Voilà la première grosse explication de cette deuxième semaine. Après un contre-la-montre qui a permis de redistribuer les cartes au classement général, puis deux étapes réservées aux baroudeurs, sans que les grands leaders ne puissent pleinement se dévoiler, le parcours de ce vendredi présente tous les éléments pour assister à une grande bagarre. En effet, les coureurs devront franchir 7 ascensions répertoriées, réparties sur les 166,4 km entre Bilbao et la terrible difficulté de Los Machucos (6,8 km à 9,2%), dont l’arrivée est située au sommet. Le slovène Primoz Roglic (Team Jumbo-Visma) a un avantage assez important sur ses adversaires directs (1’52’’ d’avance sur son dauphin) et il va être difficile à battre, surtout s’il est au même niveau que la semaine dernière. La seule solution pour lui reprendre du temps va être de l’attaquer dans les forts pourcentages si Miguel Angel Lopez (Astana), Nairo Quintana et Alejandro Valverde (Movistar) ou encore Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) rêvent toujours du maillot rouge à Madrid.
Des attaques dès le début de l’étape | © ASO
Outre le fait que les favoris vont s’expliquer dans l’ultime montée, les équipes de leaders vont tout de même certainement laisser du champ aux attaquants de début de journée afin de se préserver pour le final. C’est pourquoi une échappée est susceptible, une nouvelle fois de se jouer la victoire, pour la troisième fois de suite. On retrouve alors, après une belle bataille, un groupe impressionnant de 30 coureurs qui a réussi à se détacher dans la première ascension, l’Alto de La Escrita (5,9 km à 4%). Il est notamment composé d’Antonio Pedrero (Movistar), Pierre Latour, Geoffrey Bouchard et Clément Venturini (Ag2r La Mondiale), Felix Grossschartner (Bora-Hansgrohe), Philippe Gilbert (Deceuninck-Quick Step), Sergio Huiguita (EF Education First), Bruno Armirail (Groupama FDJ), Ruben Guerreiro (Team Katusha-Alpecin), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Wout Poels et David de La Cruz (Team Ineos), Robert Power (Team Sunweb), Gianluca Brambilla (Trek-Segafredo), Angel Madrazo (Burgos-BH), Jesus Herrada et Darwin Atapuma (Cofidis) ainsi que Sergio Henao (UAE Team Emirates). Huiguita 14e à 10’21’’ de Roglic, est la menace principale de ce groupe, c’est pourquoi l’équipe Jumbo-Visma contrôle l’écart.
Leur avance augmente donc légèrement pendant que les acteurs passent les difficultés les unes après les autres. Remarquons que le maillot à pois, Angel Madrazo, a du mal à marquer des points face à des adversaires plus aériens que lui lorsque la route s’élève, comme Geoffrey Bouchard, Wout Poels, Sergio Henao ou encore Jesus Herrada, qui montrent clairement leur intérêt pour cette tunique. De plus, la fuite d’Huiguita ne permet pas à cette grosse échappée de prendre trop de champ et certains font le choix d’attaquer, à 100 kilomètres de l’arrivée. Plusieurs groupes se détachent mais n’auront jamais plus de 30 secondes d’avance, pendant que le peloton est pointé à 3 minutes, au moment d’aborder le Collado del Ason (13 km à 3,9%) où le groupe de tête perd, petit à petit, des unités.
Alors que le peloton accuse un retard de 8’30’’, un coureur va réussir à prendre la minute d’avance à 50 kilomètres de l’arrivée. Il s’agit d’Hector Saez (Euskadi-Murias), mais, seul, la progression sera difficile. Derrière lui, le groupe de contre, composé de 15 coureurs, ne s’entend pas du tout, et il continuera donc à insister jusqu’à avoir un bénéfice de plus de 2 minutes, dans le Puerto de Fuente Las Varas (6,3 km à 4,5%). À ce moment, la formation Astana décide de mettre en route dans le peloton, voyant que Huiguita, menaçant la place sur le podium de Lopez, possède encore une bonne avance. Cette accélération fait mal et le groupe maillot rouge réduit de moitié.
Pierre Latour seul en tête | © Sirotti
Au pied de la montée finale, l’homme de tête, après un numéro de plus de 40 km en solitaire, se fait rattraper par Bruno Armirail, parti dans l’ascension précédente. Ils possèdent 1’30’’ d’avance sur le groupe de poursuite et seulement 3 minutes sur le groupe Roglic, toujours emmené par la formation Astana. On imagine alors que la victoire va être difficile à aller chercher pour les échappées, surtout que Superman Lopez semble bien décidé à lever les bras au sommet. Armirail déposera son compagnon d’infortune dans des pourcentages impressionnants (presque 30%), avant de se faire revoir par Pierre Latour, certainement le plus fort de l’échappée, qui a réussi à se défaire de tous les autres pour tenter d’aller chercher ce succès d’étape qui lui ferait du bien, après avoir perdu tout espoir de bon classement général. Cependant, il ne possède que 1 minute d’avance sur le groupe des favoris alors que la route semble interminable. D’autant plus que Quintana est le premier à lancer les hostilités à 6,5 km de l’arrivée. La sélection s’opère par l’arrière et seuls les plus forts sont en mesure de suivre. Rafal Majka (Bora-Hansgrohe) va se lancer à la poursuite du porteur du maillot vert pour ramener tout le monde, avant que ce ne soit le jeune Tadej Pogacar, déjà vainqueur au sommet de Cortals d’Encamp dimanche, qui décide de se dresser sur les pédales.
Le tandem slovène est très efficace | © Sirotti
Le rythme du benjamin de la course fait très mal et ses adversaires lâchent un à un sur des pourcentages toujours aussi forts, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le maillot rouge en personne dans sa roue. Les deux slovènes vont s’allier pour créer le maximum d’écart sur les autres et pour rattraper le français, qui semble ne pas faiblir. Pourtant, c’est ce qu’il feront à 1,5 km de la ligne. Il ne reste plus pour ces deux là de bien négocier la légère descente menant à l’arrivée pour en finir vainqueurs. Le plus jeune pour la victoire d’étape et son compatriote avec un maillot rouge qu’il conserve solidement puisqu’il a désormais 2’25’’ d’avance et qu’il peut voir Madrid se rapprocher petit à petit. En remportant sa deuxième étape, à la pédale, Tadej Pogacar est bien la révélation de ce Tour d’Espagne et prouve qu’il est promis à une grande carrière. Il fait partie de cette nouvelle génération bourrée de pépites qui nous donne la certitude que l’on ne pas s’ennuyer dans les années à venir. A noter la belle troisième place de Pierre Latour, qui est allé jusqu’au bout de son effort pour résister au retour des leaders de Movistar.
Roglic conforte son maillot rouge | © Sirotti
Demain, les sprinters auront peut être leur mot à dire sur une étape relativement plate de 188 km entre San Vicente de la Barquera et Oviedo.
Classement de la 13e étape :
1. Tadej Pogacar (SLO, UAE Team Emirates) en 4h28’26’’ (b:10’’)
2. Primoz Roglic (SLO, Team Jumbo-Visma) mt (b:6’’)
3. Pierre Latour (FRA, Ag2r La Mondiale) à 27’’ (b:4’’)
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar) mt
5. Nairo Quintana (COL, Movistar) mt
6. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) mt
7. Miguel Angel Lopez (COL, Astana) à 1’01’’
8. Gianluca Brambilla (ITA, Trek-Segafredo) à 1’08’’
9. Marc Soler (ESP, Movistar) mt
10. Wilko Kelderman (NED, Team Sunweb) mt
Classement général provisoire :
1. Primoz Roglic (SLO, Team Jumbo-Visma) en 49h20’28’’
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar) à 2’25’’
3. Tadej Pogacar (SLO, UAE Team Emirates) à 3’01’’
4. Miguel Angel Lopez (COL, Astana) à 3’18’’
5. Nairo Quintana (COL, Movistar) à 3’33’’
6. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) à 6’15’’
7. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) à 7’18’’
8. Carl Fredrik Hagen (NOR, Lotto-Soudal) à 7’33’’
9. Wilko Kelderman (NED, Team Sunweb) à 7’39’’
10. Dylan Teuns (BEL, Barhain-Merida) à 9’58’’
Classement par points provisoire :
1. Primoz Roglic (SLO, Team Jumbo-Visma) 109pts
2. Tadej Pogacar (SLO, UAE Team Emirates) 86pts
3. Nairo Quintana (COL, Movistar) 82pts
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar) 75pts
5. Alex Aranburu (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 52pts
Classement de la montagne provisoire :
1. Angel Madrazo (ESP, Burgos-BH) 32pts
2. Geoffrey Bouchard (FRA, Ag2r La Mondiale) 30pts
3. Tadej Pogacar (SLO, UAE Team Emirates) 25pts
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar) 22pts
5. Sergio Henao (COL, UAE Team Emirates) 21pts
Classement des jeunes provisoire :
1. Tadej Pogacar (SLO, UAE Team Emirates) en 49h23’29’’
2. Miguel Angel Lopez (COL, Astana) à 17’’
3. Sergio Huiguita (COL, EF Education First) à 8’51’’
4. James Knox (GBR, Deceuninck-Quick Step) à 13’45’’
5. Ruben Guerreiro (POR, Team Katusha-Alpecin) à 15’12’’
Classement par équipe provisoire :
1. Movistar (ESP) en 147h10’03’’
2. Astana (KAZ) à 25’51’’
3. Team Jumbo-Visma (NED) à 43’44’’
Par Nathan Malo