Une fois, une seule fois dans l’Histoire du Tour d’Espagne, une édition s’est refermée sans qu’aucun coureur espagnol n’ait su lever les bras. C’était en 1996. L’année où tirait sa révérence un certain Miguel Indurain. Défait quelques semaines plus tôt dans le Tour de France, dont il était quintuple vainqueur sortant, le Navarrais avait tourné les talons dans l’étape qui menait aux Lacs de Covadonga. Et sans qu’on ne le sache alors, cette image serait la dernière qu’on verrait de lui en compétition.
A l’heure où un autre roi d’Espagne s’apprête à se retirer, le cyclisme espagnol semble subir le même fléau. Pas une victoire d’étape à se mettre sous la dent à l’avant-veille du défilé madrilène, même si pour la circonstance il faut avouer que le jubilé d’Alberto Contador (Trek-Segafredo) est autrement plus délectable que celui du Roi Miguel. A la veille de l’infernale escalade de l’Angliru, tout à fait susceptible de rebattre les cartes, le champion espagnol reste candidat à une place sur le podium, bien que toujours sur liste d’attente, précédé pour cela par Wilco Kelderman (Team Sunweb) et Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin), à qui il rend encore respectivement 1’17 » et 1’05 ».
Leur reprendre tout cela demain sur les rampes à la verticale de l’Angliru reste imaginable, mais Contador n’est pas homme à attendre ou à procrastiner. Et il est clair qu’on regrettera à l’avenir un tel comportement, tant les actions offensives du grimpeur de Trek-Segafredo auront contribué à élever un cyclisme qui tend à la stéréotypisation. Alberto Contador n’avait pas réussi à faire basculer la course hier sur le Collado de la Hoz, comme il avait pu le faire cinq ans plus tôt, mais il allait remettre cela aujourd’hui sur l’Alto de San Martin de Huerces (4,5 km à 7,2 %), ultime bosse à négocier à 15 kilomètres d’une étape asturienne disputée entre Caso et Gijon (149,5 km).
Brusquement, alors que le peloton espérait franchir cette ultime côte sans plus de heurt que dans les autres difficultés du jour, Alberto Contador passait à l’offensive. Et personne ne lui emboîtait le pas, la Sky choisissant même de ne pas tenir compte de cette nouvelle banderille pour garder son énergie pour la section descendante. Ainsi Alberto Contador franchissait-il le sommet avec 45 secondes d’avance déjà. Il retrouvait alors Edward Theuns (Trek-Segafredo), parti en éclaireur, pour tenter d’entretenir cet avantage. Mais en dépit d’un déploiement d’énergie phénoménal qui lui permettait au moins de s’offrir un nouveau bain de foule, l’Espagnol devait rentrer dans le rang à 2 kilomètres de l’arrivée. Et remettre ses prétentions de podium à demain.
Voire de victoire d’étape car c’est bien tout ce dont rêve maintenant l’Espagne alors que cette antépénultième étape n’a pas permis à ses coureurs de se démarquer. Puisqu’il s’agissait là probablement de la dernière opportunité pour les baroudeurs, largement récompensés dans cette Vuelta, une trentaine d’hommes intégrait de bon matin la bonne échappée, sur fond de bagarre pour les maillots distinctifs en présence du porteur du maillot à pois Davide Villella (Cannondale-Drapac) et du convoiteur du maillot vert porté par intérim Matteo Trentin (Quick-Step Floors). Mais d’attaques en attaques, la sélection venait à s’opérer là aussi sur les rampes de l’Alto de San Martin de Huerces dans les 20 derniers kilomètres.
Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), présent dans l’échappée, tentait de sauver l’honneur en s’y portant en tête avec Ivan Garcia-Cortina (Bahrain-Merida), mais les deux hommes devaient être rejoints dans la descente par d’autres rescapés de la fugue du jour. Ils allaient être neuf à en découdre au sprint à Gijon, avec le renfort de Rui Costa (UAE Team Emirates), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Floris De Tier (Team LottoNL-Jumbo), Bob Jungels (Quick-Step Floors), Daniel Navarro (Cofidis), Jarlinson Pantano (Trek-Segafredo) et Nicolas Roche (BMC Racing Team).
Un sprint en petit comité que venait régler Thomas De Gendt pour rentrer à son tour dans le cercle des vainqueurs d’étapes sur les trois Grands Tours, après ses succès, excusez du peu, au Stelvio sur le Giro 2012 et au Ventoux sur le Tour 2016.
Demain samedi, la vingtième étape reliera Corvera de Asturias à l’Alto de l’Angliru (117,5 km).
Classement 19ème étape :
1. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) en 3h35’46 »
2. Jarlinson Pantano (COL, Trek-Segafredo) m.t.
3. Ivan Garcia-Cortina (ESP, Bahrain-Merida) m.t.
4. Rui Costa (POR, UAE Team Emirates) m.t.
5. Floris De Tier (BEL, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
6. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) m.t.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Nicolas Roche (IRL, BMC Racing Team) m.t.
9. Daniel Navarro (ESP, Cofidis) m.t.
10. Koen Bouwman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 45 sec.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 75h51’51 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’37 »
3. Wilco Kelderman (PBS, Team Sunweb) à 2’17 »
4. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’29 »
5. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 3’34 »
6. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) à 5’16 »
7. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) à 6’33 »
8. Fabio Aru (ITA, Astana) m.t.
9. Wout Poels (PBS, Team Sky) à 6’47 »
10. Steven Kruiswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 10’26 »
Classement par points :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 137 pt
2. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) 125 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 118 pt
Classement de la montagne :
1. Davide Villella (ITA, Cannondale-Drapac) 67 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 47 pt
3. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 33 pt
Classement du combiné :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 7 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 12 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 18 pt
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 226h57’00 »
2. Movistar Team (ESP) à 19’09 »
3. Team Sky (GBR) à 30’22 »