvenue à l’oreille de tous les journalistes qui passaient à table : Frank Schleck (RadioShack-Nissan) a fait l’objet d’un contrôle antidopage positif sur le Tour !
Samedi soir, après l’arrivée du Tour au Cap d’Agde, l’aîné des Schleck était convoqué au camion antidopage pour un contrôle. Les analyses réalisées au laboratoire de Châtenay-Malabry ont apporté un résultat saisissant. Frank Schleck, 3ème du Tour de France 2011 et 12ème de la présente édition avant les Pyrénées, a été contrôlé positif au Xipamide, un diurétique utilisé dans le traitement de l’hypertension et d’œdèmes… mais détourné de son usage par le milieu sportif pour masquer la prise de produits dopants. Le Xipamide fait partie des substances dites spécifiées, des substances dont la présence n’est pas forcément liée au dopage. Dès lors, le Luxembourgeois échappe à une suspension automatique. En revanche, et après avoir pris contact en soirée avec l’organisation du Tour, l’équipe RadioShack-Nissan a jugé plus respectueux de retirer Frank Schleck du peloton de la Grande Boucle. Il ne repartira pas demain.
En outre, on apprend ce soir que le Luxembourgeois s’est rendu de lui-même au commissariat de Pau pour répondre aux interrogations des enquêteurs. « C’est toujours comme ça en France, le système judiciaire s’immisce toujours dans ces affaires », a simplement fait savoir Philippe Maertens, l’attaché de presse, à travers les grilles restées closes de Villa Navarre et prises d’assaut par une nuée de journalistes. Le Belge n’a pas non plus spécifié pourquoi deux fourgons de police se trouvaient dans la cour de l’établissement, laissant supposer d’éventuelles perquisitions. Toutefois, il a soutenu que le produit incriminé n’était pas utilisé par les médecins de RadioShack, déclarant que « la raison de la présence de Xipamide dans les urines de Frank Schleck demeure inexpliquée. » Mais voilà qui assombrit un peu plus l’avenir des Schleck.