Pendant les Jeux Olympiques de Londres, Vélo 101 part à la rencontre d’athlètes olympiques ou d’anciens champions pour découvrir leur attachement pour le cyclisme. Champion de ski acrobatique, Edgar Grospiron reste le spécialiste du ski de bosses, dont il a été champion olympique à Albertville en 1992 et trois fois champion du monde. Aujourd’hui, c’est sur les bosses du BMX qu’il portera son attention en tant qu’ancien pratiquant.
Edgar, avez-vous projeté d’aller voir des épreuves cyclistes durant les Jeux Olympiques ?
Je suis allé au triathlon mardi matin. Il y avait du vélo pour un tiers de la discipline ! Et j’ai trouvé ça carrément génial. Ça se passait à Hyde Park, où les Anglais sont venus en masse. On se serait cru en 1969 quand les Rolling Stones y avaient fait leur concert. C’était une très belle épreuve. Malheureusement les Français se sont arrêtés au pied du podium, mais avec deux Britanniques en tête, ça criait de partout. C’était une ambiance bon enfant, et c’est ce que j’aime aux Jeux. Cette atmosphère particulière, extrêmement conviviale, où il ne s’agit pas d’un camp contre l’autre mais d’une nation hôte chaleureuse et de pays du monde entier qui viennent y faire une grande fête. Ça prouve que le sport est universel.
Il y a eu des débats concernant des sièges vides dans les stades. Ce qui est sûr, c’est que les épreuves populaires ouvertes à tous ont fait le plein !
L’organisation des Jeux ne sera jamais parfaite. Il y aura toujours des petits détails à régler à droite et à gauche. Mais quand on a un peuple féru de sport comme les Anglais, on peut compter sur eux, surtout quand les épreuves sont ouvertes au grand public. C’est populaire, ça draine du monde, et ça rattrape les petits couacs.
Avez-vous un regard sur les épreuves cyclistes ?
J’attends avec impatience les finales du BMX. J’en ai fait quand j’étais gamin. J’ai toujours aimé ça, je suis ravi qu’il soit aux Jeux, et je sais que nous avons des chances de médailles. Ça va être, j’espère, un grand moment. Après, sur la route, quand on est Français et qu’on a le Tour de France, on n’est jamais insensible à ce sport magnifique, mais à Londres j’ai trouvé ça trop plat pour moi qui vient des Alpes. J’ai suivi la piste aussi. Malheureusement Grégory Baugé n’a pas obtenu le métal qu’il souhaitait. Je suis triste pour lui. J’espère simplement que ses regrets se transformeront en satisfaction parce que même si ça ne passe pas loin, il faut souligner tout le travail réalisé. Pour en arriver là, il faut être un sacré champion.
Avez-vous déjà vécu une situation similaire ?
Les Jeux Olympiques, on n’a pas beaucoup l’occasion de les disputer dans sa carrière. Parfois, c’est une pièce qu’on lance, et elle ne tombe pas du bon côté. Là, c’est frustrant. Moi ça m’est arrivé d’obtenir une médaille de bronze alors que je visais l’or. Ça fait mal. Pendant deux mois, quatre mois, six mois, on ne dort pas ou mal. On se réveille avec ça en tête régulièrement. C’est très pénible. Mais le temps passe, fait son œuvre, et puis ne restent que les bons moments.
Verriez-vous Grégory Baugé continuer sa carrière dans un autre sport que le cyclisme, genre l’athlétisme ?
Je le lui souhaite et je l’encouragerais à le faire car s’il y pense c’est qu’il a la foi pour le faire. Je n’aurais qu’un mot : demande-toi si tu n’auras pas des regrets dans dix ans si tu ne le fais pas ? Dans la vie, ce n’est pas la peine d’avoir des regrets. Il faut tenter. On ne reprochera jamais à personne d’avoir essayé, de s’être donné au maximum, même si le résultat n’y est pas à la fin. L’essentiel c’est l’aventure. S’il pense avoir des chances, il ne faut pas qu’il hésite.
Vous êtes issu des bosses, une discipline proche du BMX ?
Les bosses du BMX et celles du ski, la confrontation à l’autre, le sprint dans un effort rapide, des manches qui se répètent, on est vraiment sur les mêmes principes. On a des sportifs qui sont là pour battre un chrono, d’autres qui aiment se confronter les uns par rapport aux autres. Et si on pousse un peu plus loin, il y a l’esprit freestyle, avec des rampes et des prestations notées par des juges. Ce sont d’autres approches du sport, mais qu’elles soient pure performance ou pur style, elles méritent d’exister. Elles correspondent à des états d’esprits que les jeunes possèdent notamment.
La descente, en VTT, n’est pas encore discipline olympique. La verriez-vous intégrer les Jeux d’hiver ?
Pour ça, il faudrait qu’un circuit hivernal se mette en place avec des Coupes du Monde sur neige et qu’une cinquantaine de pays pratique cette discipline. Il faudrait ainsi que la descente devienne un sport reconnu avec des licenciés chez les hommes et chez les femmes. Alors, il ne resterait plus qu’à l’UCI de présenter cette discipline au CIO pour intégrer les Jeux Olympiques d’hiver. C’est tout un processus qui pourrait effectivement voir le jour. Mais il faut savoir que les Jeux d’hiver n’englobent que des sports de neige et de glace. Ça doit se pratiquer sur un support neigeux. Mais à partir du moment où on y est, pourquoi pas.
Aujourd’hui, quel est votre degré de vélo en termes de pratique ?
Je fais plutôt du VTT. Je pratique de temps en temps. Je n’ai en revanche jamais eu de vélo de route et je n’en ai toujours pas. Mais je réfléchis sérieusement à en acheter un. C’est tellement beau, les Alpes !
Propos recueillis à Londres le 7 août 2012.