Thibaut Pinot. Sur des routes détrempées et dans le froid, Thibaut Pinot (FDJ.fr) aurait pu perdre gros hier. Mais le Franc-Comtois s’est montré plus que solide en tenant tête aux cadors dans la dernière montée. Une performance qui lui permet de grappiller une place au général. « Quand j’ai vu la pluie ce matin, j’étais content. Et le froid, j’aime bien, a souligné le jeune grimpeur une fois la ligne franchie. Je suis toujours un peu enrhumé et c’est plus facile à vivre dans de telles conditions que dans la canicule. C’est une étape qui va compter. Dans ma carrière, j’ai abandonné le Tour de Catalogne il y a deux ans à cause d’une hypothermie, j’ai vécu une étape du Tour de Romandie assez terrible cette année, mais jamais je n’avais fait une telle étape. On est passé de 40 degrés à 4… Le soulagement ce soir est que Kenny Elissonde se soit sauvé. »
Alejandro Valverde. Si la Vuelta d’Ivan Basso s’est arrêtée hier à cause du froid et de la pluie, celle d’Alejandro Valverde (Movistar Team) a bien failli connaître le même sort. Le Murcian, frigorifié, a lui aussi cédé du terrain aux favoris avant de se reprendre dans l’ascension finale. « Je viens de vivre l’une des journées les plus terribles de ma carrière, affirme Valverde. Au sommet du Port Envalira, le froid était terrible et j’ai été distancé dans la descente du col d’Ordino. Je tremblais de tout mon corps, je n’en pouvais plus. C’était une étape incroyable, inhumaine. Demain (NDLR aujourd’hui), s’il fait le même temps, j’ai peur. On risque de finir la Vuelta à cinquante… Dans la dernière montée, je me sentais mieux et j’ai pu limiter les dégâts. »
Vincenzo Nibali. Mis en difficulté sur la première vraie étape de montagne, Vincenzo Nibali (Astana) a fait beaucoup mieux hier. Cette fois, le Sicilien s’est bien accroché à la roue de Chris Horner (RadioShack-Leopard). Mieux, il lui a pris quelques secondes au jeu des bonifications au terme d’une étape qui s’est déroulée dans des conditions qui n’étaient pas sans rappeler celle du dernier Giro. « J’ai beaucoup souffert, reconnaît le Sicilien. Doucement, mais sûrement, je me retrouve et je me suis battu jusqu’à la ligne d’arrivée. J’ai franchi une étape importante pour le classement général, mais il y a quelques coureurs qui ne sont pas loin. Je suis satisfait du résultat, mais il reste des étapes très dures. Sur la Vuelta, tout peut arriver et je préfère garder les pieds sur terre. »
3 questions à… Daniele Ratto (Cannondale)
Daniele, votre longue échappée était-elle planifiée ?
Non, l’idée était d’être devant pour aider Ivan Basso dans les descentes quand les favoris seraient revenus sur nous, mais le peloton a laissé beaucoup de temps à l’échappée. Je me sentais bien depuis quelques jours. Malheureusement, j’ai appris après l’arrivée qu’Ivan Basso a abandonné. Il était vraiment maigre, je suis son opposé. Le surpoids que je transporte m’a aidé à résister au froid, mais ma victoire est une pauvre consolation. J’étais sûr qu’Ivan finirait la Vuelta sur le podium.
Quand avez-vous réalisé que vous alliez gagner ?
Je ne croyais pas trop en mes chances. Quand je me suis retrouvé seul en tête, il restait deux cols. J’ai fait la différence dans les descentes détrempées. Piloter une moto m’a appris à me servir de mon pied pour éviter la chute. Au pied de la dernière ascension, je savais que j’avais huit minutes d’avance. À ce moment-là, il était clair qu’à moins d’une énorme fringale, je pouvais gagner cette étape. J’ai eu peur quand j’ai senti un début de crampes, mais j’ai su gérer ça aussi. C’est un moment spécial pour moi que de gagner en montagne.
Quel type de coureurs êtes-vous ?
Normalement je suis un sprinteur. Les autres jours dans la Vuelta, j’ai disputé les sprints et maintenant je suis le meilleur grimpeur ! Mais ne vous inquiétez pas, je vais porter le maillot à pois une seule journée.
L’étape du jour… 15ème étape : Andorre-Peyragudes (224,9 km)
Dix ans. Dix ans qu’une étape de la Vuelta ne s’était pas terminée sur le sol français. Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le Tour d’Espagne soigne son retour sur les routes de l’Hexagone ! Cette deuxième étape dans les Pyrénées est encore plus dure que la première. Les conditions ne seront pas beaucoup meilleures aujourd’hui, elles seront peut-être même pires qu’hier. Et les difficultés vont être nombreuses. Quatre, comme hier, à la différence près que cette étape sera plus longue, beaucoup plus longue. Avec ses 224,9 kilomètres, il s’agit tout simplement du jour le plus long de cette 68ème édition. La ligne d’arrivée est tracée à Peyragudes, là où Alejandro Valverde s’était imposé sur le Tour 2012, résistant in extremis au retour de Chris Froome. Avant cela, il faudra gravir Peyresourde et le Port de Balès côté français.