Julien, quel est votre premier bilan de ce Tour de France 2018 ?
La satisfaction, parce que vu le déroulé de ces trois semaines, tous les petits soucis que nous avons eu, une 6ème place et un maillot blanc est positif. Nous nous sommes mis trois fois en position de gagner, à Mur de Bretagne, à l’Alpe d’Huez et à Laruns, c’est clair que la victoire n’est pas au bout mais nous nous sommes bien battus. Il y a beaucoup de satisfaction malgré tout, avec tous ces petits soucis au niveau collectif, et puis Romain qui n’a pas eu une grande réussite cette année avec son problème mécanique en Bretagne et ses crevaisons vers Roubaix. Forcément, on espérait beaucoup plus, mais une 6ème place, vu la densité et le plateau de cette année, c’est malgré tout une très bonne satisfaction.
Vous avez joué la carte de l’expérience de Tony Gallopin, qui avec sa chute aux championnats de France arrivait amoindri physiquement, est-ce un petit regret ?
Oui, c’est assez facile après ces trois semaines de course de le dire. Mais la décision a été dure à prendre dans la semaine suivant le championnat. Nous savions que Tony était dans une grande forme, c’est un homme d’expérience et cette expérience était nécessaire sur le Tour pour Romain. Et nous avons vu qu’elle a manqué dans la dernière semaine, où nous n’étions plus que cinq dans les Pyrénées. C’est vrai que c’est beaucoup de regrets avec Tony, mais également Alexis Vuillermoz qui aurait fait beaucoup de bien dans la montagne et Axel Domont qui fait vraiment un travail formidable dans l’ombre. Toutes ces petites choses cumulées font que c’était vraiment très compliqué de peser sur la course, même si on a vu un collectif de Sky très fort, peut-être le plus fort de la décennie. Mais nous avons bataillé tout au long de ces trois semaines, c’est pour ça qu’il y a plus de satisfactions que de regrets sur les Champs-Elysées.
L’année dernière, Sky disait que vous vous étiez rapprochés d’eux, diriez-vous que cette année l’écart s’est de nouveau creusé ?
On ne peut pas le savoir. A cinq, c’était impossible de combattre. A huit c’est déjà compliqué alors à cinq c’est impossible. Forcément on ne peut pas comparer 2017 à 2018 collectivement. Je pense qu’au départ, nous étions plus fort qu’en 2017, mais nous ne serons jamais. Nous avons fait des choses intéressantes à cinq mais cela n’a pas suffit. Ce que je retiens, c’est le manque de réussite, nous n’allons pas nous cacher derrière ça. Il faut être à 100 % et ensemble pour être très fort, surtout face à un collectif comme Sky.
On voit que ce sont de forts rouleurs au sommet du classement. Cela veut dire que l’ère est vraiment aux rouleurs qui grimpent bien plutôt que l’inverse ?
Oui, on peut dire ça. Même si je reste optimiste sur les grands grimpeurs. Le Tour se déroule aussi dans la montagne, même si l’on voit des bons rouleurs. Et le profil de Geraint Thomas interpelle, je me souviens de lui il y a plusieurs mois il gagnait le GP E3, une classique pavée très difficile. Je pense qu’il faut remonter à très loin pour retrouver un vainqueur du Tour capable de gagner une classique pavée. Effectivement ce profil de rouleur qui s’améliore dans la montagne a un avantage, mais je suis persuadé qu’un fort collectif avec de bons grimpeurs, et qu’avec un leader comme Romain, excellent dans la montagne, peut bouleverser tout cela. Il faudra bien entendu attendre le tracé 2019 pour orienter tout cela, mais je reste optimiste pour les futures années surtout que Romain est encore très jeune.
Vous pensez que Pierre Latour doit s’améliorer sur quels aspects pour passer un cap ?
Qu’il continue de travailler, d’avoir une gestion de ses efforts encore meilleure. La qualité est là, le mental est là, il n’y a rien à dire là-dessus, c’est quelqu’un qui se bat jusqu’au bout. Voilà, de l’expérience, une gestion de l’effort, mais c’est clair que Pierre a de belles perspectives devant lui dans les années qui arrivent et je pense qu’il aura un rôle important sur un Grand Tour l’année prochaine en terme de leader. Nous verrons cet hiver pour savoir sur lequel mais c’est clair que Pierre a de l’avenir sur trois semaines.
Premier maillot blanc de l’histoire d’Ag2r La Mondiale, c’est un beau symbole ?
C’est une beau symbole effectivement. Nous avions l’habitude de monter sur le podium depuis plusieurs années, que ce soit au niveau du classement par équipes, du super combatif avec Christophe Riblon, et bien sûr les podiums individuels avec Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet, donc nous gardons ces bonnes habitudes et c’est aussi pour cela que le bilan est satisfaisant car ce n’est pas donné à toutes les équipes de monter sur le podium des Champs-Elysées.
Il y a eu un format de course différent sur l’étape du Portet, avec 65 km, vous en pensez quoi ?
Plutôt intéressant. Après c’est difficile de tirer un vrai bilan car nous avons vu également la dernière étape des Pyrénées, sur un format classique de 200 km avec des grands cols, qui était pour moi la plus belle étape du Tour. Mais c’est vrai que cette étape de 65 km était très intéressante. Nous avons vu beaucoup de stress car personne n’avait de repères sur ce genre d’étape. Je pense que les organisateurs vont sûrement en remettre une dans les prochaines années.
Qui sera votre leader sur la Vuelta ?
Sur la Vuelta, nous allons partir avec l’objectif de remporter des étapes, avec Tony Gallopin, Alexandre Geniez, Jan Bakelants. La sélection définitive n’est pas encore faite mais en principe nous ne devrions pas avoir de leader pour le classement général, même si Hubert Dupont sera notre fil conducteur, mais ce sera pour un top 15.
Alexis Vuillermoz serait aussi sur la Vuelta ?
Je ne sais pas, Alexis doit d’abord récupérer de sa chute. Une fracture de l’omoplate est une blessure grave donc nous attendons d’avoir un avis médical avant de préciser le programme d’Alexis.