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Infographie présentant l’ensemble des parcours du 3 Grands Tours au XXIe siècle | © Romain Courvoisier
Un Grand Tour « local »
A l’inverse de ses deux homologues, la Vuelta ne s’est pas lancée dans la course au prestige. Plus modeste, plus locale, plus nationale, son histoire témoigne de son humilité. Longtemps dans l’ombre du Giro au printemps (déplacée à la fin de l’été en 1994), elle s’est également affaissée face à la pandémie, réduisant sa durée à deux semaines. Toujours prisée par les Espagnols, son ouverture à l’international est davantage timorée, tant elle a pour coutume de prioriser la mise à l’honneur du territoire du Royaume et des hispaniques.
La ville de Burgos et sa fameuse cathédrale Sainte-Marie ont été mis à l’honneur par le Grand Départ 2021 | © Wikipédia
Ainsi, la carte illustre le quasi-cantonnement de la Vuelta à l’Espagne. Au XXIe siècle, l’épreuve ne s’est jamais aventurée bien loin, privilégiant la proximité des Pyrénées français ou andorranes, ou encore la mitoyenneté du Languedoc avec le Grand Départ de Nîmes en 2007. Dans ce cadre, le Grand Départ d’Assen, aux Pays-Bas, en 2009, fait figure d’exception, même s’il sera bientôt rejoint par Utrecht l’an prochain. Mais plus que l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Irlande, ce sont davantage Burgos, Malaga ou Pampelune qui sont célébrée par la Vuelta, animée par la volonté de replacer la course au sein du territoire.
L’ode à la montagne
Si la Vuelta n’a jamais prétendu à la dimension du Tour, c’est aussi en raison de son favoritisme assumé pour les grimpeurs. Murs, cols et repechos sont ainsi légion sur son parcours, réservant une majeure partie des arrivées aux leaders et échappés. En outre, l’accès aux quelques étapes de plaine restantes est conditionné par le périlleux passage des interminables raidards pour les « grosses cuisses », souvent frileuses pour se lancer dans une telle aventure. Incapable de remporter le moindre sprint massif sur la Grande Boucle, l’italien Matteo Trentin s’était ainsi offert quatre bouquets sur la Vuelta 2017, dont celui du défilé final de Madrid.Infographie de l’ensemble des parcours de la Vuelta au XXIe siècle | © Romain Courvoisier
Ainsi la carte illustre clairement cet accent mis sur les montagnes, les côtes et les vallons, soulignant une affection toute particulière des organisateurs pour les corniches de la Galice, les cols Asturiens ou encore les Monts de Murcie. De même, la petite Sierra de Guadarrama est un lieu de passage récurrent du peloton, permettant une bataille finale à proximité de la capitale madrilène. Dans ce registre, l’infernal Bola del Mundo (6,1% de moyenne sur 22km, max à 20%) avait notamment consacré les titres de Vicenzo Nibali et Alberto Contador en 2010 et 2012.
La loi du désert
Carte présentant les densités de population au sein du territoire espagnol en 2015 | © Ministère des Finances Espagnol
Enfin, si l’argument économique contribuait nettement au dessin des parcours du Giro et du Tour, la loi du désert est reine sur la Vuelta. Pays possédant le plus grand désert d’Europe (le désert des Bardenas, au nord), l’Espagne compte même un tiers de son territoire sous cet aspect. Géographiquement, cela dessine un cercle autour de Madrid, comme en témoigne la faible densité humaine dans les provinces périphériques. Peu d’habitants, peu de routes et peu de villes, les arguments manquent pour faire venir la Vuelta. Et pourtant, ce n’est pas la peur des longues traversées monologues qui effraie les organisateurs, coutumiers des grandes nationales ! Finalement, en illustrant cette prédilection hispanique pour les littoraux, cette infographie renvoie à la définition primaire du Tour d’Espagne.
Par Jean-Guillaume Langrognet