La 20ème édition de l’étape du Tour, et l’acte 2 se sont terminés par le feu d’artifice du 14 juillet, tout comme l’acte 1 s’était lancé avec la flamme olympique à Albertville. 8000 inscrits ou à peu près, 3820 arrivants, la proportion est un peu moindre que dans les Alpes. La faute à qui, la faute à quoi? Tout bonnement à une météo capricieuse qui nous a privés de la beauté des paysages Pyrénéens d’un bout à l’autre ou presque. En fait seuls le départ à Pau, à 7 heures sur l’immense place de Verdun et l’arrivée à Bagnères-de-Luchon devant la mairie, ont été au sec. Mais entre les deux, on a été douchés et pour préfigurer l’été sportif qui arrive, avec un brouillard Anglais à couper au couteau sur tous les sommets de cols, quel dommage. Pour rattraper le coup, on vous offre deux possibilités à ne pas choisir, vous regardez l’étape des pros mercredi en espérant qu’ils aient beau temps, et vous regardez la vidéo de la reconnaissance de cet acte 2 (visible ici).
Le plateau était peut-être un peu moins fourni au départ de ce second acte 2012, mais on avait du beau monde quand même: Sébastien Chavanel d’Europcar, Morgan Kneisky ou Mathieu Boulo de Roubaix-Lille Métropole, Régis Laconi et Cyril Desprès les motards, sans compter Cathy Moncassin ou encore Christian Clavero, le vainqueur de l’Etapa Argentina, en octobre dernier. Bref de quoi en découdre pour les cyclos aguerris qui ont fait leurs gammes dans les Alpes et viennent les parfaire dans les Pyrénées, on pense au binôme qui fait deux et trois à La Toussuire, Nicolas Roux et David De Vecchi, on encore aux membres du team Scott-Vélo 101-Risoul.
Les routes du départ sont larges et sans danger, histoire de bien formater les très gros paquets qui vont partir à l’attaque de la première grosse difficulté du jour, le col d’Aubisque à partir de Laruns pour l’échauffement, puis des Eaux Bonnes pour les vraies difficultés, là où Nicolas Roux va allumer les premières mèches, histoire d’aborder la suite en paquet un peu plus respectable, bref entre ceux qui vont jouer la gagne. La pluie d’abord, puis le brouillard et la pluie vont nous avaler progressivement, et les courageux supporters, tout comme les bénévoles, ou les gendarmes en poste auront pu tester la résistance à l’humidité et au froid de leurs tenues; encore merci et bravo à eux.
La descente du Soulor, avalée sur 3 kms après avoir dévalé l’Aubisque et ses deux tunnels, a été froide, longue, et pluvieuse, et il a fallu pas mal de temps à beaucoup de coureurs pour se réchauffer, puis partir à l’assaut du géant des Pyrénées, le Tourmalet abordé par Luz Saint-Sauveur, après la longue remontée de la vallée des Toys – ! – où l’on a eu le plaisir de rouler avec Yannick Talabardon de Saur-Sojasun venu rouler dans le coin, accompagner un copain avant de bifurquer vers Gavarnie. Toujours sympa de taper la discute avec des coureurs agréables comme lui.
Devant c’est un groupe compact d’une vingtaine d’unités qui aborde les premières pentes du Tourmalet et ça va écrémer progressivement. Barèges et son mur faisant office de première lame. Comme pour l’Aubisque c’est brouillard dans un premier temps puis pluie et brouillard qui vont nous accompagner dans les derniers kilomètres de la montée, puis dans la descente bien après La Mongie, avec en plus le troupeau de vaches, et surtout le petit kilomètre de route boueuse dans la partie la plus pentue de La Mongie. Ca passe quand même.
Un mot pour ceux qui nous prévenaient des dangers « itinérants » et surtout à tous les spectateurs, supporters aux sommets des cols, aux pieds, et un peu partout, en fait une ambiance Tour de France pour les coureurs, et une belle journée passe-temps pour les camping-caristes déjà postés pour les étapes de mercredi, de jeudi, voire des deux étapes comme les malins qui sont déjà installés dans Peyresourde histoire de ne rien manquer, Merci, un grand Merci à tous ceux qui nous ont réchauffés le cœur. Mention spéciale pour ce veinard, dans la montée de l’Aspin, dont la compagne avait préparé les bidons avec cette mention « spéciale » « Mon chéri, j’ai rempli tes bidons et mis tout l’amour que j’ai pour toi », comme quoi le cyclisme c’est aussi de la poésie, et de belles histoires particulières, celui-là est forcément allé au bout !
Comme pour l’acte 1, les deux premiers cols sont les plus sélectifs, et les deux derniers largement plus roulants, la difficulté pour les cyclos, c’est justement l’enchaînement des difficultés, les 201 kms. On peut avancer sans réellement trop se risquer que cette étape ne sera pas décisive pour les pros, car le sommet du Tourmalet est situé trop loin de Bagnères-de-Luchon pour que les favoris ne se risquent à lancer la grande offensive très, trop tôt. L’étape du lendemain, à Peyragudes, c’est autre histoire ! A suivre.
Le suspense a été intense devant, et c’est dans la descente surtout que Nicolas Roux (Scott-Les Saisies) a construit sa victoire, car bien lui, enfin, qui l’a emporté à Bagnères. Ni le sympathique David De Vecchi (Team Ekoï), ni les professionnels (qui n’étaient pas venus pour ça), ni les mercenaires Ekoï, ni les autres coureurs Scott n’ont pu l’empêcher de remporter enfin l’étape du Tour, après 3 deuxièmes places sur les 3 étapes du Tour précédentes. Nico, son surnom, fait l’unanimité, par sa gentillesse, son talent sur le vélo et surtout parce qu’il représente le parfait cyclo, un gars qui est éclectique. Il court en routières au Team Chris Net avec un côté cyclo « j’attaque à tout va, et on voit », il court en vtt, et se fait plaisir sur les cyclosportives qu’il gagne ou perde, il est content et ça le fait bien.
A Bagnères, Nicolas Roux gagne en 6h44’27 » devant David De Vecchi à 14″ mais en fait plus que ça puisque les temps sont pris au passage de la ligne de départ ou Nicolas était devant et David plutôt derrière. Mais d’ores et déjà, on peut l’annoncer, De Vecchi va suivre la voie de Nicolas Roux. Il aime l’étape du Tour, il taquine la première place, il est sympa, il est éclectique (vtt, routières, cyclos, etc…) et va bien finir par la gagner, c’est ce qu’on lui souhaite de tout coeur.
En féminines, c’est Karine Saysset qui double après Albertville, en 7h48’30 » 125ème au scratch, sans adversité, dommage, sa dauphine Véronique Lacoste est à près d’une heure.
L’étape du Tour 2012 est maintenant derrière nous, c’était une pièce en deux actes, comme en 2011, bonne formule avec deux massifs visités, beaucoup d’étrangers sur chacune des étapes et c’est tant mieux. Les deux organisations étaient parfaites, les seuls bémols que nous avons relevés sur l’acte 1: pasta party à l’arrivée plutôt que la veille où chacun fait le métier, dort tôt, est hébergé parfois loin du départ… Bref pour l’avoir vécu vendredi soir, une vraie pasta-party où il y a trop peu de monde, et beaucoup de produits qui ne sont pas consommés. Autre point, revenir aux podiums, ou au moins aux récompenses accordées aux premiers de chaque catégorie (qui sont tous dans les 100 premiers). Ils, elles, le méritent et un maillot jaune, ou Rapha peu importe, mais la plus haute marche du podium, arrachée de haute lutte doit être récompensée à sa juste valeur. Au passage le tee-shirt offert aux participants, personnalisé à un coureur, cette fois David Millar, qui a eu le bon goût de gagner vendredi 13, même si c’est devant JC Péraud, un autre éclectique du vélo qui fait 2, était une bonne idée.
Centième Tour de France, oblige, on aura droit à deux belles étapes c’est certain, vive le Tour, vive l’Etape du Tour que le monde entier nous envient, et à l’année prochaine, même si on ne veut pas accélérer le calendrier.
Classement :
1. Nicolas Roux (Scott-Les Saisies) les 201 km en 6h44’27 »
2. David De Vecchi (Team Ekoï) à 14 sec.
3. Kenny Nijssen (Team Veltec) à 3’17 »
4. Loïc Herbreteau (Team Ekoï) à 4’06 »
5. Julien Briez (Team GSO 31) à 5’15 »
6. Jean-Marc Goudin à 5’42 »
7. Mathieu Dumont (FCO Cyclisme) à 9’08 »
8. Guillaume Faucon (Auber 93) à 10’53 »
9. Ludovic Nadon (Super U Maritime) à 13’42 »
10. Nicolas Lubat (CRC Limoges) 13’45 »
…
125 et 1ère féminine Karine Saysset (Montagnac AC) en 7h48’30 »