Julien, comment se passe le quotidien d’un directeur sportif ?
C’est beaucoup de travail et de planification toute l’année pour mettre les meilleurs coureurs au départ des plus grandes épreuves du calendrier international. Ensuite, il faut organiser tout cela en course, comme ici sur la Vuelta, et briefer nos athlètes tout au long de ces trois semaines. Il y a donc de la pression mais de la bonne pression suite à notre bon Tour de France.
Lors de notre recherche de cyclistes tatoués pour préparer cette rubrique Ta’Tour d’Espagne, l’un de tes collègues nous a dit que tu avais un tatouage très original, nous avons donc décidé de t’intégrer à la liste de nos tatoués…
J’en ai même plusieurs ! Cela m’a pris assez tôt. Quand j’étais encore coureur amateur au VC Lyon-Vaulx-en-Velin à la fin des années 90. C’était plutôt un effet de mode à cette époque là d’avoir un tatouage. Je l’ai fait au mollet. Puis, au fil des années, j’ai commencé à apprécier ce style de vie et j’ai écrit une histoire sur mon corps. L’un de mes tatouages représente le podium du classement par équipes du Tour de France 2014 qui, pour moi, signifie beaucoup parce que c’est le travail de tout un collectif, le staff et les coureurs, qui ont bataillé pendant trois semaines pour remporter ce challenge. C’était vraiment important pour moi donc l’hiver suivant je me suis dit que j’allais garder ce podium dans ma mémoire mais également sur moi. Cela s’est passé sur les Champs-Elysées, la plus belle avenue du monde. Cela me permet de retracer un moment sportif de ma carrière. Un podium sur le Tour de France, cela arrive rarement. J’ai profité de cette occasion. Je trouve cela encore mieux qu’un podium individuel car en équipe c’est très représentatif de tout un travail d’ensemble.
Cela a pris un certain temps entre le moment de la victoire par équipes et le moment où tu as fait faire ce tatouage…
Oui tout à fait, le plus simple pour nous c’est de faire un tatouage durant l’hiver, mais rapidement après le Tour de France 2014, l’idée m’est venue. Je suis allé chez le tatoueur qui m’en avait déjà réalisé d’autres et pendant l’hiver il me l’a fait sur l’épaule gauche. Maintenant, j’en ai cinq ou six. Un autre tatouage qui représente beaucoup pour moi, c’est le tatouage de la ville où je suis né et où je vis : Saint-Etienne. C’est un joli blason qui représente pour moi la fierté d’être Stéphanois. Je l’ai fait sur le torse. J’ai beaucoup souffert ! C’est une partie très douloureuse ! J’ai d’autres tatouages, comme le prénom et la date de naissance de mon fils Axel ou une plume dans le dos. Je suis d’ailleurs à la recherche d’un nouveau tatouage que j’aimerais effectuer cet hiver ! J’ai plusieurs idées mais je n’arrive pas encore à avoir le coup de foudre pour mon nouveau tatouage. C’est quelque chose qui se met en place et qui se mûrit. Tu ne te lèves pas un matin en te disant « tiens je vais faire un tatouage ». Il faut réfléchir, c’est quelque chose d’important.
Peut-on te souhaiter une magnifique victoire sur cette Vuelta qui te donnera peut-être une idée pour ton nouveau tatouage ?
Non je ne pense pas, car le Tour de France reste la référence dans notre sport. Même si on regagne le classement par équipes, je ne referai pas un deuxième tatouage du podium de ce classement. Peut-être qu’en fin de carrière je ferai quelque chose pour rassembler toutes les émotions que j’ai vécues grâce au cyclisme. J’ai eu la chance de faire trois podiums individuels avec Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet. Il y a eu également beaucoup de victoires d’étapes sur le Tour de France depuis 2006 donc pourquoi ne pas faire un historique de toutes ces dates. Cependant, ce sera pour ma fin de carrière, donc le plus tard possible !
Pourrait-on imaginer ton fils faire du vélo et remporter sa première victoire comme idée de tatouage ?
Oui tout est possible. Dès qu’on commence avec les tatouages, on imagine beaucoup de choses, de schémas, de possibilités. Le tatouage, c’est une passion qui m’a pris assez jeune et la famille c’est un très bon sujet. Les tatouages sont une manière de voir les choses et je comprends que certaines personnes n’arrivent pas trop à comprendre, je l’accepte sans soucis. Pourquoi pas la date d’entrée dans le monde professionnel pour mon fils ? Ceci dit, la route est encore longue car mon fils n’a que 7 ans ! (Rires)
Entre Saint-Etienne et le cyclisme, ton cœur balance ?
C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait deux tatouages, un avec le podium par équipes qui représente mon travail, ma passion, et un avec le blason de ma ville où je suis né, où j’ai grandi, et dont je supporte le club de foot. Je suis un grand fan de l’AS Saint-Etienne !
Propos recueillis par Mathilde Duriez.