Les journées de repos sont à double tranchant. Si d’un côté elles permettent aux organismes de récupérer un peu, disons plutôt de souffler le temps d’une journée de relâche, elles ont aussi la faculté de casser le rythme et finalement d’entraîner des effets néfastes lorsqu’il s’agit de remettre en route. On dit d’une journée de repos qu’il faut savoir la gérer, tout autant qu’une étape. Au lendemain de la première pause du Tour d’Espagne, le peloton est prêt à reprendre la route. La course a migré vers la Catalogne, d’où elle s’apprête à partir à l’assaut des Pyrénées demain en direction de la principauté d’Andorre. La reprise s’effectuera sans Andy Schleck (Team Saxo Bank), resté à quai sur ordre de son manager Bjarne Riis, au motif apparemment qu’il est allé prendre un verre en ville hier soir, ce qui est une violation des règles internes…
Andy Schleck écarté, tout comme son compagnon de virée Stuart O’Grady, la Vuelta repart donc avec des bâtons dans les roues pour Frank Schleck, privé de deux équipiers sur la seule volonté de son propre manager. Il y a du rififi dans l’air. Voilà en attendant qui fait les affaires de ceux qui se battent encore aux premières loges du classement général. Joaquin Rodriguez (Team Katusha) en sourirait certainement s’il n’avait eu à subir l’affront d’arriver chez lui en Catalogne sans le Maillot Rouge qu’il avait promis aux siens de porter sur ses terres. Pourtant, le double champion d’Espagne est dans les temps puisque classé exactement dans la même seconde que le leader du classement général Igor Anton (Euskaltel-Euskadi). Alors il a promis de se dépouiller aujourd’hui plus qu’il ne l’a déjà fait.
Joaquin Rodriguez n’est pas du genre à plaisanter. Il a même une fâcheuse tendance à se croire persécuter par un peloton qui, selon ses dires, se reposerait trop souvent sur lui et ses équipiers depuis le départ de la Vuelta. Il y a de quoi en même temps vu l’efficacité des Katusha, probablement l’équipe la mieux armée pour entourer un leader jusqu’à Madrid. On en reparlera… D’ici là, Rodriguez le veut ce Maillot Rouge, coûte que coûte. Alors il interdit à quiconque se présente en tête du peloton de s’évader. Des tentatives d’échappée, on en compte à la pelle dans une première heure de course menée tambour battant. A un, à deux, à six, à plus encore, mais le Team Katusha riposte à chaque fois. En fait, Rodriguez a un sprint intermédiaire dans le collimateur, au kilomètre 46. Il va aller y chercher 2 secondes de bonification… et le fameux Maillot Rouge.
Imanol Erviti remporte sa seconde victoire d’étape dans le Tour d’Espagne.
Joaquin Rodriguez est rassasié, ou presque, mais l’étape est longue (175,7 km) entre Tarragone et Vilanova i la Geltru, et il va encore falloir se méfier des coureurs qui pourraient lui rafler la tunique par le biais d’une échappée. Ils sont douze à s’échapper enfin au kilomètre 53 : Giampaolo Cheula (Footon-Servetto), Imanol Erviti (Caisse d’Epargne), Blel Kadri (Ag2r La Mondiale), Christophe Le Mével (FDJ), Anders Lund (Team Saxo Bank), Javier Moreno (Andalucia-CajaSur), Manuele Mori (Lampre-Farnese Vini), Mauro Finetto (Liquigas-Doimo), Laurens Ten-Dam (Rabobank), Greg Van Avermaet (Omega Pharma-Lotto), Romain Zingle (Cofidis) et… l’ancien porteur du Maillot Rouge Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto), qui ne demande qu’à jouer de nouveau la gagne dans une étape.
C’est beaucoup trop dangereux, aux yeux des Katusha, qui enclenchent donc de nouveau la machine de guerre et contiennent les attaquants avec virulence. Après 15 kilomètres d’échappée, Philippe Gilbert saisit qu’il nuit au bon fonctionnement du groupe de tête et accepte de son plein gré de capituler. Une fois le danger écarté pour les Katusha, les onze de tête peuvent prendre du champ, jusqu’à 5’40 ». De quoi permettre aux éclaireurs de se présenter en tête au pied du col de Rat Penat, une ascension de 4,4 kilomètres à 10,8 % placée à une trentaine de kilomètres du but. La pente abrupte va faire exploser l’échappée comme le peloton, réduit à une cinquantaine d’unités, mais ce sont les routes escarpées qui vont suivre jusque sur la côte qui vont jouer les juges de paix dans cette étape de transition. Erviti attaque à 20 kilomètres du but.
Le coureur espagnol imite son coéquipier David Lopez, vainqueur dimanche, et s’en va à son tour chercher une victoire d’étape prestigieuse sur un palmarès, la seconde en ce qui le concerne sur le Tour d’Espagne puisqu’il avait déjà remporté une étape entre Valladolid et Las Rozas il y a deux ans. Ce sont à ce jour les deux seules victoires du coureur de Pampelune, 7ème des Quatre Jours de Dunkerque au mois de mai. A l’arrivée, il précède de 37 secondes ses anciens compagnons d’échappée. Le peloton se présente sur la ligne blanche avec un retard de 1’38 ». Joaquin Rodriguez s’empare ainsi du Maillot Rouge sur son territoire catalan, sept ans après avoir endossé le Jersey Oro de la Vuelta. C’était en 2003, l’année de sa première Vuelta. Il l’avait alors porté deux jours. Saura-t-il aller plus loin cette fois ?
Demain mercredi, la onzième étape se disputera entre Vilanova i la Geltru et Andorre Vallnord (208,4 km).
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Classement 10ème étape :
1. Imanol Erviti (ESP, Caisse d’Epargne) les 175,7 km en 4h13’31 »
2. Romain Zingle (BEL, Cofidis) à 37 sec.
3. Greg Van Avermaet (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
4. Mauro Finetto (ITA, Liquigas-Doimo) m.t.
5. Javier Moreno (ESP, Andalucia-CajaSur) m.t.
6. Anders Lund (DAN, Team Saxo Bank) m.t.
7. Christophe Le Mevel (FRA, FDJ) m.t.
8. Giampaolo Cheula (ITA, Footon-Servetto) m.t.
9. Laurens Ten Dam (PBS, Rabobank) à 42 sec.
10. Dmitry Fofonov (KAZ, Astana) à 1’36 »
Classement complet
Classement général :
1. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 42h11’49 »
2. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 4 sec.
4. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 44 sec.
5. Jean-Christophe Péraud (FRA, Omega Pharma-Lotto) à 54 sec.
6. Ruben Plaza (ESP, Caisse d’Epargne) à 1’17 »
7. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 1’20 »
8. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 1’21 »
9. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) à 1’28 »
10. Tejay Van Garderen (USA, Team HTC-Columbia) m.t.
Classement complet
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 60 pt
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 55 pt
3. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 54 pt
4. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) 50 pt
5. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 48 pt
6. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 45 pt
7. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 44 pt
8. Yauheni Hutarovich (BLR, FDJ) 33 pt
9. Koldo Fernandez (ESP, Euskaltel-Euskadi) 30 pt
10. Daniele Bennati (ITA, Liquigas-Doimo) 28 pt
Classement de la montagne :
1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 41 pt
2. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 36 pt
3. Gonzalo Rabuñal (ESP, Xacobeo-Galicia) 25 pt
4. Christophe Le Mével (FRA, FDJ) 10 pt
5. Oscar Pujol (ESP, Cervélo TestTeam) 10 pt
6. Dario Cataldo (ITA, Quick Step) 8 pt
7. Johann Tschopp (SUI, Bbox Bouygues Telecom) 7 pt
8. Javier Moreno (ESP, Andalucia-CajaSur) 6 pt
9. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) 5 pt
10. Vladimir Karpets (RUS, Team Katusha) 5 pt
Classement par équipes :
1. Caisse d’Epargne (ESP) en 126h01’38 »
2. Team Katusha (RUS) à 3’25 »
3. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 6’27 »
4. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 6’56 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 9’56 »
6. Cervélo TestTeam (SUI) à 10’34 »
7. Xacobeo-Galicia (ESP) à 12’20 »
8. Liquigas-Doimo (ITA) à 16’05 »
9. Astana (KAZ) à 20’12 »
10. Lampre-Farnese Vini (ITA) à 25’39 »