Il ne se sera pas écoulé beaucoup d’étapes, dans ce Tour d’Espagne, sans que les favoris n’aient été mis à contribution. Tous les jours ou presque, les candidats au maillot rouge – et de facto son détenteur – auront été sollicités. C’est là le reflet d’un parcours inspirant et le témoignage de la force de caractère des principaux protagonistes de cette Vuelta. Et l’uppercut encaissé hier par Chris Froome (Team Sky) sur les rampes de Los Machucos est forcément de nature à prolonger le combat jusqu’à épuisement des ressources.
Avec l’agitateur Alberto Contador (Trek-Segafredo) revenu à 1’21 » du podium, soit peu ou prou ce qui séparait ce matin Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) de Chris Froome à la tête du classement général (1’16 »), l’étape cantabrique tracée entre Suances et Santo Toribio (169 km) promettait encore du mouvement. C’est sur ce terrain notamment qu’Alberto Contador, déjà, avait renversé la Vuelta il y a cinq ans, en portant son démarrage dans le Collado de la Hoz (7 km à 6 %) au programme de la journée. Tout le monde gardait ce souvenir en tête alors que les coureurs allaient progresser, dans les 65 derniers kilomètres, sur un parcours en montagnes russes.
C’était l’endroit idéal pour tendre une embuscade, et le terrain de jeu parfait pour une échappée au long cours, du type de celle qui allait voir le jour après une soixantaine de kilomètres. Vingt coureurs étaient dans le coup : Alaphilippe et Trentin (Quick-Step Floors), Chevrier et Gougeard (Ag2r La Mondiale), Maison et Roux (FDJ), Rojas et Soler (Movistar Team), Armée (Lotto-Soudal), Cort-Nielsen (Orica-Scott), De Marchi (BMC Racing Team), Konrad (Bora-Hansgrohe), Lutsenko (Astana), Mohoric (UAE Team Emirates), Pardilla (Caja Rural-Seguros RGA), Reyes (Manzana Postobon Team), Rossetto (Cofidis), Skujins (Cannondale-Drapac), Tolhoek (Team LottoNL-Jumbo) et Visconti (Bahrain-Merida). Vingt coureurs que la montée du Collado de la Hoz à 30 kilomètres du but dispersait pour ne plus garder devant que Julian Alaphilippe, Sander Armée, Alexis Gougeard, Alexey Lutsenko et Marc Soler.
De ce groupe, deux vainqueurs d’étape sur cette édition allaient très vite repartir de plus belle, Julian Alaphilippe (lauréat à Xorret de Cati) et Alexey Lutsenko (vainqueur à Alcossebre). Avec eux, Sander Armée (Lotto-Soudal) avait fort à faire, lui qui à 31 ans courait encore après un premier succès chez les pros. Mais le grand Belge – 1,89 mètre –n’allait faire aucun complexe dans la bosse d’arrivée, longue de 3,2 kilomètres à 6,4 %. Après avoir écarté Alaphilippe sur un premier démarrage, il faisait flancher Lutsenko sur une attaque franche aux 700 mètres. Concluant la course au mental, Sander Armée renonçait à remonter la fermeture Eclair de son maillot largement ouvert pour tout juste parvenir à lever un bras fatigué dans le ciel bleu de Santo Toribio de Liebana.
Une dizaine de minutes plus tard, les favoris s’expliquaient à leur tour sur les dernières pentes du jour. Cette fois, Alberto Contador n’avait pas réussi à refaire le coup de 2012 dans le Collado de la Hoz, mais il aura eu le mérite d’essayer, s’acharnant à faire péter le peloton sans parvenir à rompre la laisse virtuelle qui le reliait au train des Sky. Les coéquipiers du Maillot Rouge temporisaient alors, sans trop se soucier de Fabio Aru (Astana), qui lui avait choisi l’option d’attaquer un peu plus tôt, dans le Collado de Ozalba. Le champion d’Italie allait parcourir seul les 45 derniers kilomètres pour être finalement quasi rejoint sur la ligne d’arrivée, franchie 12 secondes avant Chris Froome.
Le Britannique, qui s’était pris au jeu de l’offensive à 500 mètres du but, était accompagné d’Alberto Contador, mais aussi de Wilco Kelderman (Team Sunweb) et d’Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin), ses principaux dauphins. Seul Vincenzo Nibali manquait à l’appel, le Sicilien n’ayant pu encaisser ce dernier coup de boutoir qui lui coûtait 21 secondes sur la ligne. Pour un retard au classement général désormais chiffé à 1’37 », ce qui en théorie reste encore rattrapable samedi sur l’Angliru.
Demain vendredi, la dix-neuvième étape reliera Caso à Gijon (149,7 km).
Classement 18ème étape :
1. Sander Armée (BEL, Lotto-Soudal) en 4h09’39 »
2. Alexey Lutsenko (KAZ, Astana) à 31 sec.
3. Giovanni Visconti (ITA, Bahrain-Merida) à 46 sec.
4. Alexis Gougeard (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’02 »
5. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) à 1’06 »
6. Alessandro De Marchi (ITA, BMC Racing Team) à 1’19 »
7. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) à 1’21 »
8. Sergio Pardilla (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.
9. Antwan Tolhoek (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 1’38 »
10. Anthony Roux (FRA, FDJ) à 1’42 »
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 72h03’50 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’37 »
3. Wilco Kelderman (PBS, Team Sunweb) à 2’17 »
4. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’29 »
5. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 3’34 »
6. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) à 5’16 »
7. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) à 6’33 »
8. Fabio Aru (ITA, Astana) m.t.
9. Wout Poels (PBS, Team Sky) à 6’47 »
10. Steven Kruiswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 10’26 »
Classement par points :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 137 pt
2. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) 121 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 118 pt
Classement de la montagne :
1. Davide Villella (ITA, Cannondale-Drapac) 54 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 47 pt
3. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 33 pt
Classement du combiné :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 6 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 12 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 18 pt
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 215h42’32 »
2. Team Sky (GBR) à 20’47 »
3. Movistar Team (ESP) à 30’35 »