Les deux étapes montagneuses dans les Apennins ce week-end n’ont livré aucun enseignement susceptible d’établir un rapport de forces entre ceux qui s’étaient déclarés candidats au maillot rose voici plus d’une semaine au Danemark. Pour ça, ils nous ont fait de belles promesses, tous autant qu’ils sont, mais pour l’heure elles demandent encore à être exaucées sur le terrain. En dépit d’un coup d’accélérateur donné par Michele Scarponi (Lampre-ISD) samedi à Rocca di Cambio et, bien plus impressionnant, d’un démarrage explosif de Domenico Pozzovivo (Colnago-CSF Bardiani), dont on reparlera forcément, dimanche à Lago Laceno, on n’a pas vu grand-chose de la part des favoris. Et nous ne devrions finalement pas être beaucoup plus avancés avant le rapide passage par les Alpes samedi et l’entrée dans les Dolomites dimanche.
Aujourd’hui, retour au calme, si l’on veut. On veut dire par là qu’il ne s’agit plus pour les favoris de se découvrir. La neuvième étape s’élance de San Giorgio nel Sannio, en Campanie, pour rejoindre Frosinone (166 km), dans le Latium. Cette fois on remonte la botte italienne dans l’autre sens. Ce Tour d’Italie, pour l’heure, c’est un peu Adriatico-Tirreno, une variante de la course des deux mers mais à l’envers ! Etape calme en perspective, donc, mais si l’organisateur du Giro aime tromper son monde en ne prenant pas tous les cols et côtes en compte pour son classement de la montagne, il n’a pas échappé aux plus fins observateurs que le profil du final dessine un petit monticule. En fait, il s’agit d’une courte bosse placée 4,5 kilomètres avant l’arrivée et suivie d’une brève descente. Les sprinteurs qui visent un nouveau déboulé après avoir rongé leur frein ces trois derniers jours sont prévenus du danger. De celui-là seulement…
L’équipe Lotto-Belisol est venue sur ce Giro sans sprinteurs et sans grimpeurs. Alors c’est sur ses baroudeurs qu’elle mise exclusivement, et une fois de plus ils assurent aux premières loges de la course. Cette fois c’est le Néerlandais Brian Bulgac (Lotto-Belisol) qui s’aventure en tête, avec le Français Pierre Cazaux (Euskaltel-Euskadi) et le Hollandais Martijn Keizer (Vacansoleil-DCM). Ces trois-là parviennent à sortir d’un peloton qui ne lézarde guère dans la première heure de course, parcourant pas moins de 47,8 kilomètres. Ils ne recevront néanmoins jamais l’assurance de pouvoir aller au bout, leur avance étant contenue à trois minutes et demie avant que le peloton ne se rapproche brusquement dans les derniers kilomètres. Martijn Keizer prend peur. Il s’isole à 30 kilomètres du but mais sera ravalé une douzaine de kilomètres plus loin.
Joaquim Rodriguez s’emballe et tente d’aller chercher le maillot rose.
Les équipes de sprinteurs entrent en scène, et avec eux les meilleurs finisseurs du moment. Etrangement, Mark Cavendish (Team Sky) se met en chauffe à 30 kilomètres du but, participant à un sprint intermédiaire pour tâcher de gagner quelques points au classement par points, où le précède pour l’heure Matthew Goss (Orica-GreenEdge). Une action qui trahit la volonté du Britannique d’aller certainement plus loin qu’on ne le dit dans ce Giro, jusqu’à Milan, car on ne voit pas pourquoi le champion du monde se fatiguerait à courir derrière le maillot rouge si ce n’était que pour le fun. En attendant, c’est sur la ligne d’arrivée qu’on attend un vrai duel entre Cavendish et Goss, capables de se maintenir dans le peloton au moment où s’élève légèrement la route jusqu’à 4,5 kilomètres de l’arrivée. C’en est assez pour les sprinteurs les moins aguerris. Cavendish et Goss, eux, s’accrochent et s’apprêtent à en découdre roue dans roue.
La montée placée tout près de la ligne blanche de Frosinone aurait pu offrir un autre scénario à ce final. Joaquim Rodriguez (Team Katusha) est cité parmi les favoris du Giro, mais sa 2ème place à 9 secondes seulement du maillot rose le démange. Le Catalan ne peut plus se retenir, il doit agir. C’est dans son caractère, malheureusement ce type d’entreprise lui a souvent coûté des forces inutilement gaspillées. Lorsque se forme un quatuor auquel il appartient à 7 kilomètres de l’arrivée, Joaquim Rodriguez s’emballe. Il n’entend pas en rester là, se dresse sur ses pédales, mains en bas du guidon, et accélère. Tout le monde lâche sa roue mais le peloton a déjà réagi et l’Espagnol est repris avant que le peloton ne bascule dans la courte descente. Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda) restera en rose, n’en déplaise à l’Espagnol un peu trop pressé.
Au bas de la descente, les sprinteurs se replacent. Matthew Goss est idéalement placé, Mark Cavendish un peu plus en retrait. Les deux hommes ont passé la difficulté sans souci, mais ils ont oublié de noter une large courbe à gauche à 300 mètres de l’arrivée. Accroché, Matthew Goss fait un véritable plongeon, et c’est à nouveau le jeu de quilles ! Mark Cavendish tente une percée le long des barrières, à l’extérieur du virage, mais il est rattrapé par une vague de vélos couchés et de jambes en l’air et s’en va lui aussi jouer à saute-moutons par-dessus son cintre. Francisco-José Ventoso (Movistar Team) a vu toute l’action se dérouler sous ses yeux mais est parvenu à se faufiler entre les débris. Déjà lauréat d’une étape du Giro l’an passé, il remonte ses adversaires dans les derniers mètres pour s’imposer devant Fabio Felline (Androni Giocattoli) et Giacomo Nizzolo (RadioShack-Nissan). Pas tout à fait ceux qu’on attendait en premier.
Demain mardi, une rude arrivée en côte marquera la dixième étape entre Civitavecchia et Assisi (186 km).
Classement 9ème étape :
1. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) les 166 km en 3h39’15 » (45,4 km/h)
2. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
3. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Nissan) m.t.
4. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
5. Daniel Schorn (AUT, Team NetApp) m.t.
6. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
7. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) m.t.
8. Matthias Brandle (AUT, Team NetApp) m.t.
9. Manuel Belletti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) m.t.
Classement général :
1. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) en 36h02’40 »
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 9 sec.
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 15 sec.
4. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 35 sec.
5. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 40 sec.
7. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 45 sec.
8. Dario Cataldo (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 46 sec.
9. Frank Schleck (LUX, RadioShack-Nissan) à 48 sec.
10. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 52 sec.
Classement par points :
1. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 65 pt
2. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 61 pt
3. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 36 pt
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 35 pt
5. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 32 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 30 pt
7. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 29 pt
-. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) 29 pt
-. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 29 pt
10. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 26 pt
Classement de la montagne :
1. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 16 pt
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 9 pt
-. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 9 pt
5. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) 7 pt
6. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 6 pt
7. Fumiyuki Beppu (Orica-GreenEdge) 5 pt
-. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 5 pt
-. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 5 pt
10. Frank Schleck (LUX, RadioShack-Nissan) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) en 36h03’25 »
2. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 8 sec.
3. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 25 sec.
4. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 38 sec.
5. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 1’41 »
6. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 1’56 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 2’38 »
8. Jon Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 4’58 »
9. Tanel Kangert (EST, Astana) à 8’15 »
10. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 9’17 »
Classement par équipes :
1. Liquigas-Cannondale (ITA) en 106h54’44 »
2. Astana (KAZ) à 27 sec.
3. Garmin-Barracuda (USA) à 45 sec.
4. Lampre-ISD (ITA) à 1’25 »
5. Movistar Team (ESP) à 1’30 »
6. BMC Racing Team (USA) à 2’01 »
7. RadioShack-Nissan (LUX) à 2’02 »
8. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 2’55 »
9. Vacansoleil-DCM (PBS) à 4’05 »
10. Rabobank (PBS) à 4’18 »