Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. Cycliste averti, Julien Bahain avait décroché la médaille de bronze en quatre de couple à Pékin avec ses trois coéquipiers, avant d’obtenir deux titres européens en deux de couple.
Julien, la différence entre rameur et un cycliste, c’est que vous n’avez pas les jambes rasées…
C’est vrai, même si parfois je pense que ce serait mieux au moment du massage ! Personnellement je ne me rase pas les jambes, c’est un choix personnel. C’est l’une des différences mais il y a aussi pas mal de similitudes.
On connaît l’importance du vélo dans le cadre de votre préparation, quelle utilisation en faites-vous ?
Nous l’utilisons beaucoup pour l’échauffement, notamment. C’est là sa fonction principale chez nous. Contrairement à ce qu’on croit, on utilise beaucoup les jambes en aviron. On utilise notamment le Wattbike, qui est un super outil de travail. Nous utilisons aussi le vélo pour travailler tout simplement le foncier. Le vélo est un sport d’endurance. On réalise souvent des séances de deux heures, deux heures et demie de vélo.
Quand et où l’avez-vous utilisé pour préparer les JO ?
Nous utilisons beaucoup le vélo en guise d’entraînement complémentaire. Quand on ne fait pas de spécifique, on fait une ou deux sorties par semaine. Pour couper aussi. Se changer les idées. Même si c’est un sport individuel, quelque part on le pratique aussi par équipe. On roule souvent en peloton. C’est un bon moyen pour créer une cohésion d’équipe. On monte un col, on se tire un peu la bourre, c’est hyper sympa.
Vous aviez connu une mauvaise expérience à vélo dans le cadre de votre préparation des Jeux de Pékin en 2008…
Oui. Trois semaines avant ma finale olympique, j’avais été renversé par une voiture qui m’a salement amoché. J’ai couru les Jeux avec une main en sale état. J’en ai encore des séquelles. On fait beaucoup de vélo mais on en accepte aussi les risques.
Y a-t-il des cols qui vous ont marqué ?
On a fait un stage du côté de Tignes. Nous avons gravi le Petit Saint-Bernard et l’Iseran, de beaux cols. Toute la montée, quand vous venez de Bourg-Saint-Maurice pour aller vers l’Iseran, c’est long ! Le Cormet de Roselend, avec le lac derrière, est aussi magnifique. On ne les grimpe pas aussi vite que les coureurs mais on les grimpe !
L’aviron comme le cyclisme permettent de progresser dans de splendides paysages naturels…
On voit le paysage autrement à vélo. A l’aviron, on est hyper sensibles à la nature. Quand on est à 6h30 sur l’eau, qu’on voit ce monde qui s’éveille, ou le soir quand il se couche. Je suis toujours étonné de la façon dont on peut voir le monde quand on est sur l’eau. Sur le vélo c’est pareil. Coupler les deux permet de vivre des expériences uniques.
Au moment où vous prépariez les Jeux, avez-vous eu un œil sur le déroulement du Tour de France ?
On s’entraînait le matin de 8h00 à 11h00, ensuite on allait manger puis on allait à la sieste pour récupérer. Quand on se réveillait à 15h00, on se retrouvait tous dans notre salle commune, autour d’un goûter et de la télé, dans laquelle tournait le Tour de France. Juste avant de retourner s’entraîner à 17h30, on regardait l’arrivée. On l’a donc bien suivi, on a vu toutes les étapes. Pour moi, le Tour de France est synonyme de préparation finale pour les Jeux Olympiques ou les Championnats du Monde.
Vous avez rencontré Jean-Christophe Péraud, dans quelles circonstances ?
Jean-Christophe a été vice-champion olympique à Pékin. Nous, nous avons été médaillés de bronze. Nous nous sommes rencontrés au moment de divers regroupements qui ont suivi. C’est toujours intéressant d’échanger avec d’autres athlètes pour voir ce qu’on peut s’apporter les uns les autres.
Jean-Christophe Péraud va enchaîner Tour de France et Jeux Olympiques à VTT. En termes de défi, à quoi compareriez-vous cela à l’échelle de l’aviron ?
Dans notre discipline, certains ont des championnats continentaux ou des championnats nationaux dans la foulée des compétitions olympiques. Ça m’impressionne beaucoup parce que, après des événements aussi énormes qui demandent un investissement très important, réussir à se remotiver pour donner le meilleur de soi-même, c’est impressionnant. En aviron, les Jeux sont au centre de notre préparation, ce n’est pas comparable.
Propos recueillis à Londres le 3 août 2012.