La gentry londonienne s’était déplacée en masse hier aux abords de Buckingham Palace pour assister au sacre présumé de Mark Cavendish. Mais de médaille d’or il n’y en a pas eue, pas plus qu’il n’y a eu de médaille tout court dans le camp britannique, toutes disciplines confondues, au cours de la première des seize journées de compétition des Jeux Olympiques. Comme pour donner un coup de pouce à ses athlètes, le ciel anglais s’est donc mis aujourd’hui aux couleurs auxquelles on l’associe le plus, le gris, lequel éclipsera le temps de la course des filles le ciel bleu qui jusqu’alors surplombait les rues de Londres. Ce seront 140 kilomètres pluvieux par-delà les routes délavées du comté de Surrey, puisque la course en ligne des JO s’engage au sud du Grand Londres pour une longue boucle marquée par deux ascensions de Box Hill.
Moins sélectif, le parcours des filles ? Peut-être, mais avec la pluie qui va tomber presque sans relâche sur la soixantaine de concurrentes et des niveaux qui demeurent encore très disparates dans les épreuves féminines de haut niveau, il est écrit que les meilleures seront devant dans cette course inscrite au programme olympique depuis 1984 et qui se dispute pour la toute première fois… sans Jeannie Longo. Tant mieux pour le renouveau de la catégorie, incarné par nos Françaises Pauline Ferrand-Prévot, Aude Biannic et Audrey Cordon et représenté au plus haut niveau par Marianne Vos. A 25 ans, elle a déjà tout gagné. Un titre olympique en course aux points à Pékin, un titre mondial en 2006 (suivi de cinq médailles d’argent !), cinq titres mondiaux en cyclo-cross, un autre en scratch, trois Coupes du Monde… Ne lui manque que le titre olympique sur route, qu’elle est fermement décidée à aller chercher face aux Britanniques.
Les Britanniques, ce sont les outsiders de la course olympique. Nicole Cooke est la tenante du titre, et la délégation peut également s’appuyer sur Elizabeth Armistead et Emma Pooley. De quoi offrir une belle revanche au cyclisme anglais et au sport britannique après la cuisante déculottée des garçons. Tactiquement, ces filles-là n’ont pas à courir comme l’ont fait hier Cavendish & Co. Ça promet une belle lutte. La sortie de Londres sous des trombes d’eau négociée prudemment, la course s’enflamme à l’approche de Box Hill, la principale difficulté, que les filles devront gravir à deux reprises. Ce sont les Néerlandaises qui, à tour de rôle, mettent la pression sur les autres filles. Si les attaques isolées ne débouchent sur aucune échappée, elles égrènent un groupe trempé jusqu’à la moelle avant la seconde escalade de Box Hill.
Là, c’est Marianne Vos en personne qui démarre. A 50 kilomètres de l’arrivée, la favorite lance un véritable sprint en côte auquel répond aussi sec Elizabeth Armistead. Les deux filles s’annoncent déjà parmi les meilleures mais le peloton revient une première fois. Quand la Russe Olga Zabelinskaya relance au moment de rentrer sur Londres, à 45 kilomètres du but, ce sont encore ces deux-là qui réagissent, flanquées momentanément de l’Américaine Shelley Olds. Les quatre filles projetées aux avant-postes au moment où la pluie redouble d’intensité se relaient aussitôt. Il n’y a pas de nation suffisamment conséquente dans le peloton pour organiser une poursuite. Armistead, Vos et Zabelinskaya le savent. Quand elles lâchent à la pédale la moins fringante du groupe, Shelley Olds, elles saisissent instantanément qu’une médaille olympique leur est promise à chacune d’elles. Reste à savoir quel métal leur sera attribué sur le Mall.
Des médailles, Marianne Vos en a plein les murs de sa maison. Et des médailles d’argent, elle en a plein… le dos. 2ème des Championnats du Monde cinq fois de suite, la Hollandaise n’en peut plus de passer à côté d’un titre. Cette fois, pas question pour elle de sécher. Le trio roule trop vite pour qu’Elizabeth Armistead ou Olga Zabelinskaya ne tente un effet de surprise. C’est bien au sprint que les trois en finiront. Et quand Marianne Vos déboîte de la roue de Zabelinskaya, Armistead essaie de la remonter. Mais si la Grande-Bretagne est en route vers sa première médaille olympique, elle ne sera de toute évidence pas d’or, le métal qui attend l’incroyable Marianne Vos ! Côté Français, deux filles entrent dans le Top 10. Au sprint, Pauline Ferrand-Prévot et Aude Biannic se classent 8ème et 10ème dans un peloton réglé par l’Allemande Ina Teutenberg.
Classement :
1. Marianne Vos (Pays-Bas) les 140 km en 3h35’29 »
2. Elizabeth Armitstead (Grande-Bretagne) m.t.
3. Olga Zabelinskaya (Russie) à 2 sec.
4. Ina Teutenberg (Allemagne) à 27 sec.
5. Giorgia Bronzini (Italie) m.t.
6. Emma Johansson (Suède) m.t.
7. Shelley Olds (Etats-Unis) m.t.
8. Pauline Ferrand-Prévot (France) m.t.
9. Liesbet De Vocht (Belgique) m.t.
10. Aude Biannic (France) m.t.